de fer. Au refte, le volfran eft auffi dur que denfe, c'eft un fchorl mêlé d'arfenic & d'une affez grande quantité de fer; & ce qui prouve que ce fer a été décomposé par l'eau, & que le volfran a été formé par l'intermède de ce même élément, c'eft qu'il n'eft point attirable à l'aimant: il fe trouve en maffes folides d'un noir luifant, fa texture eft lamelleufe, & fa fubftance trèscompacte; cependant il y a des volfrans plus ou moins denfes & plus ou moins durs les uns que les autres ; & je penfe avec M. Romé de Lifle, qu'on doit regarder comme un volfran, le minéral auquel les Suédois ont donné le nom de tungstein, quoiqu'il foit blanc, jaune ou rougeâtre, & qu'il diffère du volfran noir par fa denfité, c'est-à-dire, par la quantité de fer ou d'arfenic qu'il contient (a).

(a) La pefanteur fpécifique du volfran noir, eft de 71195; celle du mifpickel ou pyrité arfenicale, de 65223; celle du tungstein blanc d'Altemberg, de 58025; celle du tungstein de Suède, de 49088; & celle du volfran doux, de 41180. Tables de M. Briffon.

N

PYRITES ET MARCAS SITES.

ous avons déjà parlé de la formation des pyrites martiales (a); mais nous n'avons pas indiqué les différentes & nombreufes concrétions qui proviennent de leur décompofition: ces pyrites contiennent une plus ou moins grande quantité de fer, & qui fait fouvent un quart, un tiers, & quelquefois près d'une moitié de leur maffe; le furplus de leur fubftance eft, comme nous l'avons dit (b), la matière du feu fixé par l'acide vitriolique, & plus elles contiennent de fer, plus elles font dures & plus elles réfiftent à l'action des élémens qui peuvent les décompofer. Nos obfervateurs en Minéralogie prétendent s'être affurés que quand la décompofition de ces pyrites s'opère par la voie humide, c'eft-à-dire, par l'action de l'air & de l'eau, cette altération commence par le centre de la maffe pyriteufe, au lieu que fi c'eft par le feu qu'elles fe décompofent, les parties extérieures de la pyrite font les premières altérées, & celles du centre les dernières: quoi qu'il en foit, les pyrites expofées à l'air perdent bientôt leur dureté & même leur confiftance; elles ne font point attirables à l'aimant dans leur état primitif, non plus que dans celui de décompofition, preuve évidente que dès leur première formation, le fer qui leur fert de bafe étoit lui-même décompofé, & dans un état de rouille ou de chaux produite par l'impreffion des élémens humides: les pyrites martiales doivent donc être regardées comme les premières & les plus anciennes concrétions fotides du fer, formées par l'intermède de l'eau.

Les pyrites qui fe préfentent fous une forme cubique & à faces planes, con

(a) Voyez dans le fecond volume de cette Hiftoire des Minéraux, l'article Pyrite martiale. (b) Voyez idem, ibidem.

Minéraux, Tome IV.

S

tiennent plus de fer, & réfiftent plus à l'action des élémens humides que les pyrites globuleufes, parce que ces dernières. font compofées de moins de fer & des principes du foufre en plus grande quantité que les premières: toutes ces pyrites, en fe décompofant, donnent naiffance à plufieurs mines de fer de dernière formation, & produifent les enduits brillans & pyriteux des coquilles, des poiffons & des bois enfouis dans la terre.

Lorfque les pyrites martiales font mêlées d'arfenic en quantité fenfible, on leur donne le nom de marcaffites; en général, les marcaffites, comme les py-rites, ne contiennent le fer que dans fon état de rouille ou de décompofition par l'humidité qui a détruit fa propriété magnétique, fouvent ces pyrites arfénicales font mêlées de différens métaux; & parmi ces marcaffites mélangées. de différens métaux, on remarque celles qui font couleur d'or, que l'on trouve : en Italie (c) & au Cap-vert (d),

t

Dans les marcaffites qui contiennent autant ou plus de cuivre que de fer,. on peut diftinguer la marcaffite vitrée de Cramer, qui, quoiqu'affez abondanteen cuivre, eft néanmoins très-difficile à fondre (e); & à l'égard des marcaffi-tes, plus arfenicales que ferrugineufes, nous renvoyons à ce que nous en avons dit à l'article de l'Arsenic (ƒ).

(c) Cristallographie, par M. Romé de Lifle, arricle Marcaffite couleur d'or..

(d) Idem, ibidem..

(e) Idem, ibidem...

f) Tome III. de cette Hiftoire des Minéraux...

СЕТТЕ

MINE DE FER PYRITIFORME..

ETTE concrétion ferrugineufe eft indiquée par nos Nomenclateurs, fous la dénomination de mine brune hépatique, parce qu'ordinairement elle est d'un brun-rougeâtre, ou couleur de foie; mais ce caractère étant purement accidentel, équivoque, & commun à d'autres mines de fer, il m'a paru qu'on devoit défigner celle-ci par une dénomination qui la diftingue de toutes les autres; je l'appelle mine de fer pyritiforme, parce qu'elle fe préfente toujours fous la forme de pyrite, & que fa fubftance n'est en effet qu'une pyrite qui s'eft décompofée fans changer de figure: ces mines fe préfentent toutes en petites maffes plus ou moins concrètes, & qui confervent encore la forme des pyrites qui néanmoins ont perdu leur folidité, leur dureté, leur pefanteur, & qui fe font pour ainfi dire, déforganifées & réduites en terre ferrugineufe..

Dans ces mines pyritiformes, comme dans les mines fpathiques, la concré tion ferrugineufe fe préfente fous les formes primitives des pyrites & du fpath calcaire; cependant la formation de ces deux mines eft très différente; la dernière s'opère par une infiltration du fer diffous, qui peu-à-peu prend la place du fpath, au lieu que la mine pyritiforme ne reçoit aucune nouvelle matière,

& conferve feulement la même quantité de fer qu'elle contenoit dans fon état dé pyrite; auffi ces mines pyritiformes font-elles en général bien moins riches en métal que les mines fpathiques.

La forme la plus ordinaire de ces concrétions pyritiformes, eft en cubes ifolés ou groupés, c'eft-à-dire, la même que celle des pyrites qui ont fubi ce changement par la déperdition de l'acide & du feu fixe qu'elles contenoient; les pyrites arrondies ou aplaties, étant aufli fujettes à cette déperdition par l'impreffion des élémens humides, peuvent former de même des concrétions ferrugineufes qu'on doit mettre au nombre de ces mines pyritiformes; ni les unes ni les autres ne font attirables à l'aimant, & aucune n'eft affez dure pour faire feu contre l'acier.

MINE DE FER SPATHIQUE.

CETTE matière ferrugineufe qui fe trouve fouvent en grandes maffes, &

qui eft très-riche en métal, n'eft encore qu'une combinaifon du fer décompofe par l'eau, car cette mine fpathique n'eft point attirable à l'aimant: le fond primitif de fa fubftance étoit un fpath calcaire que le fer diffoùs a pénétré fans en changer la forme ni même la texture apparente; cette matière appelée mine de fer fpathique, parce qu'elle conferve la forme du fpath calcaire, fe préfente, comme ce fpath, en criftaux de forme rhomboidale; elle eft ordinairement blanche ou grifâtre, un peu luifante, affez douce au toucher, & fes criftaux paroiffent compofés de petites lames toutes femblables à celles du spath . calcaire; elle n'a guère plus de dureté que ce même fpath, on peut également les rayer ou les entamer au couteau, & ils n'étincellent ni l'un ni l'autre fous le choc de l'acier. Le fer diffous par l'eau en une rouille très-fine, s'est d'abord infinué dans la matière calcaire, & peu-à-peu a pris fa place en s'y fubftituant fans changer la figure des efpaces, de la même manière que l'on voit les parties diffoutes du fer, du cuivre, des pyrites, &c. s'infinuer dans le bois, & le convertir en fubftance métallique fans déranger la forme de fon organisation.

Ces mines de fer fpathiques expofées au feu, deviennent noires, & elles décrépitent. lorfqu'elles font réduites en poudre; expofées à l'air, elles confervent leur couleur blanche fi elles font pures & fans autre mélange que la matière calcaire; car celles qui font mêlées de pyrites, perdent peu-à-peu leur blancheur, & deviennent jaunes ou brunes par l'impreffion des élémens humides, & comme le fonds de leur effence eft une rouille de fer, elles repren-nent peu-à-peu cette forme primitive, & fe changent en ocres avec le temps. La plupart de ces mines fpathiques font en maffes informes, & ne préfentent la criftallifation fpathique qu'à la furface ou à leur caffure; les unes font aufli compactes que la pierre calcaire, d'autres font cellulaires, & toutes ont

confervé dans leur intérieur la forme rhomboïdale des fpaths calcaires; mais comme quelques-uns de ces fpaths affectent une figure lenticulaire, on a aùffì trouvé des mines fpathiques fous cette forme; & M. Romé de Lille (a) obferve avec raison, que la mine de fer en crête de coq, qui fe rencontre dans les minières de Balgory, a pour bafe le fpath lenticulaire appelé fpath perlé, dont elle a pris la forme orbiculaire en criftaux groupés par la bafe, & féparés les uns des autres en écailles plus ou moins inclinées.

(a) Mine de fer hépatique en cristaux lenticulaires groupés en crêtes de coq..

La minière des Trois-rois à Baigory en baffe Navarre, a fourni de très-beaux groupes de cette mine de fer fpathique criftallifée en petites lames orbiculaires, pofées de champ & diversement inclinées les unes fur les autres. Cê minéral doit fa forme à un Spath perle rhomboidal, dont les petits criftaux groupés en recouvrement, les uns fur les autres, ont formé des corps lenticulaires, renflés dans leur milieu, minces & tranchans vers les bords.

On voit fur de certains morceaux, le fpath perlé d'un côté qui eft pur, & de l'autre côté, il eft converti en cette mine de fer fpathique, en forte qu'on ne peut douter de cette converfion. Cristallographie, par M. Romé de Lifle, tome III, pages 287 & fuivantes.

ON

Na donné ce nom à certaines concrétions ferrugineufes, dont la couleur eft d'un rouge de fang plus ou moins foncé; elles proviennent de la décom pofition des mines fpathiques & pyritiformes, & auffi de toutes les autres mi nes de fer décompofées par l'impreffion des élémens humides: les particules ferrugineufes de ces mines diffoutes & entraînées par la ftillation des eaux, fe dépofent en forme de ftalactites dans les fentes & cavités des terres, au-deffus defquelles giffent les mines de fer en rouille ou en grains, ces hématites font de vraies ftalactites ferrugineufes, qui, comme les autres ftalactites, fe préfentent fous toutes fortes de formes (a); elles n'ont que peu de dureté, & ne font point attirable à l'aimant.

Après les concrétions ferrugineufes produites par l'intermède de l'eau, & qui ne font point attirables à l'aimant, nous expoferons celles qui ont confervé cette propriété magnétique qu'elles poffédoient originairement, ou qu'elles ont acquife de nouveau par le feu après l'avoir perdue par l'impreffion des élémens humides.

(a) Les hématites fe dépofent dans les cavités fouterraines à la manière des ftalactites & des ftalagmites, c'eft-à-dire, qu'il en résulte des maffes hémifphériques, protubérancées, mamelonnées, coniques, cylindriques, fiftuleufes, en grappes, en choux-fleurs en réfeau, en dendrites, enfin fous une infinité de figures bizarres qui n'ont rien de conftant que leur tiffu formé par couches concentriques plus ou moins diftinêtes, ainfi que par aiguilles ou tries divergentes autour d'un ou de plufieurs centres.

Toutes ces ftalactites martiales peuvent être réduites aux quatre variétés fuivantes, 1. l'hématite rouge ou pourpre qui porte le nom de fanguine; 2. l'hématite noire ou brune, plas ocreufe que la précédente; 3. l'hématite jaune ou à furface ocracée; 4. enfin l'hématité friable en paillettes ou à petits points brillans; cette dernière eft douce & onctueufe au toucher, & fouvent à fuperficie fpéculaire. Cristallographie, par M. Romé de Lifle, tome III, pages 280 & fuivantes.

CETTE

MINE DE FER SPECULAIRE.

ETTE matière contient du fablon magnétique, car, quoiqu'elle foit for mée par l'intermède de l'eau, & qu'elle n'ait pas été produite par le feu primitif, elle ne laiffe pas d'être attirable à l'aimant; fa couleur eft grife, & les lames dont elle eft compofée font quelquefois auffi luifantes que l'acier poli (a); elle eft en même temps très-fragile, & fe rapproche par cette propriété, des mines de fer mêlées de mica, qui font auffi très-friables, & dont les lames font feulement plus minces & plus petites que celles de cette mine fpéculaire.

(a) Il fe trouve des mines de fer fpéculaires au Mont-d'or en Auvergne, les lames de cette mine, qui ont l'éclat du plus bel acier poli, & presque la fragilité du verre, portent fouvent plufieurs pouces de longueur fur un pouce ou environ de largeur, & une ligne ou deux d'épaiffeur; elles font interpofées dans une roche argileufe ocracée dont on les dégage facilement... Il s'en trouve auffi dans les mines d'Altenberg en Saxe, & dans les mines de l'île d'Elbe, où elle paroit fouvent panachée des plus belles couleurs.... On trouve à Framont dans les Vosges, de la mine de fer grife en petits criftaux très-éclatans, de deux lignes de diamètre & audeffous, fur trois à quatre lignes de hauteur.... & dans les mines fpéculaires du Valdajol, dont la gangue eft pour l'ordinaire feld-fpathique ou quartzeufe, ou une efpèce de granit groffeur... On en trouve auffi dans les montagnes du bourg d'Oifan en Dauphiné, où elle eft fouvent entre-mêlée de criftaux de roche & de ftéatite.... La mine de fer micacée grife, fe trouve en petites écailles ou paillettes luifantes, qui n'ont que très-peu d'adhérence entr'elles, & même fe féparent au moindre frottement: cette mine de fer micacée grife, accompagne fouvent l'hématite..... On trouve auffi quelquefois cette mine micacée grife en maffes écailleufes plus confiftantes ou en maffes irrégulières, dont le tiffu eft tantôt lamelleux ou ftrié, tantôt granuleux, & tantôt folide & compacte comme l'acier. Cristallographie, par M. Romé de Lifle, tome III, page 189 & fuiv.

TOUS

MINES DE FER CRISTALLISÉES PAR LE FEU.

OUS les métaux, tenus long-temps en fufion & en repos, forment à leur furface, des criftaux opaques; la fonte de fer retenue dans le creufet, fous la flamme du fourneau, en produit de plus ou moins apparens, dont la grandeur & la forme ont été très-bien indiquées par M. de Grignon (a); il et même le premier qui ait fait cette remarque importante: les Chimiftes ont enfuite recherché fi les autres métaux pouvoient, comme le fer, fe criftallifer par la longue action du feu, leurs tentatives ont eu tout le fuccès qu'on pouvoit en attendre; ils ont reconnu que non-feulement tous les métaux, mais même les demi-métaux & les autres fubftances métalliques qui donnent des régules (b), (a) Mémoires de Phyfique, pages 71 & 89.

(b) Le bismuth eft des demi-métaux celui qui fe criftallife le plus aifément au fen. En ré