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Quoique l'étain foit le plus léger des métaux, fa mine, dans laquelle il est toujours en état de chaux, est spécifiquement plus pefante qu'aucune de celles des autres métaux minéralisés, & il paroît que cette grande pefanteur provient de fon intimité d'union avec l'arfenic; car en traitant ces mines, on a obfervé que les plus pefantes font celles qui contiennent en effet une plus grande quantité de ce minéral. Les minérais d'étain, soit en pierre, soit en cristaux, soit en poudre ou fablon, font donc toujours mêlés d'arfenic, mais fouvent ils contiennent auffi du fer; ils font de différentes couleurs, les plus communs font les noirs & les blancs; mais lorsqu'on les broie, leurs couleurs s'exaltent & ils deviennent plus ou moins rouges par cette comminution. Au refte, les fables ou poudres métalliques qu'on trouve souvent dans les mines d'étain n'en font que des détrimens, & quelquefois ces détrimens font fi fort altérés qu'ils ont perdu toute consistance, & presque toutes les propriétés métalliques. Les Mineurs ont appelé mundick, cette pouffière qu'ils rejettent comme trop appauvrie, & dont en effet on ne peut tirer, avec beaucoup de travail, qu'une très-petite quantité d'étain, la substance de ce mundick n'eft pour la plus grande partie que de l'arsenic décomposé (i).

(i) On diftingue aifément le mundick des autres mines par fa couleur brillante, mais cependant brune & fale, & dont elle teint

les doigts.... Les mineurs allurent qu'ils ne trouvent que peu ou

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Comme l'étain ne fe trouve qu'en quelques contrées particulières, & que fes mines en général, font affez difficiles à extraire & à traiter, on peut croire avec fondement, que ce métal n'a été connu & employé que long-temps après l'or, l'argent & le cuivre, qui se font présentés dès les premiers temps fous leur forme métallique; on peut dire la même chose du plomb & du fer; ces métaux n'ont vraisemblablement été employés que les derniers; néanmoins la connoiffance & l'usage des fix métaux, date de plus de trois mille cinq cents ans; ils font tous nommés dans les Livres facrés; les armes d'Achilles, faites par Vulcain, étoient de cuivre allié d'étain (k); les Hébreux & les anciens

point d'étain dans les endroits où ils rencontrent du mundick.... Et il eft für que fi on laisse du mundick parmi l'étain qu'on veut fondre, il le rend épais & moins ductile.... Les mineurs regardent cette substance, mundick, comme un poifon, & croient que c'est une espèce d'arfenic.... Il en fort en effet une puanteur très-dangereufe lorfqu'on le brûle pour le féparer de l'étain. Merret, Collec tion académique, partie étrangère, tome II, pages 480 & fuiv.... On diftingue aisément ce mundick du minérai d'étain, car le mundick s'attache aux doigts & les falit; cette matière, fi elle reste avec l'étain, le gâte, lui ôte fon éclat & le rend caffant. Le feu diffipe le mundick & l'odeur en eft pernicieuse. M. Hellot ayant examiné cette matière, l'a trouvée presque en tout semblable à une mine bitumineuse d'arfenic, qui fut envoyée de Sainte-Marie-aux-Mines. Minéralogie de M. de Bomare, tome II, pages 111 & suiv.

(k) Homère nous dit auffi que les Héros de Troie, couvroient de plaques d'étain la tête des chevaux attelés à leur char de bataille;

Grecs ont donc employé ce dernier métal (1), & comme les grandes Indes leur étoient inconnues, & qu'ils n'avoient commerce avec les Nations étrangères que par les Phéniciens (m), il est à préfumer qu'ils tiroient cet étain d'Angleterre, ou qu'il y avoit dans ce temps, des mines de ce métal en exploitation dans l'Afie mineure, lesquelles depuis ont été abandonnées (n). Actuellement on ne connoît en Europe, ou plutôt on ne travaille les mines d'étain qu'en Angleterre & en quelques provinces de l'Allemagne ; ces mines font trèsabondantes & comme accumulées les unes auprès des autres dans ces contrées: ce n'est pas qu'il n'y en ait

mais il ne paroît pas qu'au temps du fiége de Troie, les Grecs fe ferviffent de vases d'étain fur leur table; car Homère fi fidèle à repréfenter toutes les coutumes, ne dit rien à ce fujet, tandis qu'il fait plus d'une fois mention des chaudrons d'airain dans lefquels les Capitaines & les Soldats faifoient cuire leur viande.

(1) Les anciens Romains fe fervoient de miroirs d'étain que l'on fabriquoit à Brindes, & il y a toute apparence que cet étain étoit mêlé de bifiuth. Specula ex flanno laudatiffima Brundufii temperabantur, donec argenteis uti cæpere & ancillæ. Plin. lib. XXXIV, cap. XVII.

(m) Le prophète Ezéchiel, en s'adreffant à la ville de Tyr, lui dit, les Cathaginois trafiquoient avec vous, ils vous apportoient toutes fortes de richesses, & rempliffoient vos marchés d'argent, de plomb & d'étain. Chap. XXVII, v. 12.

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(n) Nota. Woodward prétend, peut-être pour l'honneur de fa nation, que les anciens Bretons faifoient commerce avec les Phéniciens, & leur fourniffoient de l'étain dès la plus haute antiquité; mais ce favant Naturalifte ne cite pas les garans de ce fait.

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ailleurs, mais elles font fi pauvres en comparaifon de celles de Cornouailles en Angleterre, & de celles de Bohème & de Saxe, qu'on les a négligées ou tout-àfait oubliées.

En France, on a reconnu des mines d'étain dans la province de Bretagne, & comme elle n'est pas fort éloignée de Cornouailles, il paroît qu'on pourroit y chercher ces mines avec efpérance de fuccès; on en a auffi trouvé des indices en Anjou, au Gévaudan & dans le comté de Foix (0). On en a reconnu en Suiffe (p); mais aucune de ces mines de France & de Suiffe, n'ont été fuivies ni travaillées. En Suède, on a découvert & exploité deux mines d'étain qui fe font trouvées affez riches en métal (q); mais les plus riches de toute l'Europe,

(0) Dans le Gévaudan, il y a dans la paroiffe de Veuron, selon M. de Murville, une mine d'étain qu'on pourroit traiter avec fuccès... Suivant Malus, il y a de l'etain dans les montagnes de la vallée d'Usion au comté de Foix.... Et en Anjou, fuivant Piganiol, il y a dans Ja paroiffe de Courcelles des mines d'argent, de plomb & d'étain. Traité de la fonte des mines de Schlutter, tome I, pages 24, 41 & 63.

(p) La montagne Aubrig, dans le canton de Schwitz en Suisse, renferme de l'étain qui eft mêlé de pierres lenticulaires & de peignes. M. Guettard; Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1752, page 330.

(q) On a découvert dans la province de Danmora une mine d'étain mêlée de fer, dont M. Richman a donné la description; elle est plus dure & moins pefante que les mines d'étain de Saxe & moins abondante en étain. M. Brandt en ajoute une autre découverte auprès

de

l'Europe, font celles des provinces de Cornouailles (1)

de Weftanfors dans la Werftmanie, elle a encore moins d'étain, moins de pefanteur spécifique & plus de fer. Bibliothèque raisonnée, tome XLI, page 27.

(r) Les mines de Cornouailles font de couleurs différentes; il y en a de fix fortes, de la pâle, de la grife, de la blanche, de la brune, de la rouge & de la noire: cette dernière eft la plus riche & la meilleure, & cependant les plus riches de toutes ne donnent que cinquante pour cent; on trouve dans le Sparr, qui fait fouvent la gangue de cette mine, des cristaux affez durs pour couper le verre, lefquels font quelquefois d'un rouge-tranfparent, & ont l'éclat du rubis. Sur ce Sparr on trouve auffi une autre forte de fubftance femblable à une pierre blanche, tendre, que les mineurs appellent kelum, qui laisse une écume blanche lorfqu'on la lave dans l'eau en fortant de la mine: il femble que ce foit la même matière que le Sparr, & qu'elle n'en diffère que par le degré de pétrification criftalline. . . . & à l'égard des criftaux d'étain, on peut affurer qu'ils font toujours mêlés d'arfenic, dont ils répandent l'odeur & même des particules farineufes par une fimple calcination fur une pèle à feu.... Les criftaux blancs font ceux qui font le plus mêlés d'arfenic, ils font les plus réfractaires au feu, & ce font les plus rares. Il y a d'autres cristaux d'étain d'un jaune d'or qui font auffi affez rares, autre part que dans la Heffe. D'autres criftaux qui font d'une couleur rouge tirant communément fur celle du spath rose ou du petit rubis; ils font pour l'ordinaire un peu transparens; il y a auffi des criftaux d'étain tranfparent de couleur violette; ils produifent abondamment dans la fonte; on en trouve en Hongrie, dont la figure eft prefque cubique, & accompagnée quelquefois de pyrites fulfureufes; il y a auffi des cristaux bruns qui ont fouvent une figure fort bizarre, leur couleur est assez femblable à celle des grenats bruts ordinaires; il y en a auffi de verts <qui ne pèlent pas autant que les bruns, & qui cependant rendent beaucoup à la fonte; ils forment des efpèces de quilles à huit pans, Minéraux, Tome III.

S

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