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mercure peut fe féparer de fa mine, & c'eft par cette
raifon qu'on le trouve fi rarement dans fon état coulant.
Il n'eft donc entré dans les matières terreufes que par
imbibition comme toute autre liquide, & il s'y eft uni
au moyen de la combinaifon de leurs alkalis avec le
foufre; & cette imbibition ou humectation paroît bien
démontrée, puifqu'il fuffit de faire chauffer le cinabre
pour
le deffécher (b), c'est-à-dire, pour enlever le
mercure, qui dès-lors s'exhale en vapeurs, comme l'eau
s'exhale par le defféchement des terres humectées.

Le mercure a beaucoup moins d'affinité que la plupart des métaux avec le foufre, & il ne s'unit ordinairement avec lui que par l'intermède des terres alkalines; c'eft par cette raison qu'on ne le trouve dans aucune mine pyriteuse ni dans les minérais d'aucun métal, non plus que dans le quartz & autres matières vitreuses produites par le feu primitif; car les alkalis ni le foufre, n'exiftoient pas encore dans le temps de la formation des matières vitreufes ; & quoique les pyrites, étant d'une formation poflérieure, contiennent déjà les principes du foufre, c'eft-à-dire, l'acide & la fubstance du feu, ce foufre n'étoit ni développé ni formé, & ne

(b) Nota. Ceci eft exactement vrai pour tout cinabre qui contient une bafe terreufe capable de retenir le foufre; cependant on doit excepter le cinabre qui ne feroit uniquement compofé que de foufre & de mercure, car il fe fublimeroit plutôt que de fe décompofer; mais ce cinabre fans base terreuse ne se trouve guère dans la Nature, Gg

Minéraux, Tome III.

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pouvoit par conféquent se réunir à l'alkali, qui lui-même n'a été produit qu'après la formation des pyrites, ou tout au plus tôt en même temps.

Enfin, quoiqu'on ait vu par l'énumération que nous avons faite de toutes les mines connues, que le mercure ne se trouve en grande quantité que dans quelques endroits particuliers, où le foufre tout formé s'est trouvé réuni aux terres alkalines, il n'en faut cependant pas conclure que ces feuls endroits contiennent toute la quantité de mercure exiftante; on peut, & même on doit croire au contraire qu'il y en a beaucoup à la furface & dans les premières couches de la terre; mais que ce minéral fluide étant par la nature fufceptible d'une divifion prefque infinie, il s'eft difféminé en molécules fi ténues qu'elles échappent à nos yeux, & même à toutes les recherches de notre Art, à moins que par hafard, comme dans les exemples que nous avons cités, ces molécules ne fe trouvent en affez grand nombre pour pouvoir les recueillir ou les réunir par la fublimation. Quelques Auteurs ont avancé qu'on a tiré du mercure coulant, des racines d'une certaine plante femblable au doronic (c);

(c) « Selon M. Manfredi, il vient dans la vallée de Lancy » qui eft fituée dans les montagnes de Tunis, une plante femblable » au doronic; on trouve auprès de fes racines du mercure coulant » en petits globules; fon fuc exprimé à l'air dans une belle nuit. fournit autant de mercure qu'il s'eft diffipé de fuc ». Collection académique, partie étrangère, tome II, page 93.

qu'à la Chine on en tiroit du pourpier fauvage (d); je ne veux pas garantir ces faits; mais il ne me paroît pas impoffible que le mercure difféminé en molécules très-petites, foit pompé avec la féve par les plantes, puisque nous favons qu'elles pompent les particules du fer contenu dans la terre végétale.

En faifant fubir au cinabre l'action du feu dans des vaiffeaux clos, il fe fublimera fans changer de nature, c'eft-à-dire, fans fe décompofer; mais en l'expofant au même degré de feu dans des vaisseaux ouverts, le soufre du cinabre fe brûle, le mercure fe volatilife & fe perd dans les airs; on eft donc obligé pour le retenir, de le fublimer en vaiffeaux clos, & afin de le féparer du foufre qui fe fublime en même temps, on mêle avec le cinabre réduit en poudre, de la limaille de fer (e);

(d) Le P. d'Entrecolles rapporte qu'à la Chine on tire du mercure de certaines plantes, & fur-tout du pourpier fauvage, que même ce mercure eft plus pur que celui qu'on tire des mines, & qu'on les diftingue à la Chine par deux différens noms. Lettres édifiantes, 22.′ recueil, page 457.

(e) Si on met le cinabre fur le feu dans des vaiffeaux clos, il fe fublime en entier, fans changer de nature. Si on l'expofe au contraire à l'air libre & fur le même feu, c'eft-à-dire dans des vaisseaux ouverts, il fe décompose, parce que le foufre fe brûle, & alors le mercure fe dégage réduit en vapeurs; mais comme il s'en produit beaucoup par cette manière, on a trouvé moyen de le féparer du foufre en vaiffeaux clos, en offrant au foufre quelqu'intermède qui ait avec lui plus d'affinité qu'il n'en a avec le mercure.... comme l'alkali fixe, la chaux, &c. & même les métaux & demi-métaux,

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ce métal ayant beaucoup plus d'affinité que le mercure avec le foufre, s'en empare à mesure que le feu le dégage, & par cet intermède, le mercure s'élève feul en vapeurs qu'il eft aifé de recueillir en petites gouttes coulantes, dans un récipient à demi plein d'eau. Lorfqu'on ne veut que s'affurer fi une terre contient du

fur-tout le fer, le cuivre, l'étain, le plomb, l'argent, le bismuth & le régule d'antimoine, qui tous ont plus d'affinité avec le foufre que n'en a le mercure, & de toutes ces fubftances, c'est le fer qui eft la plus commode & la plus ufitée pour la décompofition du cinabre en petit; on prend deux parties de cinabre & une partie de limaille de fer non rouillée; on les mêle bien enfemble; on met ce mélange dans une cornue qu'on place dans un fourneau à feu nu, ou dans une capfule, au bain de fable, arrangée de manière qu'on puiffe donner un feu affez fort; on ajoute à la cornue un récipient qui contient de l'eau, & on procède à la diftillation. Le mercure dégagé du foufre par l'intermède du fer, s'élève en vapeurs qui passent dans le récipient, & s'y condensent, pour la plus grande partie, au fond de l'eau en mercure coulant. Il y a auffi une portion du mercure qui refte très-divifée & qui s'arrête à la furface de l'eau, à caufe de la fineffe de fes parties, fous la forme d'une poudre noirâtre, qu'il faut ramaffer exactement pour la mêler avec le mercure en maffe, avec lequel elle s'incorpore facilement. Ce mercure, qu'on paffe enfuite à travers un linge ferré, eft très-pur.... On trouve dans la cornue le foufre du cinabre uni avec le fer, ou l'alkali, ou telle autre matière qu'on aura employée pour le féparer du mercure....

Trois livres de cinabre, fuivant M. Baumé, donnent deux livres deux onces de mercure; la limaille de fer abforbe douze onces & demie de foufre, & il y a perte d'une once & demie. Dictionnaire de Chimie, par M. Macquer, article Cinabre.

mercure ou n'en contient pas, il fuffit de mêler de la poudre de cette terre, avec de la limaille de fer fur une brique, que l'on couvre d'un vafe de verre, & de mettre du feu fous cette brique; fi la terre contient du mercure, on le verra s'élever en vapeurs qui fe condenferont au haut du vafe en petites gouttes de mercure coulant.

Après avoir confidéré le mercure dans fa mine, où il fait partie du folide de la maffe, il faut maintenant l'examiner dans fon état fluide; il a le brillant métallique peut-être plus qu'aucun autre métal, la même couleur, ou plutôt le même blanc que l'argent; fa denfité est entre celle du plomb & celle de l'or; il ne perd qu'un quatorzième de fon poids dans une eau dont le pied cube cft fuppofé pefer foixante - douze livres, & par conféquent le pied cube de mercure pèfe mille huit livres. Les élémens humides ne font fur le mercure aucune impreffion fenfible; fa furface même ne fe ternit à l'air que par la pouffière qui la couvre, & qu'il eft aifé d'en féparer par un fimple & léger frottement; il paroît fe charger de même de l'humidité répandue dans l'air; mais en l'effuyant fa furface reprend fon premier brillant.

On a donné le nom de mercure vierge à celui qui eft le plus pur & le plus coulant & qui fe trouve quelquefois dans le fein de la terre, après s'être écoulé de fa mine par la feule commotion, ou par un fimple

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