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CHAPITRE XXXIX

LES NEUVIÈME ET DIXIÈME SIÈCLES (Suite)

SOMMAIRE. - I. Saint Léon III. Sa correspondance avec Kénulfe, roi des Merciens. Sa justification devant un Concile, déclaration des Évêques. - II. Grégoire IV. Sa lettre aux Évêques de la Gaule, de la Germanie et des autres contrées de l'Europe. Saint Léon IV. — III. Saint Théodore Studite. Ses lettres au Pape saint Pascal, à Naucrate, à Léon le Sacellaire. Affirmations qu'elles renferment sur la primauté apostolique. — IV. L'Église des Gaules partage la même doctrine. Æneas de Paris, Ratramn de Corbeil, Réginon de Prum, Raban-Maur.V. Hincmar de Reims et les Prédestinatiens. Son sentiment sur la puissance doctrinale du Pontife romain. - Saint Agobard de Lyon. - VI. Concile d'Aix-la-Chapelle et de Rome. VII. Saint Nicolas Ier, sa nombreuse correspondance. Sa première lettre à l'empereur Michel. — VIII. Sa lettre à Photius. IX. Sa seconde lettre à l'empereur Michel. Puissance entière donnée par Notre-Seigneur au Siége de Pierre. Puissance supérieure. Il juge de tous et n'est jugé par personne.-X. Ses lettres aux Évêques de France, à Wénilon de Sens. XI. Sa lettre au sujet

de la déposition de Rothade de Soissons. Reproches et déclarations qu'elle contient. Conclusion.

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I. Malgré les luttes de toutes sortes qui marquent cette époque, malgré la défection de l'Orient qui se prépare, et dont les Papes chercheront vainement de retarder l'accomplissement, ces deux siècles ne sont pas sans intérêt pour la tradition. Ils abondent, le premier surtout, en documents précieux. Recueillons rapidement les témoignages les plus importants.

Le saint Pape Léon III, celui qui couronna Charlemagne, répondant à Kénufle, roi des Merciens, lui dit : « J'ai vu dans vos lettres royales qu'aucun chrétien ne doit résister à nos sanctions apostoliques'. » Le Prince, en effet, lui avait écrit : « J'estime opportun que l'oreille de notre obéissance soit humblement inclinée à vos saintes ordonnances; nous devons accomplir tout ce que votre Piété juge que nous devons suivre. Daignez nous faire connaître ce que nous devons observer dans la suite, afin que la tunique sans couture du Christ ne souffre pas de déchirure parmi nous, mais que par votre saine doctrine elle soit ramenée, comme nous le désirons, à l'unité de la paix véritable. »>

(1) Ferebatur in ipsis tuis regalibus apicibus, quod nostris apostolicis sanctionibus nullus christianus contraire præsumit. (Epist. I. Leonis III ad Kenulfum regem Merciorum. LABBE, t. VII, col. 1,111.)

(2) Opportunum arbitror tuis sanctis jussionibus aurem obedientiæ nostræ humiliter inclinari, et quæ tuæ pietati rite nobis sequenda videantur, toto nisu implenda.... Quidquid vobis videatur nobis postea servandum rescribere dignemini, ne tunica Christi inconsutilis alicujus inter nos dissensionis schisma patiatur: sed per vestram sanam doctrinam, ut desideramus, ad veræ pacis unitatem dirigatur. (Epist. Kenulf. regis ad Leon. III. LABBE, t. VII, col. 1,109.)

Aussi, dans le Concile de Cloveshou (Cliff), qui fut célébré en 800, ce Prince ayant demandé aux Évêques réunis comment la foi catholique était reçue parmi eux, ils répondirent: « Nous croyons ce qui nous a été tracé primitivement par le saint et apostolique Siége de Rome, sous le Pontificat du bienheureux Pape Grégoire; et ce que nous croyons sans hésitation, nous tâchons autant que possible, de le mettre en pratique'. »

Un fait, qui se rattache à la personne même de Léon III, donna lieu, vers la même époque, à une manifestation qui montre à quel degré d'élévation le sentiment général plaçait la Chaire apostolique.

Une faction turbulente avait rempli la ville de Rome de troubles et de désordres; et elle avait répandu contre la personne du Pape les plus atroces calomnies. Le Pontife voulut se justifier de ces imputations infàmes devant une assemblée d'Évêques. Un grand nombre de Prélats, francs et romains, sur l'ordre de Charlemagne, furent réunis à Saint-Pierre. Tous s'écrièrent unanimement : « Nous ne pouvons pas juger le Siége apostolique, qui est la tête de toutes les Églises de Dieu car nous sommes tous jugés par ce Siége et son Vicaire. Lui, au contraire, n'est jugé par personne, ainsi que la coutume existe de toute antiquité. »

(1) Sicut primitus sancta romana et apostolica Sede, beatissimo Papa Gregorio dirigente, exarata est, ita credimus: et quod credimus sine ambiguitate, quantum possumus, exercere satagimus. (Concil. Cloveshov. LABBE, t. VII, col. 1,153.)

(2) Qui universi. Archiepiscopi et Episcopi et abbates, unanimiter

Et, de fait, le Pape se justifia légitimement et canoniquement, en prononçant, sous la foi du serment, une formule de purgation que l'histoire nous a conservée 1.

II. Un de ses successeurs, Grégoire IV, à l'occasion de l'affaire d'Aldéric du Mans, s'adresse à tous les Évêques de la Gaule, de la Germanie et des autres contrées de l'Europe, et leur rappelle, en termes énergiques, la juridiction suprême du Pontife romain. On croirait entendre le Pape Gélase lui-même. La lettre serait à citer intégralement; détachons-en, au moins, quelques passages.

« Si quelque chose, dit-il, de grave et d'intolérable était objecté, il faudrait attendre notre jugement. Il ne faut rien décréter sur celui qui s'est réfugié dans le sein de l'Église romaine et qui implore son secours, avant d'avoir reçu les ordres de l'autorité de cette Église; elle peut déléguer sa représentation aux autres Églises, afin de les appeler en participation de sa sollicitude; mais elle ne leur donne pas la plénitude de sa puissance. Que personne n'ait la prétention de nous imposer des choses déraisonnables. L'auto

audientes dixerunt : nos Sedem apostolicam, quæ est caput omnium Dei Ecclesiarum, judicare non audemus. Nam ab ipsa nos omnes et vicario suo judicamur. Ipsa autem a nemine judicatur, quemadmodum et antiquitus mos fuit. (LABBE, t. VII, col. 1,156.)

(1) Ibid., col. 1,158.

(2) Si quid quod absit grave intolerandumque objectum fuerit, nostra erit expectanda censura, ut nihil prius de eo qui ad sinum sanctæ Ecclesiæ romanæ confugit ejusque implorat auxilium, decernatur, quam ab ejusdem Ecclesiæ auctoritate fuerit præceptum : quæ sic vices suas aliis impertivit Ecclesiis, ut in partem sint vocatæ sollici

rité des Canons et les décrets de nos prédécesseurs ont sanctionné qu'un Évêque accusé pouvait appeler au Pontife romain, et recourir à lui pour que sa cause fut entendue à son tribunal. Notre prédécesseur Innocent, de sainte mémoire, dit entre autres choses : «< Si des causes majeures se présentent, qu'elles soient déférées au Siége apostolique, ainsi que l'a défini le Concile de Nicée, et que l'exige la coutume antique. » Qu'on ne résiste donc pas, par un orgueil opiniâtre, aux préceptes apostoliques; mais que par obéissance on accomplisse, pour le salut, tout ce qui a été ordonné par la sainte et apostolique autorité de Rome, si vous désirez rester en communion avec cette sainte Église de Dieu qui est votre tête. Puisque les causes majeures et plus difficiles, selon les Canons des Pères inspirés par l'esprit de Dieu et consacrés par le respect du monde entier, doivent être suspendues en attendant notre sentence, et TERMINÉES par notre autorité, ne craignez

tudinis, non in plenitudinem potestatis.... Nec quisquam.... hoc nos irrationabiliter præcipere contendat, cum et auctoritate canonum et prædecessorum nostrorum decretis sancitum sit, ut Episcopus accusatus, si voluerit, appellet romanum Pontificem et ad eum si libuerit confugiat, ut ab eo ejus audiatur causa.... Et sanctæ recordationis Innocentius antecessor noster, inter cætera, sic ait: si majores causæ in medio fuerit devolutæ, ad Sedem apostolicam, ut Nicæna Synodus definivit et inveterata consuetudo exegit,referant.... Præceptis ergo apostolicis non dura superbia resistatur. Sed per obedientiam, quæ a sancta romana et apostolica auctoritate jussa sunt, salutifere impleantur, si ejusdem sanctæ Dei Ecclesiæ quæ est caput vestrum habere communionem desideratis.... Cum majora negocia et difficiliores causarum exitus, sanctorum Patrum canones, spiritu Dei conditi et totius mundi reverentia consecrati, jubeant sub nostræ sententiæ expectatione suspendi nostroque moderamine finiri.... Nec pigeat forsan aut pudeat nostris obedire mandatis, aut apostolicæ Sedis

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