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1720

duifoit fans ceffe. La Compagnie de Miffiffipi étoit l'apas trompeur qui les attiroit. On la regardoit comme une fource inépuifable de richeffes, & on croyoit gagner en achetant d'un argent réel les trefors imaginaires qu'elle diftribuoit. Voilà jufqu'où l'avarice avoit entraîné les Peuples, aufquels la vanité achevoit de faire perdre l'efprit. Cependant les Arts languiffoient, on négligeoit le commerce, on ne cultivoit prefque plus les sciences, & on traitoit de bizares & d'entétez le petit nombre de ceux qui avoient été affez fages pour fe contenter d'une médiocrité tranquille & affurée.

CETTE expofition doit faire comprendre quels furent les fentimens du Public à la vûë de l'Arrêt qui réduifoit le papier à la moitié. On ouvrit

les

yeux malgré foi, & on vit avec une furprise douloureufe qu'on s'étoit laiffé tromper à des noms vuides de réalité. Chacun eut bien voulu alors retirer l'argent de fes Billets. On courut en foule à la Banque pour cet effet, & il y eut même plufieurs perfonnes d'écrafées. Mais il n'étoit plus tems.

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NEANMOINS comme cet Arrêt n'avoit été publié que par ordre de RemonS. A. R. fans avoir été communiqué trances du Confeil de Régence, le Duc de feil de Bourbon chef de ce Confeil, le Prin- Régence ce de Conti, le Maréchal de Villeroi, l'Arrêt & plufieurs autres Seigneurs allerent du vingté remontrer au Duc Régent le défefpoir du Peuple, & la néceffité de révoquer l'Arrêt qui le caufoit.

contre

Mai.

Celles

D'UN autre côté, le vingt-fept fuivant, le Parlement lui députa les du Par Gens du Roi, pour lui représenter le lement. déplorable état de la France par la diminution du papier, & pour lui demander la révocation de l'Arrêt. 11 leurfut impoffible d'obtenir audience. Le Parlement les renvoya fur le champ avec ordre d'attendre au Palais Roial, jufqu'à ce que le Prince leur-eut donné une réponse précife, quelle qu'elle pût être. Le Duc d'Orleans les reçût enfin, & les combla d'honnêtetez. Il leur promit même de concourir avec eux à trouver les moyens d'ajufter les intérêts du Roi avec ceux du Public, & chargea un Sécretaire d'Etat de le confirmer par une Lettre qu'il écrivit aux Chambres Affemblées.

LE Premier Préfilent fe rendit

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20 dans l'inftant même au Palais Royal, où il fut reçû avec de grandes marques de diftinction. S. A. R. lui dit en l'abordant, Monfieur, je fuis bien aife que cette occafion ferve à me raccommoder avec le Parlement dont je fuivrai les avis en tout. Il ajoûta qu'il avoit toûjours eu de bonnes intentions pour le bien du Public, & qu'il étoit fâché du mauvais effet qu'avoit produit la réduction des Billets de Banque. Il finit en le priant de nommer quatre Commiffaires pour travailler avec lui qui furent le Premier Préfident luimême, le Préfident Portail, l'Abbé. Pucelle, & Monfieur Mengui.

des Bil

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Rétablif- DE's le même foir, Monfieur Law fement alla en perfonne dans les Bureaux anlets de noncer que les Billets de Banque Banque étoient rétablis dans leur valeur, & ordonner à fes Commis de les payer fur l'ancien pied.

LE lendemain on vit paroître un Arrêt qui les rétabliffoit. Tout payement fut fufpendu à la Banque. On y envoya des Commiffaires pour en fceller les Caiffes & en examiner les comptes. Quelques uns des. Commis, & en particulier ceux qui avoient figné des Billets, furent congédiez

pour quinze jours, avec défenfe de 1720 fortir de Paris.

tre Mon

Law.

LB vingt-neuf, Monfieur Law Fureur penfa être déchiré par le Peuple, & du Peune dût la vie quà la vivacité de fes ple conchevaux, & à la hardieffe de fon Co- ficur cher. Là - deffus il alla remettre la Charge de Contrôleur Général entre les mains du Duc Régent!, qui lui donna Monfieur de Buzenval, Major desGardesSuiffes pour l'accompagner; ce fur ce qui fauva Monfieur Law. Comme le bruit fe répandit d'abord qu'on ne le faifoit accompagner que pour empêcher qu'il ne s'enfuit, la multitude le laiffa échaper, perfuadée qu'on gardoit cette victime à fa fureur & à la Juftice. D'autres circonftances qui contribuerent à apaifer le Public, furent les Arrêts qui parurent alors coup fur coup. 11 y en eut un qui prorogeoit la diminution des efpeces, & qui permettoit de faire entrer dans le Royaume les efpeces & matieres d'or & d'argent fans paier au cun droit. Il fut permis par un fecond à toutes perfonnes d'avoir & de garder telles fommes en efpeces qu'el les jugeroient à propos. Un troifié

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1720 me confirma la révocation de celui du vingt & un Mai.

ceaux

MAIS on ne tarda pas à retomber remis à dans les premiers accès d'indignation, Daguef- lorfqu'on vit le deux Juin Monfieur

Monfieur

feau,

Etablif Tement d'une

Bourse à

Law rétabli dans la direction de la Compagnie des Indes & de la Banque. On ne parloit que de vengeance & de maffacre. Cependant chacun aboya & perfonne n'ofa mordre. On fe repofa (ur les arrangemens dont le Confeil de Régence convint le lendemain dans un Confeil extraordinaire, d'autant plus que quelques jours après, S. A. R. ota les Sceaux à Monfieur d'Argenfon, pour les remettre à Monfieur Dagueffeau, dont la probité & l'habileté étoient connues de tout le monde.

Paris, tant que

LE trois du mois fuivant, on afficha une Ordonnance du Roi portant que le premier d'Août, le commerce de papier qui fe faifoit alors à la Place de Vendôme feroit tranfpor té à la Bourse, que S. M. avoit établie dans le Jardin de l'Hôtel de Soiffons, où il y eut deux portes, gardées chacune par deux Suiffes avec la liviće du Roi, & par huit Archers

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