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ineffaçable caractère : donc vous n'êtes pas la véritable Eglise.

Enfin la véritable Eglise est apostolique, et loin de pouvoir remonter jusqu'aux apôtres par une succession non interrompue de pasteurs qui aient enseigné la même foi dans tous les temps; de votre aveu, vous ne succédez à personne, vous ne pouvez pas nommer, durant quinze siècles, nous ne disons pas un seul pasteur, mais un seul homme, quel qu'il fût, qui ait eu la même Religion que vous: donc, encore une fois, vous n'êtes pas la véritable Eglise.

L'ignorance et la sottise ne s'effraient d'aucune objection; elles parlent et croient répondre. Mais il y avoit parmi les théologiens réformés des hommes vraiment habiles et d'une grande pénétration. Ceux-ci comprirent bientôt qu'il falloit nécessairement, ou renoncer à défendre la Réforme, ou changer toutes les idées que les chrétiens jusqu'alors avoient eues de l'Eglise.

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Mestrezat (1) et Jacques I (2) ébauchèrent le nouveau système. Claude, après eux, saya de le soutenir, en désespoir de cause, pour affermir ses frères chancelans. Il les entretint d'un corps de chrétiens divisé en "plusieurs communions particulières, à qui ⚫ l'on peut encore, en quelque manière, don

(1) Traité de l'Eglise, p. 186 et 371.

Vid. Béplique au cardinal du Perron, C. LX.

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» ner le nom d'Eglise, parce que tous les chré, » tiens sont encore, à quelque égard, dans » l'enceinte générale de la vocation de l'Evangile (1). Il semble que la conscience du ministre retenoit sa plume à chaque mot. Il ne parle qu'en tremblant, en hésitant; à quelque égard, dit-il, en quelque manière : comme s'il existoit un milieu, comme si Jésus-Christ ayant établi une Eglise seule véritable, toute autre société pouvoit être, en quelque manière, à quelque égard, cette Eglise établie par JésusChrist!

Plus hardiment absurde, mais aussi plus conséquent, Jurieu, tour à tour sophiste et prophète,controversiste impétueux, et la terreur de son propre parti, où l'on redoutoit l'âpreté de son caractère et la violence de ses emportemens, Jurieu se chargea de développer sans détour le système qu'on n'avoit encore proposé qu'avec réserve.

Il maintint donc que la vraie Eglise, loin de former une société distincte et séparée de toutes les autres, se compose au contraire de la réunion de toutes les sectes chrétiennes faisant profession de croire certaines vérités qu'il appelle fondamentales. « Nous voulons, dit-il, » que l'Eglise catholique et universelle soit répandue dans toutes les sectes, et qu'elle ait » de vrais membres dans toutes celles de ces

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(1) Défense de la Reforme, p. 200.

» sociétés qui n'ont pas renversé le fondement » de la Religion chrétienne, fussent-elles en » désunion les unes d'avec les autres, jusqu'à » s'excommunier mutuellement (1).

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Ce n'étoit pas une légère nécessité qui forçoit la Réforme à se précipiter dans cette doctrine. Elle étoit réduite à ne pouvoir prétendre faire partie de la véritable Eglise, de l'Eglise établie par Jésus-Christ, qu'en y introduisant avec elle toutes les erreurs, et en anéantissant le Christianisme. Du reste, la vraie Religion ne consistant, selon cette étrange hypothèse, qu'en un petit nombre de dogmes communs à la plupart des sectes, et par une conséquence immédiate, ces sectes ne formant qu'un seul corps ou une seule Eglise, les objections des catholiques s'évanouissoient d'elles-mêmes.

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Vous soutenez que la véritable Eglise est. une; et nous aussi, disoient les Réformés ; mais cette unité résulte de la croyance des mêmes vérités fondamentales: Tout ce qu'on croit au delà étant matière d'opinion et non matière de foi (2), ne rompt pas l'unité nécessaire.

Vous soutenez que la véritable Eglise a toujours été visible; et nous aussi ; « Il est vrai qu'il » y a toujours dans le monde une Eglise visible; ⚫ mais il est faux que cette Eglise soit une cer»taine communion distincte de toutes les au

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(1) Le vrai Système de l'Eglise, p. 79.

2) La Religion des protestans, une voie sûre au salut chap. vi, 56.

» tres communions. L'Eglise est demeurée vi»sible durant tous les siècles dans les.com» munion's qui, malgré leur séparation et les » anathèmes qu'elles ont mutuellement pro» noncés les unes contre les autres, ont tou»jours conservé les vérités principales (1). »

Vous soutenez que la véritable Eglise est universelle; et nous aussi : ce caractère, nous nous plaisons à l'avouer, lui est essentiel (2). Mais quelle plus complète universalité que celle qui n'a d'autres bornes que l'étendue non pas d'une seule communion, mais de toutes les communions qui, dans tous les temps, ont conservé les vérités principales ?

Vous soutenez que la véritable Eglise est apostolique; et nous aussi; car (*) c'est une conséquence évidente de sa perpétuelle visibilité. Mais remarquez qu'aujourd'hui nous ne vous accusons de rejeter aucune vérité fonda

1) Le vrai Système de l'Eglise, p. 226.

(2) Accomplissement des Prophéties, par Jurieu, p. 82. (*) « Il faut, dit-on, recevoir le ministère des mains » de cette Eglise, hors laquelle le Saint-Esprit ne se » donne pas. Je l'avoue. Mais cette Eglise, qui donne » le droit d'exercer le ministère, n'est ni l'Eglise ro» maine, ni la grecque, ni la protestante, c'est l'Eglise » universelle qui ne donne pas ce droit par elle-même; » elle le donne par les diverses sociétés chrétiennes qui » vivent sous diverses confédérations, et lesquelles ont >> chacune chez elle le pouvoir d'établir le ministère » pour l'édification de leurs peuples. » Le vrai Système de l'Eglise.

mentale ; vous êtes donc membres de l'Eglise; membres infirmes, il est vrai, mais enfin membres vivans; et, à défaut d'autre succession constante, vous nous en fournissez une dont vous ne nierez pas apparemment la légitimité.

On ne sauroit disconvenir que ces conséquences ne se déduisent clairement du système de Jurieu. Mais je montrerai, dans le chapitre suivant, que ce système est insoutenable, et que la doctrine des points fondamentaux est une doctrine destructive de toute Religion et de toute raison.

Considérez cependant l'espace immense qu'avoient déjà parcouru les réformateurs à l'époque où nous sommes arrivés. La pensée ne le mesure qu'en tremblant. Que la marche rapide de l'erreur est effrayante! Luther, choqué de quelques abus réels, au lieu d'y reconnoître l'inévitable effet des passions humaines, s'en prend à la doctrine même. Il attaque un point en apparence peu important de la foi catholique; foible esprit, qui n'apercevoit pas la liaison rigoureuse des vérités du Christianisme! Il n'a pas plus tôt détaché un anneau de cette chaîne,que la chaîne entière lui échappe. Une erreur appelle une autre erreur. Ce n'est plus seulement quelques dogmes isolés qu'il conteste, il ébranle d'un seul coup le fondement de tous les dogmes. La tradition l'embarrasse, il rejette la tradition; l'Eglise proscrit ses maximes, il nie l'autorité de l'E

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