Obrázky na stránke
PDF
ePub

!

CEST

2

SPATHS FLUOR S

'EST le nom que M. Marcgraff a donné à ces fpaths, & comme ils font compofés de matière calcaire & de parties fulfureufes ou pyriteufes, nous les mettons à la fuite des matières qui font compofées de fubftances calcaires mélangées avec d'autres fubftances: on auroit dû conferver à ces fpaths le nom de fluors, pour éviter la confufion qui réfulte de la multiplicité des dénomi nations; car on les a appelés fpaths pefans, fpaths vitreux, fpaths phofphoriques, & l'on a fouvent appliqué les propriétés des fpaths pefans à ces paths fluors, -quoique leur origine & leur effence foient très-différentes. Marcgraff lui-même comprend fous la dénomination de fpaths fufibles, ces paths fluors qui ne font point fufibles:

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

"

[ocr errors]
[ocr errors]

Il y a, dit-il, des fpaths fufibles compofés de lames groupées ensemble d'une manière fingulière; ces lames n'ont aucune tranfparence, & leur couleur tire fur le blanc de lair; d'autres affectent une figure cubique, ils font plus ou moins tranfparens, & diverfement colorés; on les connoît fous les noms de fluors, de fauffes améthyftes, de fauffes émeraudes, de fauffes topazes, de fauffes hyacinthes, &c..... Ils fe trouvent ordinairement dans les filons des mines, & fervent de matrice aux minéraux qu'ils renferment; ils font outre cela un peu plus durs que les fpaths phofphoriques, c'est-à-dire, que les fpaths d'un blanc de lait. Les fpaths fufibles vitreux, c'est-à-dire, ceux qui affectent une figure cubique, foumis au feu jufqu'à l'incandefcence jettent des étincelles dans l'obfcurité, mais leur lueur eft fort foible, après quoi ils fe divifent par petits éclats. Les fpaths fufibles phofphoriques, foumis à la même chaleur, jettent une lumière très-vive & très-foncée; enfuite ils fe brifent en plufieurs morceaux qu'on a beaucoup plus de peine à réduire en poudre que les éclats de fpaths fufibles vitreux (a). Les vrais paths fluors font donc défignés ici comme paths fufibles & fpaths vitreux, quoiqu'ils ne foient ni fufibles ni vitreux; & quoique cet habile Chimifte femble les diftinguer des fpaths qu'il appelle phofphoriques, les différences ne font pas affez marquées pour qu'on ne puiffe les confondre, & il eft à croire que ce qu'il appelle fpath fufible vitreux & fpath fufible phofphorique, fe rapporte également aux fpaths fluors qui ne diffèrent les uns des autres que par le plus ou moins de pureté; & en effet deux de nos plus fayans Chimiftes, Mrs. Sage & Demefte, ont dit expreffément, que les fpaths vitreux fufibles, ou phofphoriques ne font qu'une feule & même chofe (b); or ces fpaths fluors, loin d'être fufibles font très-réfractaires au feu; mais il eft vrai qu'ils ont la propriété d'être, comme le borax, des fondans très-actifs; & c'eft probablement à cau

[ocr errors]
[ocr errors]

(a) Expériences de M. Marcgraff, dans les obfervations fur la Phyfique, tome I, premièr partie, Juillet 1772.

(b) Lettres de M. le docteur Demefte, tome I, page 320.

[ocr errors]

fe de cette propriété fondante, qu'on leur a donné le nom de fpaths fufibles (c); mais on ne voit pas pourquoi ils font dénommés paths vitreux fufibles, puifque de tous les fpaths, il n'y a que le feul feld-fpath qui foit en effet vitreux

& fufible.

Quelques habiles Chimiftes ont confondu ces fpaths fluors avec les fpaths pefans, quoique ces deux fubftances foient très-différentes par leur effence, & qu'elles ne fe reffemblent que par de légères propriétés; les fpaths fluors réduits en poudre, prennent par le feu de la phosphorence comme les fpaths pefans (d); mais ce caractère eft équivoque, puifque les coquilles & autres matières calcaires réduites en poudre, prennent, comme les fpaths pefans & les fpaths fluors, de la phofphorence par l'action du feu; & fi nous comparons toutes les autres propriétés des fpaths pefans avec celles des fpaths fluors, nous verrons que leur effence n'eft pas la même, & que leur origine eft bien différente. Les fpaths pefans font d'un tiers plus denfes que les fpaths fluors (e), & cette feule propriété effentielle démontre déjà que leurs fubftances font trèsdifférentes: M. Romé de l'Ile fait mention de quatre principales fortes de fpaths fluors (f); dont les couleurs, la texture & la forme de criftallifation diffèrent beau

(c) Quoique les fpaths fufibles foient très-réfractaires au feu, lorfqu'on les expofe feuls à l'action du feu, ils ont cependant la propriété d'accélérer la fufion des métaux, & même fis fe vitrifient très-promptement fi on les mêle avec des terres métalliques ou du quartz, ou de la terre calcaire, ou enfin de l'alkali fixe, ce qui les a fait regarder avec raison, comme d'ex.cellens fondans. Lettres de M. le docteur Demefte, tome I, page 324.

(d) Lorfqu'on les réduit en poudre, & qu'on projette cette poudre fur une pelle rougie au feu ou des charbons ardens, elle devient phofphorefcente, & cette propriété peut faire diftinguer ces fpaths de toute autre fubftance pierreufe: cependant cette phofphorefcence n'arrive que dans les fpaths colorés, & ceffe dans ceux-ci à l'inftant où leur couleur est détruite par le feu. Criftallographie de M. Romé de Lifle, tome I, pages 5 & fuiv.

"

(e) La pefanteur fpécifique du fpath pefant, dit pierre de Bologne, eft de 44409; celle du fpath pefant octaèdre, de 44712: tandis que celle du fpath fluor d'Auvergne, n'eft que de 2230943; celle du fpath fluor cubique violet, 31757; celle du fpath fluor cubique blanc, 31555-" Tables de M. Briffon.

(f) 1. Le fpath fufible (fluor) cubique, & c'eft la forme qu'il affecte le plus communément. Rien n'eft plus rare que de trouver ces cubes folitaires; ils forment ordinairement des groupes plus ou moins confiderables dans les mines de Bohème, de Saxe, d'Angleterre & des autres pays. On les diftingue à raifon de leur couleur:

1. En Spaths vitreux blancs, le plus fouvent diaphanes, mais quelquefois opaques & d'un blanc-mat:

2. En faules aigues-marines, d'un vert ou d'un bleu-pâle :

3. En faulles émeraudes, d'un vert plus ou moins foncé :

4. En faulles topazes, d'un jaune plus ou moins clair:

5. En faulles amethyftes, de couleur pourpre ou violette:

6. En faux rubis balais, ou d'un rouge-pale:

7. En faux faphirs, ou de couleur bleue.

Toutes ces variétés fe trouvent en cubes plus ou moins grands.... Ces criftaux font prefque toujours incruftés ou mélangés de petits criftaux de quartz, de blendes, de pyrites, de galène, de fpath calcaire, & de mines de fer fpathique.

La feconde efpèce eft le fpath fufible aluminiforme, c'eft-à-dire, de figure octaède rectangulaire: tels font ces fpaths vitreux octaèdres de Suède, l'un de couleur verte cité par M. de Born, & un autre clair & fans couleur dont parle Cronfted; tels font encore les fpaths fufibles d'un vert-clair ou bleuâtre, qui fe rencontrent dans le commerce fous le nom d'émeraudes mo= rillon ou de Carthagène, les faux-rubis balais de Suiffe. L'hyacinthe de Compostelle cft une variété de cette feconde espèce.

La

beaucoup, mais tous font à-peu-près d'un tiers plus légers que les fpaths pefans, qui d'ailleurs n'ont, comme les pierres précieuses, qu'une fimple réfraction, & font par conféquent homogènes, c'est-à-dire, également denfes dans toutes leurs parties; tandis que les fpaths fluors au contraire offrent, comme tous les autres criftaux vitreux ou calcaires, une double réfraction (g), & font compofés de différentes fubftances ou du moins de couches alternatives de différente denfité.

Les fpaths fluors font diffolubles par les acides, même à froid, quoique d'abord il n'y ait que peu ou point d'effervefcence, au lieu que les fpaths pefans réfiftent conftamment à leur action, foit à froid, foit à chaud: ils ne contiennent donc point de matière calcaire, & les fpaths fluors en contiennent en affez grande quantité, puifqu'ils fe diffolvent en entier par l'action des acides.

Ces fpaths fluors font plus durs que les fpaths calcaires, mais pas affez pour étinceler fous le briquet, fi ce n'eft dans certains points où ils font mêlés de quartz, & c'eft par-là qu'on les diftingue aifément du feld-fpath, qui de tous les fpaths, eft le feul étincelant fous le choc de l'acier: mais ces pats fluors diffèrent encore effentiellement du feld-fpath par leur denfité qui eft confidérablement plus grande (h), & par leur réfiftance au feu auquel ils font trèsréfractaires, au lieu que le feld-fpath y eft très-fufible; & d'ailleurs, quoiqu'on les ait dénommés paths vitreux, parce que leur caffure reffemble à celle du verre, il eft certain que leur fubftance eft différente de celle du feld-spath & de tous les autres verres primitifs; car l'un de nos plus habiles Minéralogiftes, M. Monnet, a reconnu par l'expérience, que ces fpaths fluors font principalement compofés de foufre & de terre calcaire. M. de Morveau a vérifié les expériences de M. Monnet (), qui confiftent à dépouiller ces fpaths de leur foufre. Leur terre défoufrée préfente les propriétés effentielles de la matière calcaire; car elle fe réduit en chaux & fait effervefcence avec

La troisième espèce eft le fpath fufible en ftalactites ou par maffes informes.... Le tissu de ee fpath eft toujours lamelleux, mais quelquefois fi ferré qu'à peine les lames y font elles apparentes... Ils font en général mêlés de plufieurs fubftances hétérogènes qui fouvent y forment des veines ou des zig-zag. On en trouve de blancs, de verts ou verdâtres qu'on vend fous le faux nom de prime d'émeraude, des bleus auxquels on donne le nom de prime de Saphir de rougeâtres, de violets, de jaunes & de bruns; & fouvent ces couleurs fe trouvent mélangées, & même par veines affez diftinctes dans le même morceau.

La quatrième efpèce, font les fpaths fufibles grenus, don't les grains reffemblent à des grains de fel, ce qui fe trouve auffi dans certains marbres grenus: felon Wallerius, il y en a de blancs, de jaunâtres, de bleus & de violets. Cristallographie, par M. Romé de Lifle, tome II, pages 7 & fuiv.

(g) L'on trouve aux environs de Vignori, dans une recoupe que l'on a faite pour adoucir la pente du chemin, des roches qui renferment des criftaux de fpath fufible, lequel a la propriété du cristal d'fflande, de faire apercevoir les objets doubles. Mémoires de Phyfique, par M. de Grignon, page 338..

(b) La pefanteur fpécifique des fpaths fluors, eft, comme l'on vient de le voir, de 30 à 31 milles, & celle du feld-fpath n'est que de 25 à 26000.

(i) Je viens de vérifier une chofe que M. Monnet avoit avancée, & qui m'avoit fort étonné, c'eft que le fpath fluor feuilleté, fi commun dans les mincs métalliques, eft un compofé de foufre & de terre calcaire. Lettre de M. de Morveau à M. de Buffon, datée de Dijon, Avril 1779.

[blocks in formation]

les acides: il n'eft donc pas néceffaire de fuppofer dans ces fpaths fluors, comme l'ont fait M. Bergmann & plufieurs Chimiftes après lui, une terre de nature particulière, différente de toutes les terres connues, puifqu'ils ne font réellement compofés que de terre calcaire mêlée de foufre.

[ocr errors]
[ocr errors]

M. Schéele avoit fait, avant M. Monnet, des expériences fur les fpaths fluors blancs & colorés, & il remarque avec raifon, que ces fpaths diffèrent effentiellement de la pierre de Bologne ou fpath pefant, ainfi que de l'albâtre & des pierres féléniteufes qui font phofphoriques, lorfqu'elles ont été calcinées fur les charbons (k): cet habile Chimifte avoit en même temps cru reconnoître que ces fpaths fluors font compofés d'une terre calcaire combinée, dit-il, avec un acide qui leur eft propre & qu'il ne défigne pas (1); il ajoute feulement que l'alun & le fer femblent n'être qu'accidentels à leur compofi tion. Ainfi M. Monnet eft le premier qui ait reconnu le foufre, c'est-à-dire, l'acide vitriolique uni à la fubftance du feu, dans ces fpaths fluors.

99

M. le docteur Demefte, que nous avons fouvent eu occafion de citer avec éloge, a recueilli avec difcernement & avec fon attention ordinaire, les principaux faits qui ont rapport à ces fpaths, & je ne peux mieux terminer cet article qu'en les rapportant ici d'après lui. La Nature, dit-il, nous offre , les fpaths phofphoriques en maffes plus ou moins confidérables, tantôt informes & tantôt criftallifées; ils font plus ou moins tranfparens, pleins de fentes ou félures, & leurs couleurs font fi variées, qu'on les défigne ordinairement par le nom de la pierre précieufe colorée dont ils imitent la nuance.... J'ai vu beaucoup de ces fpaths informes près des alunières, entre Civita-Vecchia & la Tolfa; ils y fervent de gangue à quelques filons de la ,, mine de plomb fulfureufe, connue fous le nom de galène; on les trouve ,, fréquemment mêlés avec le quartz en Auvergne & dans les Vofges, & avec le fpath calcaire dans les mines du comté de Derby en Angleterre.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

99

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Quoique ces fpaths phofphoriques, & fur-tout ceux en maffes informes, foient ordinairement fendillés, cela n'empêche pas qu'ils ne foient fufceptibles d'un fort beau poli; on en rencontre même des pièces affez confidérables pour en pouvoir faire de petites tables, des urnes, & autres vafes dé,, fignés fous les noms de prime d'émeraude, de prime d'améthyste, &c. M. Romé ,, de Lifle a nommé albâtres vitreux, ceux de ces fpaths qui, formés par dépôt comme les albâtres calcaires, font auffi nuancés par zones ou rubans de différentes couleurs, ainfi qu'on en voit dans l'albâtre oriental. Ces albâtres vitreux fe trouvent en abondance dans certaines provinces d'Angleterre, & fur-tout dans le comté de Derby: ils font panachés ou rubanés des plus vives couleurs, & fur-tout de différentes teintes d'améthyftes fur un fond blanc, mais ils font toujours étonnés, & comme formés de pièces de rap,, port dont on voit les joints, ce qui eft un effet de leur criftallisation rapide & confufe; j'en ai vu à Paris, de très-belles pièces qui y avoient été ap,, portées par M. Jacob Forfter.... On rencontre auffi quelquefois de ce même fpath en ftalactites coniques, & même en ftalagmites ondulées; mais (k) Voyez les observations fur la Phyfique, tome II, partie II, feconde année, Oftobre 1772, page 80. (1) Idem, page 83.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[merged small][ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

left beaucoup plus ordinaire de le trouver criftallifé en groupes plus ou moins confidérables, & dont les cubes ont quelquefois plus d'un pied de largeur fur huit à dix pouces de hauteur; ces cubes, tantôt entiers, tantôt ,, tronqués aux angles ou dans leurs bords, varient beaucoup moins dans leur forme que les rhombes du fpath calcaire; en récompenfe leur couleur est ,, plus variée que celle des autres fpaths: ils font rarement d'un blanc mat, ,, mais lorsqu'ils ne font pas diaphanes ou couleur d'aigue-marine, ils font jaunes, ou rougeâtres, où violets, ou pourpre, ou rofe, ou verts, & quel», quefois du plus beau bleu (m).”

[ocr errors]

Il me refte feulement à obferver que la terre calcaire étant la bafe de ces fpaths fluors, j'ai cru devoir les rapporter aux pierres mélangées de matière calcaire; tandis que la pierre de Bologne & les autres fpaths pefans, tirant leur origine de la terre végétale & ne contenant point de matière calcaire doivent être mis au nombre des produits de la terre limoneufe, comme nous tâcherons de le prouver dans la fuite de cet Ouvrage.

(m) Lettres du docteur Demefte, &c., tome 1, pages 325 & suiv.

LA

STALACTITES DE LA TERRE VÉGÉTALE.

A terre végétale prefque entièrement compofée des détrimens & du réfidu des corps organifés, retient & conferve une grande partie des élémens actifs dont ils étoient animés: les molécules organiques qui conftituoient la vie des animaux & des végétaux, s'y trouvent en liberté, & prêtes à être faifies ou pompées pour former de nouveaux êtres: le feu, cet élément facré, qui n'a été départi qu'à la Nature vivante dont il anime les refforts; ce feu qui maintenoit l'équilibre & la force de toute organisation, fe retrouve encore dans les débris des êtres déforganifés, dont la mort ne détruit que la forme & laiffe fubfifter la matière, contre laquelle fe brifent fes efforts; car cette même matière organique, réduite en poudre, n'en eft que plus propre à prendre d'autres formes, à fe prêter à des combinaisons nouvelles, & à rentrer dans l'ordre vivant des êtres organifés.

il

Et toute matière combuftible provenant originairement de ces mêmes corps organifés, la terre végétale & limoneufe eft le magafin général de tout ce qui peut s'enflammer ou brûler: mais dans le nombre de ces matières combustibles, y en a quelques-unes, telles que les pyrites, où le feu s'accumule & fe fixé en fi grande quantité qu'on peut les regarder comme des corps ignés, dont la chaleur & le feu fe manifeftent dès qu'ils fe décompofent. Ces pyrites ou pierres de feu, font de vraies ftalactites de la terre limoneufe, & quoique mêlées de fer, le fond de leur fubftance eft le feu fixé par l'intèrmède de l'acide; elles font en immenfe quantité, & toutes produites par la terre végé

་ཟ་

« PredošláPokračovať »