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DE L'ÉTAIN.

CE métal, le plus léger de tous (a), n'est pas à beaucoup près auffi répandu que les cinq autres; il paroît affecter des lieux particuliers, & dans lefquels il se trouve en grande quantité; il est aussi très-rarement mêlé avec l'argent, & ne fe trouve point avec l'or; nulle part ne se présente fous fa forme métallique (b), & quoiqu'il y ait d'assez grandes variétés dans fes mines, elles font toutes plus ou moins mêlées d'arfenic. On en connoît deux fortes principales; la mine en pierre

(a) Le pied cube d'étain pur de Cornouailles fondu & non battu, pèfe, fuivant M. Briffon, 510 livres 6 onces 2 gros 68 grains, & lorfque ce même étain eft battu ou écroui, le pied cube pèfe 510 livres 15 onces 2 gros 45 grains; ce qui démontre que ce métal n'est que peu fufceptible de compreffion. L'étain de Melac ou de Malaca, fondu & non battu, pèfe le pied cube 510 livres 11 onces gros 61 grains; & lorfqu'il eft battu ou écroui, il pèfe 511 livres 7 onces 2 gros 17 grains; ainfi cet étain de Malaca peut fe comprimer un peu plus que l'étain de Cornouailles. La pefanteur fpécifique de l'étain fin & de l'étain commun, eft beaucoup plus grande, parce que ces étains font plus ou moins alliés de cuivre & de plomb.

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(b) Quelques auteurs ont écrit qu'on avoit trouvé des morceaux d'étain natif dans les mines d'étain de Bohème & de Saxe, mais cela est très-douteux; & l'étain que l'on voit dans les Cabinets fous le nom d'étain natif, qui a une figure de ftalactite non cylindrique, mais ondulée ou bouillonnée & argentine, & qu'on prétend qui fe trouve dans la prefqu'île de Malaca, nous paroît formé par le feu des volcans. Bomare; Minéralogie, tome II, article de l'Étain.

vitreuse ou roche quartzeufe, dans laquelle l'étain est difféminé, comme le fer l'eft dans fes mines primordiales; & la mine cristallisée qui eft ordinairement plus riche que la première.

Les criftaux de ces mines d'étain font très-apparens, très-diftincts, & ont quelquefois plus d'un pouce de longueur. Dans chaque minière, & fouvent dans la même, ils font de couleurs différentes; il y en a de noirs, de blancs, de jaunes, & de rouges comme le grenat; les cristaux noirs font les plus communs & les plus riches en métal: il paroit que le foie de soufre, qui noircit la surface de l'étain, a eu part à la minéralisation de ces mines en criftaux noirs; quelques-unes 'de ces mines donnent foixante-dix, & jufqu'à quatrevingts livres d'étain par quintal (c). Les criftaux blancs pèfent plus qu'aucun des autres, & cependant ils ne rendent que trente ou quarante livres de métal par cent; dans les mines de Saxe, les criftaux rouges & les jaunes font plus rares que les noirs & les blancs; toutes ces mines en criftaux fe réduifent aifément en étain, par la fimple addition de quelques matières inflammables, ce qui démontre que ce ne font que des chaux, c'est-à-dire du métal calciné, & qui s'est ensuite criftallifé par l'intermède de l'eau.

Dans la feconde forte de mines d'étain, c'est-à-dire,

(c) Traité de la fonte des mines de Schlutter, teme I, page 215.

dans celles qui font en pierre ou roche, le métal, ou plutôt la chaux de l'étain, est si intimément incorporée avec la pierre, que ces mines font très - dures & trèsdifficiles à fondre. La plupart des mines de Cornouailles en Angleterre, celles de Bohème & quelques-unes de la Saxe, font de cette nature; elles fe trouvent quelquefois mêlées de mines en criftaux; mais d'ordinaire ces mines en pierre font feules & fe trouvent en filons, en couches, en rognons, en grenailles; fouvent le roc qui les renferme eft fi dur qu'on ne peut le faire éclater qu'en le petardant avec la poudre, & qu'on eft quelquefois obligé de le calciner auparavant pour l'attendrir, en faisant un grand feu pendant plusieurs jours dans l'excavation de la mine; enfuite lorfqu'on en a tiré les blocs, on eft obligé de les faire griller avant de les broyer, fous le bocard où la mine fe lave en même temps qu'elle fe réduit en poudre; & il faut encore faire griller cette poudre métallique avant qu'on ne puiffe la réduire en métal.

Si la mine d'étain, ce qui eft affez rare, se trouve mêlée d'argent, on ne peut féparer ces deux métaux qu'en faisant vitrifier l'étain (d); fi elle est mêlée de

(d) De tous les moyens que l'on indique pour féparer l'argent de l'étain, le meilleur & le plus fimple eft d'employer le fer. M. Grosse a trouvé ce moyen en effayant une forte de plomb, pour voir s'il pouvoit être employé aux Coupelles; car on s'étoit aperçu qu'il étoit allié d'étain. Il jeta deffus de la limaille de fer & donna un bon

minérai de cuivre, la mine d'étain, plus pefante que celle de cuivre, s'en fépare par le lavage; mais lorfqu'elle eft mêlée avec la mine de fer, on n'a pas trouvé d'autre moyen de féparer ces deux métaux qu'en les broyant à fec, & en tirant enfuite le fer au moyen de l'aimant.

Après que le minérai d'étain a été grillé & lavé, on le porte au fourneau de fufion qu'on a eu soin de bien chauffer auparavant; on le remplit en parties égales de charbon & de mine humectée; on donne le feu pendant dix ou douze heures, après quoi l'on perce le

feu.... En peu de temps le plomb fe couvrit d'une nappe formée par l'étain & le fer; alors il eft bon d'ajouter un peu de fel alkali fixe pour faciliter la féparation de ces fcories d'avec le régule. Cette pratique peut être employée à séparer l'étain de l'argent; mais avant d'y ajouter le fer, il faut y mettre le plomb, fans quoi la fonte se feroit difficilement & même imparfaitement, parce que l'étain fe calcineroit fans fe féparer de l'argent. Il n'y a point de meilleur II moyen de remédier aux coupelles dont le plomb fe hérifle ou végette à

l'occafion de l'étain.

Mais fi on avoit de l'or & de l'argent alliés d'étain, il faudroit calciner vivement ces métaux dans un creufet afin de vitrifier l'étain, & enfuite pour enlever ce verre d'étain, ou même pour perfectionner fa vitrification, il fuffiroit de jeter dans le creufet un peu de verre de plomb. M. Groffe, cité par M. Hellot dans le Traité de la fonte des mines de Schlutter, tome I, page 226. Nota. Ce procédé pour la calcination de l'étain ne peut fe faire dans un creufet que trèslentement & par une manoeuvre pénible, au lieu que cette opération fe fait facilement, promptement & complétement fur un test à rôtir, Note communiquée par M. de Morveau.

creufet du fourneau pour laiffer couler l'étain qu'on reçoit dans des lingotières; on recueille auffi les scories pour les refondre & en retirer le métal qu'elles ont retenu, & qu'on ne peut obtenir en entier que par plufieurs fufions. En Saxe, l'on fond ordinairement dix-huit ou vingt quintaux de mines en vingt-quatre heures, mais il est très-nécessaire de faire bien griller & calciner le minérai avant de le porter au fourneau de fufion, afin d'en faire fublimer, autant qu'il est poffible, l'arfenic qui s'y trouve fi intimement mêlé qu'on n'a pu trouver encore les moyens de l'enlever en entier & de le féparer parfaitement de l'étain ; & comme les mines de ce métal font toutes plus ou moins arsenicales, il faut non-feulement les griller, les broyer & les laver une première fois; mais réitérer ces mêmes opérations, deux, trois & quatre fois, felon que le minérai est plus ou moins chargé d'arsenic, qui dans l'état de nature, paroît faire partie conftituante de ces mines; ainfi l'étain & l'arfenic, dès les premiers temps de la formation des mines par l'action du feu primitif, ont été incorporés ensemble; & comme il ne faut qu'un très - médiocre degré de chaleur pour tenir l'étain en fufion, il aura été entièrement calciné par la violente chaleur du feu primitif, & c'est par cette raison qu'on ne le trouve nulle part dans le fein de la terre fous fa forme métallique ; & comme il a plus d'affinité avec l'arsenic qu'avec toute autre matière, leurs parties

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