l'Europe qui produifent en grande quantité des pierres ponces; que l'Etna n'en donne point, & le Véfuve très-peu; qu'on n'en trouve pas dans les volcans éteints de la Sicile, de l'ltalie, de la France, de l'Espagne & du Portugal. Cependant M. Faujas de Saint-Fond en a reconnu de bien caractérisées en Auvergne, fur la montagne de Polagnac, à trois lieues de Clermont, route de Rochefort.

En examinant avec foin les différentes fortes de pierres ponces, M. le chevalier de Dolomieu a obfervé que les plus pefantes avoient le grain, les écailles luifantes, & l'apparence fiffile du fchifte micace blanchâtre.... Il a trouvé dans quelques-unes des reftes de granite, qui en préfentoient encore les trois parties conftituantes, le quartz, le feld-fpath & le mica. On fait d'ailleurs que le granite fe fond en une efpèce d'émail blanc & bourfouflé. ,, J'ai vu, ,, dit-il, ces granites acquérir par degrés le tiflu lâche & fibreux, & la confistance de la ponce, je ne puis donc douter que la roche feuilletée graniteufe & micacée, & le granite lui-même, ne foient les matières premières, à l'altération defquelles on doit attribuer la formation des pierres ponces". Et il ajoute avec raifon, que la rareté des pierres ponces vient de ce qu'il y a très-peu de volcans qui foient fitués dans les granites, qu'ils fe trouvent prefque toujours dans les fchiftes & les ardoifes, matières qui, travaillées par le feu & beaucoup moins dénaturées qu'on ne le fuppofe, fervent de bafe aux laves ferrugineufes noires & rouges, que l'on rencontre dans tous les volcans. M. de Dolomieu obferve, I. que pour qu'il y ait production de pierres ponces, il faut que le granite foit d'une nature très-fufible, c'est-à-dire, mêlé de beaucoup de feld-fpath, & que le feu du volcan foit plus vif & plus actif qu'il ne l'eft communément. On reconnoît, dit-il, que la fufion a toujours commencé par le feld-fpath, & que le premier effet du feu fur le quartz a été de le gercer & de le rendre prefque pulverulent; 2. que cette production peut s'opérer dans les roches granitiques, qui renferment entre leurs bancs des roches feuilletées micacées noires & blanches, & des granites fiffiles ou gneis, dont la bafe eft un feld-fpath très-fufible, telles qu'il l'a obfervé dans les granites qui font en face de Lipari & qui s'étendent jufqu'à Melazzo (b). Au refte, les pierres ponces les plus légères & de la meilleure qualité, font fi abondantes à l'île de Lipari, que plufieurs Navires viennent chaque année en faire leur approvifionnement pour les tranfporter dans différentes parties de l'Europe.

M. Faujas de Saint-fond ayant axaminé les différentes fortes de pierres ponces qui lui ont été données par M. le chevalier de Dolomieu, fait mention de plufieurs variétés de ces pierres (c), dont les unes font compactes & granitoides, & indiquent le premier paffage du granite à la pierre ponce; d'autres qui, quoique compactes, font compofées de filets vitreux, & tiennent plus de la nature de la pierre ponce que du granit; d'autres légères, blanches & poreufes avec des ftries foyeufes, & ce font les pierres ponces parfaites qui fe foutiennent & nagent fur l'eau; leur grain eft fec, fin & rude, & elles fer

(b) Voyage aux îles de Lipari, Paris in 8vo.

(c) Minéralogie des volcans, chap. XV, pages 268 & suin

vent, dans les arts, à dégroffir, & même à polir plufieurs ouvrages. Tous les filets vitreux de ces pierres font très-fragiles, & n'ont aucune forme régulière; il y en a de cylindriques, de comprimés, de tortueurs, de gros à la bafe, & cadillaires à l'extrémité. On trouve affez fouvent dans ces pierres, des vides occafionnés par des fouflures; & c'eft dans ces cavités où l'on voit des filets déliés & fi fins qu'ils reffemblent à de la foie; d'autres enfin font très-légères, farineufes & friables, celles-ci font fi tendres & ont fi peu de confiftance, qu'elles ne font d'aucun ufage dans les arts; cette forte de ponce a été furcalcinée, & s'eft réduite en poudre; on a donné mal-à-propos à cette poudre le nom de cendres, dont elle n'a que la couleur & les apparences extérieures. On la trouve en très-grande abondance à l'île de Lipari, à celle de Vulcano, & dans différens autres lieux.

M. Faujas de Saint-Fond préfume avec fondement, que toutes les fois que le granit contiendra du feld-fpath en grande quantité, l'action du feu pourra le convertir en pierre ponce, & qu'il en fera de même de toutes les pierres & terres où la matière quartzeufe fe trouvera mêlée de feld-fpath en affez grande quantité pour la rendre très-fufible. On peut même croire que le bafalte remanié par le feu formera de la pierre ponce noire ou noirâtre; & que les grès & fchiftes mêlés de matières calcaires qui les rendent fufibles, pourront auffi fe convertir en pierres ponces de diverfes couleurs.

ERSONNE n'a fait autant de recherches que M. Faujas de Saint-Fond fur les pouzzolanes (a): on ne connoiffoit avant lui, ou du moins on ne faifoit

(a) La pouzzolane eft un ciment naturel formé par les fcories & par les laves des volcans... Les Romains s'en font beaucoup fervis pour les aqueducs, pour les conferves d'eau, & géné alement pour tous les ouvrages expofés à une humidité babituelle. La pouzzolane mêlée dansles proportions requifes avec de la bonne chaux, prend corps dans l'eau, & y forme un mortierfi adhérent & fi intimement lié, qu'il peut braver impunément l'action des flots, fans éprouver la moindre altération.

Il y a plusieurs variétés dans la pouzzolane;

I. La pouzzolane graveleufe, compacte, pouzzolane bafaltique; la lave compacte, le bafalte réduits en petits éclats, en fragmens graveleux, foit par la Nature, foit par l'art, en les pulvérifant à l'aide de moulins, femblables à ceux dont les Hollandois font ufage pour piler une lave plus tendre, connue fous le nom de tras ou pierre d'andernach, peuvent fournir une pouzzolane excellente & propre à être employée dans l'eau & hors de l'eau:

2. Pouzzolane poreufe formée par des laves fpongieufes, friables, réduites en pouffière ou en petits grains irréguliers. C'eft la pouzzolane ordinaire, fi abondante dans les environs de Bayes, de Pouzzoles, de Naples, de Rome, & dans plufieurs parties du Vivarais, &c. le principe ferrugineux de ces laves ayant éprouvé différentes modifications, a produit des variétés dans les couleurs de cette terre volcanique; il en exifte de la rouge, de la noire, de la rougeâtre, de la grife, de la brune, de la violatre, &c.... Toutes étant mélangées avec la chauxont la propriété d'acquérir une grande dureté dans l'eau. Cette pouzzolane poreufe fe trouve

tage que de celles d'Italie, & il a trouvé dans les anciens volcans du Vivarais, des pouzzolanes de la même nature, & qui ont à peu-près les mêmes qualités que celles de l'Italie; on doit même préfumer qu'on en trouvera de femblable aux environs de la plupart des volcans agiffans ou éteints; car ce n'eft pas feulement à Pouzzoles, d'où lui vient fon non, qu'il y a de la pouzzolane, puifqu'il s'en trouve dans prefque tous les terreins volcanifés de Sicile, de Naples, & de la campagne de Rome. Ce produit des feux fouterrains peut fe trouver dans toutes les régions où les volcans agiffent ou ont agi, car on connoît affez anciennement les pouzzolanes de l'Amérique méridionale; celles de la Guadeloupe & de la Martinique ont été reconnue en 1696 (b); mais c'est à M. Ozi, de Clermont-ferrand, & enfuite à Mrs. Guet

ordinairement en grands maffifs, difpofés quelquefois en manière de courans, dans le voilinage des cratères ou de certaines bouches à feu moins confidérables: l'on en voit qui eft naturelle ment réduite en pouffière, mais il s'en préfente le plus fouvent en grandes maffes fcorifiées qui ont une certaine adhérence, & que l'on eft obligé de rompre avec des marteaux.... Il faut chercher ces pouzzolanes dans les parties où font les laves poreufses, c'est-à-dire, dans le voi finage des volcans:

3. Pouzzolane argileufe, rougeâtre, ou d'un rouge-vif ou d'un gris-jaunâtre, affectant même fouvent d'autres couleurs, d'une pâte ferrée & compacte, mais tendre & terreuse, renfermant fouvent des grains ou de petits criftaux de fchorl noir intact; quelquefois de chryfolite volcanique friable.

Cette pouzzólane, quoique happant la langue, & reffemblant à une espèce de bol ou d'argile, eft admirable pour la conftruction ou le revêtement des baffins, & en général, pour tous les ouvrages continuellement expofés à l'eau. Cette pouzzolane n'eft point une argile, quoiqu'elle lui reflemble, mais c'eft un vrai détriment des bafaltes & des laves, car on y trouve fouvent des morceaux qui font moitié bafalte & moitié lave argileufe; elle contient un peu de fer en état métallique, car elle fait mouvoir l'aiguille aimantée.... On en exploite une trèsriche mine dans le Vivarais :^

4. Pouzzolane mélangée d'un grand nombre de matières volcaniques, & d'une certaine quantité de fubftances calcaires, qui loin d'en diminuer la bonté, la rendent au contraire, plus propre à former un ciment des plus folides, qui fait une forte prise dans l'eau, & qui réfifte trèsbien à toutes les intempéries de l'air lorfqu'on l'emploie dans la conftruction des terrasses:

5. Pouzzolane dont l'origine eft dûe à de véritables pierres ponces, réduites en pouffière ou en fragmens. Le ciment fait par cette matière et excellent, fur-tout lorfqu'elle eft réduite en fragmens plutôt qu'en pouffière. Cette variété eft rare dans les volcans éteints de la France, elle eft plus commune dans ceux de l'Italie & de la Sicile, aux fles de Lipari & de Vulcano. Mineralogie des volcans, par M. Faujas de Saint-Fond, in 8vo. chap. XVIII, pages 359 & fuiv. (b) Je ne connoiflois point la pouzzolane la première fois que j'allai à la Guadeloupe, en 1696, & je ne penfois feulement pas que le ciment ou terre rouge que l'on trouve en quelques lieux de cette ile, fût cette pouzzolane dont on fait tant de cas en Europe; j'en avois fait employer à quelques réparations que j'avois fait faire au canal de notre moulin, & j'avois admiré fa bonté; mais ayant fait venir de France quelques Livres, & entr'autres Vitruve, commenté par M. Pérault, je connus par la defcription qu'il fait de la pouzzolane d'Italie, que ce qu'on appeloit ciment ou terre rouge à la Guadeloupe, étoit la véritable pouzzolane.... On la trouve pour l'ordinaire, aux iles, par veines d'un pied & demi à deux pieds d'épaiffeur, après quoi on rencontre de la terre franche, épaifle d'environ un pied, & enfuite une autre épaiffeur de ciment ou pouzzolane; nous en avons en deux ou trois endroits de notre habitation: il y en a encore auprès du bourg de la baffe-terre, & en beaucoup d'autres Heux; & fi on vouloit fe donner la peine de chercher, on en trouveroit encore davantage.

La première expérience que je fis, pour m'affurer de la vérité, fut d'en faire du mortier ticrcé, dont je fis une maffe de fept à huit pouces en carré, que je mis dans une cuve que je fis remplir d'eau douce, de manière que l'eau la furpaffoit de fept à huit pouces, cette maffe, bien loin de fe diffoudre, fit corps, fe fecha, & en moins de trois fois vingt-quatre heures, elle devint dure comme une pierre: je fis la même chofe dans l'eau falée avec le même fuc

tard, Defmarets & Pafmot, qu'on doit la connoiffance de celles qui fe trouvent en Auvergne; & enfin à M. Faujas de Saint-Fond la découverte & l'us fage de celles du Vélai & du Vivarais, découverte d'autant plus intéreffante, que ces pouzzolanes du Vivarais pouvant être conduites par le Rhône jufqu'à la mer, pourront, finon remplacer, du moins fuppléer à celles que l'on tire d'Italie, pour toutes les conftructions maritimes & autres qu'on veur défendre contre l'action des élémens humides.

Les pouzzolanes ne font cependant pas abfoluinent les mêmes dans tous les lieux, elles varient, tant pour la qualité que par la couleur; il s'en trouve de la rouge & de la grife en Vivarais, & celle-ci fait un mortier plus dur & plus durable que celui de la première.

Toutes les pouzzolanes proviennent également de la première décompofition des laves & bafaltes, qui, comme nous l'avons dit, fe réduifent ultérieurement en terre.argileufe, ainfi que toutes les autres matières vitreufes, par la longue impreffion des élémens humides; mais avant d'arriver à ce dernier degré de décompofition, les bafaltes & les laves, qui toujours contiennent une affez grande quantité de fer pour être très-attirables à l'aimant, fe brifent en poudre vitreufe mêlée de particules ferrugineufes, & la pouzzolane n'est autre chofe que cette poudre; elle eft d'autant meilleure pour faire des cimens que le fer y eft en plus grande quantité, & que les partics vitreufes font plus éloignées de l'état argileux.

Ainfi la pouzzolane n'eft qu'une espèce de verre ferrugineux réduit en poudre; il eft très-poffible de compofer une matière de même nature, en broyant & pulvérifant les craffes qui s'écoulent du foyer des affineries où l'on traite le fer; j'ai fouvent employé. ce ciment ferrugineux avec fuccès, & je le crois équivalent à la meilleure pouzzolane; mais il eft vrai qu'il feroit difficile de s'en procurer une quantité fuffifante pour faire de grandes conftructions. Les Hollandois, compofent une forte de pouzzolane qu'ils nomment tras, en broyant des laves de volcans fous les pilons d'un bocard: la poudre qui en provient eft tamifée au moyen d'un crible qui eft mis en mouvement par l'élévation des pilons, & le tras tombe dans de grandes caiffes pratiquées au-desfous de l'entablement des pilons: ils s'en fervent avec fuccès dans leurs conftructions maritimes..

cès; enfin, une troifième expérience que je fis, fut de mêler des pierres de différentes espèces dans ce mortier, d'en faire un cube, & de mettre le tout dans l'eau; elles firent un corps trésbon, qui fécha à merveille, & qu'on ne pouvoit rompre deux ou trois jours après qu'à force de marteau.

J'en ai découvert une veine affez confidérable au mouillage de la Martinique, au-deffous & un peu à côté de la batterie de Saint-Nicolas: la couleur étoit un peu plus claire & le grain plus fin; pour tout le refte c'étoit la même chofe. J'en ai employé une quantité confidérable, après m'être affuré de fa qualité par les mêmes épreuves que j'avois employées pour connottre celle de la Guadeloupe. Nouveaux Voyages aux fles de l'Amériquez Paris, 1722, tome 1, pages 386 & fuiv. .

ADDITION à l'article du Feld-fpath, volume I, page 28; & du Feld-fpath de Ruffie, volume III, page 201.

M.

L.

Pallas confirme par de très-bonnes obfervations, ce que j'ai dit au füjet du feld-fpath qui fe trouve prefque toujours incorporé dans les granites, & très-rarement ifolé: il ajoute que ces feld-fpaths ifolés fe rencontrent dans les filons de certaines mines, & que ce n'eft prefque qu'en Suède & en Saxe qu'on en a des exemples.

22

Le feld-fpath qui eft la même chofe que le petunt-fe, dont on fe fert „, pour faire la porcelaine, eft, dit ce favant Naturalifte, ordinairement d'une couleur plus ou moins grife dans les granites communs; mais il s'en trouvé ,, quelquefois en Finlande, du rouge ou rougeâtre dans un granit, qui dèslors eft égal en beauté au granit rouge antique. Lorfque le feld-spath fe ,, trouve mélé, comme c'est le plus ordinaire, dans nos granites avec le quartz & le mica, on le voit quelquefois former des maffes de plufieurs pouces ,, cubes; mais plus fouvent il n'eft qu'en grains, & repréfente fréquemminent de vrais granitelles. C'eft une efpèce de granitelle, coupée de groffes vei,, nes de quartz demi-transparent, qui fournit aux environs de Catherine-bourg, la pierre connue fous le nom d'alliance, dont on ne connoît prefque pas ,, d'autres exemples.

་

Il est très-rare dans l'empire de Ruffie, de trouver de ces granites fim,, ples, c'eft-à-dire, uniquement compofès de quartz & de feld-fpath; il eft ,, encore plus rare de trouver des roches prefque purement compofées de feld,, fpath en criftallifations plus ou moins confufes: cependant je connois un ,, exemple d'un tel granite fur le Selengha près de la ville de Selenghinsk, ,, où il y a des montagnes en partie purement compofées de feld-fpath gris, ,, qui fe décompofe en gravier & en fable.

Un fecond exemple d'une roche de feld-fpath prefque pure, eft cette ,, pierre chatoyante analogue à la pierre de Labrador, qu'on a découverte aux ,, environs de Pétersbourg: la couleur obfcure, le chatoiement & la pâte de ,, cette pierre la rendent fi femblable à celle que les frères Moraves ont dé,, couverte fur la côte des Efquimaux, & débitée fous le nom de Labrador, ,, qu'à l'afpect des premiers échantillons que j'en vis, je fus tenté de les déclarer étrangères & véritables pierres de Labrador; mais par une comparai,, fon plus attentive, l'on trouve bientôt que le feld-fpath chatoyant de Rus,, fie eft.

1. Plus dur, moins facile à entamer par la lime, & à fe divifer en éclats: ,, 2. Qu'il montre conftamment une criftallifation plus ou moins confuse, ,, en petits lozanges ou parallelipipèdes alongés, qui n'ont ordinairement que quelques lignes d'épaiffeur, tandis que la pierre de Labrador offre quelque,, fois des criftaux de plufieurs pouces, & par cette raifon des plans chatoyans d'une plus grande étendue:

" 3. Que