Obrázky na stránke
PDF
ePub

les Chimistes ont donné le nom d'éthiops minéral (i); mais malgré ce changement de couleur, & malgré l'apparence d'une union affez intime entre le mercure & le foufre dans ce mélange, il eft encore vrai que ce n'eft qu'une union de contact & très - fuperficielle; car il eft aifé d'en retirer fans perte, & précisément la même quantité de mercure fans la moindre altération; & comme nous avons vu qu'il en est de même lorsqu'on revivifie le mercure du cinabre, il paroît démontré

(i) L'éthiops minéral est une combinaifon de mercure avec une affez grande quantité de foufre; il eft noir.... Il fe fait ou par la fusion ou par la simple trituration.... On fait fondre du foufre dans un vaisseau de terre non vernissé; auffi-tôt qu'il est fondu on y mêle une égale quantité de mercure, en retirant le vaiffeau de dessus le feu. On agite le mélange jufqu'à ce qu'il foit refroidi & figé; il reste après cela une maffe noire & friable qu'on broie & qu'on tamife, & c'eft l'éthiops.

Et lorsqu'on veut faire de l'éthiops fans feu, on triture le mercure avec le foufre dans un mortier de verre ou de marbre, en mettant deux parties de mercure fur trois parties de fleurs de foufre, & on triture jusqu'à ce que le mercure ne soit plus visible... L'union du mercure & du foufre dans l'éthiops n'eft pas fi forte que dans le cinabre; il ne faut pas croire pour cela qu'elle foit nulle, & qu'il n'y ait dans l'éthiops qu'un fimple mélange ou interposition des parties des deux fubftances; il y a adhérence & combinaison réelle. La preuve en eft qu'on ne peut les féparer que par des intermèdes qui font les mêmes que ceux qu'on emploie pour féparer le mercure du cinabre, & cet éthiops peut aifément devenir, étant traité par les procédés chimiques, du véritable cinabre artificiel. Dictionnaire de Chimie, par M. Macquer, article Éthiops.

que le foufre qui altère la plupart des métaux ne cause aucun changement intérieur dans la substance du

mercure.

par

Au reste, lorsque le mercure, par le moyen du feu & l'addition de l'air, prend la forme d'une chaux ou d'une terre en poudre, cette poudre eft d'abord noire, & devient enfuite d'un beau rouge en continuant le feu; elle offre même quelquefois des petits cristaux tranfparens & d'un rouge de rubis.

Comme la densité du mercure eft très - grande, & qu'en même temps fes parties conftituantes font presque infiniment petites, il peut s'appliquer mieux qu'aucun autre liquide aux furfaces de tous les corps polis. La force de fon union par fimple contact avec une glace de miroir, a été mefurée par un de nos plus favans Phyficiens (k), & s'eft trouvée beaucoup plus forte

(k) Si l'on met, dit M. de Morveau, en équilibre une balance portant à l'un de fes bras un morceau de glace taillé en rond, de deux pouces & demi de diamètre, fufpendu dans une pofition horizontale, par un crochet maftiqué fur la furface fupérieure, & que l'on fasse ensuite defcendre cette glace fur la surface du mercure placé au-dessous, à très-peu de distance, il faudra ajouter dans le baffin oppofé jufqu'à neuf gros dix-huit grains, pour détacher la glace du mercure & vaincre l'adhésion résultante du contact.

Le poids & la compreffion de l'atmosphère n'entrent pour rien dans ce phénomène, car l'appareil étant mis fur le récipient dénué d'air, de la machine pneumatique, le mercure adherra encore à la glace, avec une force égale, & cette adhésion foutiendra de

qu'on ne pourroit l'imaginer; cette expérience prouve encore, comme je l'ai dit, à l'article de l'étain, qu'il y a entre la feuille d'étain & la glace, une couche de mercure pur, vif & fans mélange d'aucune partie d'étain, & que cette couche de mercure coulant n'eft adhérente à la glace que par fimple contact.

Le mercure ne s'unit donc pas plus avec le verre qu'avec

avec aucune autre matière terreuse; mais il s'amalgame avec la plupart des substances métalliques: cette union par amalgame, eft une humectation qui fe fait souvent à froid & fans produire de chaleur ni d'effervescence, comme cela arrive dans les diffolutions; c'eft une opération moyenne entre l'alliage & la diffolution; car la première fuppofe que les deux matières foient liquéfiées par le feu, & la feconde ne fe fait que par la fufion ou la calcination du métal par le feu contenu dans le diffolvant, ce qui produit toujours de la chaleur; mais dans les amalgames, il n'y a qu'humectation & point de fufion ni de diffolution: & même un de nos plus habiles Chimistes (1), a obfervé que non- seulement les amalgames se font fans produire de chaleur, mais qu'au contraire ils produifent un froid fenfible qu'on peut mesurer en y plongeant un thermomètre.

même les neuf gros dont on aura chargé précédemment l'autre bras de la balance. Élémens de Chimie, par M. de Morveau, tome I, pages 54 sso

من

(1) M. de Machi.

On objectera peut-être qu'il se produit du froid pendant l'union de l'alkali minéral avec l'acide nitreux, du fel ammoniac avec l'eau, de la neige avec l'eau, & que toutes ces unions font bien de vraies diffolutions; mais cela même prouve qu'il ne fe produit du froid que quand la diffolution commence par l'humectation; car la vraie cause de ce froid eft l'évaporation de la chaleur de l'eau, ou des liqueurs en général qui ne peuvent mouiller fans s'évaporer en partie.

L'or s'amalgame avec le mercure par le fimple contact, il le reçoit à fa furface, le retient dans fes pores, & ne peut en être féparé que par le moyen du feu. Le mercure colore en entier les molécules de l'or, leur couleur jaune disparoît, l'amalgame eft d'un gris tirant fur le brun fi le mercure eft faturé. Tous ces effets proviennent de l'attraction de l'or qui eft plus forte que celle des parties du mercure entr'elles, & qui par conféquent les fépare les unes des autres, & les divife affez pour qu'elles puiffent entrer dans les pores & humecter la fubftance de l'or; car en jetant une pièce de ce métal dans du mercure, il en pénétrera toute la masse avec le temps, & perdra précisément en quantité ce que l'or aura gagné, c'est-à-dire, ce qu'il aura faifi par l'amalgame. L'or eft donc de tous les métaux celui qui a la plus grande affinité avec le mercure, & on a employé très - utilement, le moyen de l'amalgame pour féparer ce métal précieux de toutes

les matières étrangères avec lesquelles il fe trouve mêlé dans fes mines: au refte, pour amalgamer promptement l'or ou d'autres métaux, il faut les réduire en feuilles minces ou en poudre, & les mêler avec le mercure par la trituration.

L'argent s'unit auffi avec le mercure par le fimple contact, mais il ne le retient pas auffi puiffamment que l'or, leur union eft moins intime; & comme la couleur de l'argent eft à peu-près la même que celle du mercure, fa furface devient feulement plus brillante lorsqu'elle en eft humectée; c'eft ce beau blanc brillant qui a fait donner au mercure le nom de vif-argent.

Cette grande affinité du mercure avec l'or & l'argent, fembleroit indiquer qu'il doit se trouver dans le fein de la terre des amalgames naturels de ces métaux, cependant depuis qu'on recherche & recueille des minéraux, à peine a-t-on un exemple d'or natif amalgamé, & l'on ne connoît en argent que quelques morceaux tirés des mines d'Allemagne, qui contiennent une quantité affez confidérable de mercure pour être regardés comme de vrais amalgames (m); il est aisé de concevoir que cette

(m) M. Sage fait mention d'un morceau d'or natif de Hongrie, d'un jaune grifâtre, fragile, & dans lequel l'analyse lui a fait trouver une petite quantité de mercure, avec lequel on peut croire que cet or avoit été naturellement amalgamé. Ce morceau ne contenant que très-peu de mercure, doit être certainement rangé parmi les mines d'or; mais les amalgames natifs d'argent de Sahlberg & du

« PredošláPokračovať »