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ce liquide fi denfe n'entre pas comme principe dans la compofition des métaux, & qu'on ne puiffe le retirer d'aucun minéral métallique. Recherchons donc, fans préjugé, quelle peut être l'effence de ce minéral amphibie, qui participe de la nature du métal & de celle de l'eau; rassemblons les principaux faits que la Nature nous préfente, & ceux que l'Art nous a fait découvrir fur fes différentes propriétés avant de nous arrêter à notre opinion.

Mais ces faits paroiffent d'abord innombrables; aucune matière n'a été plus effayée, plus maniée, plus combinée; les Alchimiftes fur-tout, perfuadés que le mercure ou la terre mercurielle étoit la bafe des métaux, & voyant qu'il avoit la plus grande affinité avec l'or & l'argent, ont fait des travaux immenses pour tâcher de le fixer, de le convertir, de l'extraire; ils l'ont cherché non-feulement dans les métaux & minéraux, mais dans toutes les substances & jusque dans les plantes; ils ont voulu ennoblir, par fon moyen, les métaux imparfaits, & quoiqu'ils aient prefque toujours manqué le but de leurs recherches, ils n'ont pas laiffé de faire plufieurs découvertes intéreffantes. Leur objet principal n'étoit pas abfolument chimérique, mais peut-être moralement impoffible à atteindre; car rien ne s'oppose à l'idée de la tranfmutation ou de l'ennobliffement des métaux, que le peu de puiffance de notre Art, en comparaison des forces de la Nature, & puifqu'elle peut convertir les

élémens, n'a-t-elle pas pu, ne pourroit-elle pas encore transmuer les substances métalliques! Les Chimistes ont cru, pour l'honneur du nom, devoir rejeter toutes les idées des Alchimistes;. ils ont même dédaigné d'étudier & de fuivre leurs procédés; ils ont cependant adopté leur langue, leurs caractères, & même quelques-unes des obfcurités de leurs principes; le phlogistique, fi ce n'eft pas le feu fixe animé par l'air; le minéralisateur, fi ce n'eft pas encore le feu contenu dans les pyrites & dans les acides, me paroiffent auffi précaires que la terre mercurielle & l'eau des métaux; nous croyons devoir rejeter également tout ce qui n'existe pas comme tout ce qui ne s'entend pas, c'est-à-dire, tout ce dont on ne peut avoir une idée nette; nous tâcherons donc, en faisant l'histoire du mercure, d'en écarter les fables autant que les chimères.

Confidérant d'abord le mercure tel que la Nature nous l'offre, nous voyons qu'il ne fe trouve que dans les couches de la terre formées par le dépôt des eaux; qu'il n'occupe pas comme les métaux, les fentes perpendiculaires de la roche du globe, qu'il ne gît pas dans le quartz, & n'en eft même jamais accompagné, qu'il n'est point mêlé dans les minérais des autres métaux; que fa mine à laquelle on donne le nom de cinabre, n'est point un vrai minérai, mais un compofé, par simple juxtaposition, de foufre & de mercure réunis, qui ne fe trouve que dans les montagnes à couches,

& jamais dans les montagnes primitives; que par conféquent la formation de ces mines de mercure, est postérieure à celle des mines primordiales des métaux, puisqu'elle fuppofe le foufre déjà formé par la décomposition des pyrites; nous verrons de plus que ce n'eft que trèsrarement que le mercure fe préfente dans un état coulant, & que quoiqu'il ait moins d'affinité que la plupart des métaux avec le foufre, il ne s'eft néanmoins incorporé qu'avec les pierres ou les terres qui en font furchargées; que jamais il ne leur eft affez intimement uni pour n'en pas être aifément féparé, qu'il n'eft même entré dans ces terres fulfureufes que par une forte d'imbibition, comme l'eau entre dans les autres terres, & qu'il a dû les pénétrer toutes les fois qu'il s'eft trouvé réduit en vapeurs; qu'enfin il ne fe trouve qu'en quelques endroits particuliers, où le foufre s'eft lui-même trouvé en grande quantité, & réduit en foie de foufre par des alkalis ou des terres calcaires, qui lui ont donné l'affinité néceffaire à fon union avec le mercure: il ne fe trouve en effet, en quantité fenfible, que dans ces feuls endroits; par-tout ailleurs, il n'eft que difféminé en particules fi tenues qu'on ne peut les raffembler, ni même les apercevoir que dans quelques circonftances particulières. Tout cela peut fe démontrer en comparant attentivement les obfervations & les faits, & nous allons en donner les preuves dans le même ordre que nous venons de présenter ces affertions.

Des trois grandes mines de mercure, & dont chacune fuffiroit feule aux befoins de tout l'Univers, deux font en Europe & une en Amérique; toutes trois fe préfentent fous la forme folide de cinabre: la première de ces mines eft celle d'Idria dans la Carniole (b); elle eft dans une ardoise noire furmontée de rochers calcaires: la feconde eft celle d'Almaden en Espagne (c),

(b) Idria eft une petite ville fituée dans la Carniole, dans un vallon très-profond, fur les deux bords de la rivière d'Idria dont elle porte le nom; elle eft entourée de hautes montagnes de pierrescalcaires, qui porte fur un fchifte ou ardoife noire, dans les couches duquel font les travaux des fameufes mines de mercure; l'épaiffeur de ce fchifte pénétré de mercure & de cinabre eft d'environ vingt toifes d'Idria, & fa largeur ou étendue eft de deux jufqu'à trois cents toifes; cette riche couche d'ardoife varie, foit en s'inclinant, foit en fe replaçant horizontalement, fouvent même à contre-fens. La profondeur des principaux puits eft de cent onze toiles. Voyez la Defcription des mines d'Idria, par M. Ferber, publiée en 1774.

(c) Almaden eft un bourg de la province de la Manche, qui eft environné du côté du midi de plufieurs montagnes dépendantes de la Sierra Morena ou montagne noire. Ce bourg eft fitué au fommet d'une montagne, fur le penchant & au pied de laquelle, du côté du midi, il y a cinq ouvertures différentes qui conduifent par des chemins fouterrains aux endroits d'où fe tire le cinabre. On ne voit point au-dehors de cette mine ni de ces terres qui caractérifent par quelque couleur extraordinaire le minéral que l'on trouvedans fon fein, ni de ces décombremens qui rendent ordinairement leur entrée difficile, ou qui exhalent quelqu'odeur fenfible.... On tire la mire en gros quartiers maflifs, & ce font des forçats qui font condamnés à ce travail, & qui font emprifonnés dans une enceinte qui environne l'un des puits de la mine,... Les veines

dont les veines font dans des bancs de grès (d): la troisième eft celle de Guanca-velica, petite ville à foixante

qui paroiffent au fond de l'endroit où les mineurs travaillent, font de trois fortes. La plus commune eft de pure roche de couleur grifâtre à l'extérieur, & mêlée dans fon intérieur de nuances rouges, blanches & cristallines. Cette première veine en contient une feconde dont la couleur approche de celle du minium.

La troisième est d'une fubftance compacte, très-pefante, dure & grenue comme celle du grès, & d'un rouge mat de brique, parfemée d'une infinité de petits brillans argentins.

Parmi ces trois fortes de veines qui font les feules utiles, fe trouvent différentes autres pierres de couleur grifâtre & ardoifée, & deux fortes de terre graffe & onctueufe, blanche & grife que l'on rejette. Extrait du Mémoire de M. de Juffieu, dans ceux de l'Académie des Sciences, année 1719, pages 350 & fuivantes.

(d) La ville d'Almaden compofée de plus de trois cents maisons, avec l'églife, font bâties fur le cinabre.... La mine eft dans une montagne dont le fommet eft une roche nue fur laquelle on aperçoit quelques petites taches de cinabre.... Dans le refte de la montagne on trouve quelques petites veines d'ardoise avec des veines de fer, lefquelles à la fuperficie fuivent la direction de la colline.... Deux veines traversent la colline en longueur; elles ont depuis deux à quatorze pieds de large. En certains endroits il en fort des rameaux qui prennent une direction différente.... La pierre de ces veines eft la même que celle du refte de la colline qui est du grès semblable à celui de Fontainebleau; elle fert de matrice au cinabre qui eft plus ou moins abondant, felon que le grain eft plus ou moins fin; quelques-uns des morceaux de la même veine renferment jusqu'à dix onces de vif-argent par livre, & d'autres n'en contiennent que trois....

La hauteur de cette colline d'Almaden eft d'environ cent vingt

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