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une ame inaccessible à la colère, aux vains desirs, capable enfin de préférer les nombreux travaux d'Her cule et ses persécutions, aux voluptés et à la mollesse de Sardanapale. Voilà ce que vous pouvez vous procurer à vous-même. On ne parvient, n'en doutez pas, au calme du bonheur que par le sentier de la vertu (103). Que peut la Fortune, si nous sommes prudents (104)?O Fortune! c'est nous qui t'avons déifiée, qui t'avons placée dans le ciel.

(1)

NOTES

SUR LA SATIRE X.

ARGUMENT. Juvénal fait sentir la folie de la plûpart de

nos vœux. Après avoir examiné ceux qui ont pour objet les richesses, les honneurs, le pouvoir, l'éloquence, la gloire, la vieillesse et la beauté, il finit par indiquer les vœux que nous pouvons raisonnablement adresser au ciel.

Cette satire a toujours été regardée comme le chef-d'œuvre de Juvénal. Cependant, qu'offre-t-elle au premier coupd'œil? une vérité sur laquelle les hommes dans tous les temps ont été d'accord; car on n'a jamais douté que les vœux des mortels ambitieux n'appelassent le plus souvent le malheur sur leurs têtes imprudentes; tant il est vrai que ce ne sont pas les sujets les plus recherchés qui l'emportent! En général, le sentiment et la manière de traiter décident du succès.

O le puissant levier que le sentiment! Heureux l'écrivain qui sait, comme Juvénel, s'en servir au gré de son ame enflammée par la vertu ! Tous les sujets lui seront égaux, parcequ'il saura les rajeunir ou les féconder, parcequ'il les enrichira du fruit de ses veilles et de ses profondes méditations; leur donnera, selon les occurences de nouveaux aspects, des relations nouvelles; mais sur-tout parcequ'il y imprimera fortement le sceau durable de son caractère individuel.

Dans la fameuse satire du Turbot (satire iv), la plus grande partie du succès de notre poète vient de l'art : il n'appartient ici qu'à la nature des choses fidèlement représentées; qu'à la raison secondée de toutes les ressources de l'éloquence, de l'imagination, et d'un fonds immense d'é

rudition la mieux choisie. Ce qu'il y a peut-être de plus remarquable dans l'exécution de cet ouvrage, consacré par l'estime publique, c'est d'en avoir soutenu l'intérêt jusqu'à la fin; et cela, en détruisant nos plus chères illusions, en nous montrant le néant de tout ce que les hommes, séduits par de vaines apparences, ont, de générations en générations, constamment préféré à la sorte de bonheur dont nous sommes susceptibles.

Comment se fait-il que le genre humain, qui aime tant qu'on le flatte, ne cesse de courir après ceux qui le gourmandent et le châtient? et pourquoi les principes les plus austères ne manquent-ils jamais d'approbateurs? C'est qu'il est de notre essence, sans desirer peut-être de devenir meilleurs, de chercher la vérité jusqu'au dernier soupir; et cet attrait irrésistible est le plus beau triomphe de l'auguste vérité.

(2) Que la baleine de l'Océan britannique surpasse le dauphin en grosseur, etc. v. 14.] Voilà une comparaison bien recherchée : il paroît cependant que Juvénal a voulu imiter ces deux vers de Virgile, églogue 1;

Verum hæc tantum alias inter caput extulit urbes,
Quantum lenta solent inter viburna cupressi.

mais quelle différence!

(3) Du trop riche Sénèque, etc. v. 16.] Juvénal, satire v, vers 109, dit que Sénèque étoit bienfaisant, et qu'il secouroit ses amis malheureux. Il en parle encore d'une manière hono¬ rable, satire vIII, v. 212. Mais ici je crois qu'il a voulu lui reprocher en passant ces immenses richesses, dont l'acquisition suppose des soins et un caractère peu compatibles avec les vrais principes de la philosophie. Au reste, il fut accusé par Festus Rufus et par Tigellinus: Tanquam ingentes et ultra privatum modum evectas opes adhuc augeret, quod

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que studia civium in se verteret, hortorum quoque amœnitate, et villarum magnificentia, quasi principem supergrederetur. Tacit. Annal. lib. xiv.

(4) Que mes richesses et mon opulence, etc. v. 24.] Il y a quelque différence entre divitiæ et opes. Jupiter, dans Plaute, n'est pas appelé dives, mais opulentus, et cela parcequ'il peut

tout.

(5) Dans le Forum, etc. v. 25.] La plûpart des endroits appelés Forum étoient des marchés distingués par les noms des villes, ou par les noms de ceux qui les avoient fondés. Trajan fit bâtir un Forum qui portoit son nom : les sénateurs et les citoyens opulents y portoient leurs coffres-forts, comme dans un lieu de sûreté; et ce lieu même s'appeloit Opes.

(6) Le vin de Sétines, etc. v. 27.] Pline (lib. xxxiv, cap. 6) dit qu'Auguste et ses successeurs préféroient ce vin à tous les autres vins d'Italie, et que le Falerne n'avoit que le second rang. Voyez satire v, v. 33.

(7) N'approuvez-vous pas maintenant ces deux philosophes, dont l'un ne pouvoit sans rire envisager les hommes, tandis que l'autre pleuroit à leur aspect? v. . 28.] << Il faut, dit Sénèque, s'accoutumer à ne pas voir en noir, mais en ridicule, les vices de la multitude. Il vaut mieux imiter Dér mocrite qu'Héraclite : l'un rioit, l'autre pleuroit toutes les fois qu'ils paroissoient en public. Toutes nos actions sembloient tragiques à l'un, et comiques à l'autre. Ne voyons que la moitié des vices, et supportons-les avec indulgence. Il y a plus d'humanité à se moquer des hommes qu'à en gémir ajoutez qu'on leur est aussi plus utile. Celui qui rit laisse au moins quelque espérance; mais, en supposant même qu'on désespère, il y a de la folie à pleurer. A tout prendre, j'aime mieux l'homme qui ne peut s'empêcher de vire, que celui qui ne peut retenir ses larmes. Le premier n'est affecté

que légèrement ; il ne voit dans tout cet appareil de la vie humaine rien d'important, rien de grand, ni même de sérieux. » (De Tranquil. Anim. cap. xv.)

(8) Ni prétextes, ni trabées, etc. v. 35.] La prétexte, dit Varron, étoit une espèce de tunique blanche, bordée de pourpre Prætexta toga est alba, purpureo limbo. Les enfants des patriciens ne la prenoient qu'à un certain âge : sans elle ils ne pouvoient être admis ni dans les assemblées publiques ni dans le sénat. Les magistrats la portoient dans les solennités : le préteur ne la quittoit que lorsqu'il falloit condamner quelqu'un. Voyez sur la Trabée, satire vIII, note 57, tome 11, page 173.

(9) Revêtu de la tunique de Jupiter, etc. v. 38.] Cette tunique que l'on appeloit encore prætexta, toga palmata, ou toga picta, ne servit d'abord qu'aux triomphateurs; mais ensuite elle fut portée par les consuls et les préteurs. Lampride dit, dans la vie d'Alexandre Sévère: Prætextum et pictam togam, nunquam nisi consul accepit, et eam quidem, quam de Jovis templo sumtam alü quoque accipiebant, aut prætores aut consules.

(10) Et de crainte que le consul ne s'énorgueillisse, etc. v. 41.] Juvénal appelle consul celui qu'il vient de nommer préteur : c'est qu'insensiblement, dit Asconius Pédianus, l'un et l'autre nom fut donné quelquefois à ces deux magistratures. Dans les premiers temps de la république, les consuls suffisoient pour commander les armées et pour rendre la justice. Mais, lorsque les Romains eurent plus d'ennemis à combattre, on créa deux préteurs pour servir comme d'adjoints et de collègues aux consuls : le nombre en fut porté jusqu'à huit. On les élisoit dans une assemblée par centuries comme les consuls, et les mêmes auspices servoient pour les deux élections. ( Aulu-Gell. lib. xIII, cap. 15.)

(11) Et nos citoyens en robes blanches, etc. v. 45.] Plu

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