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fimple & différent de l'or, femblent démontrer au contraire, que c'est un or dénaturé par l'alliage intime d'une matière ferrugineufe également dénaturée; & fi notre art ne peut rendre à ces métaux leur première forme, il ne faut pas en conclure que la substance de la platine ne foit pas compofée d'or & de fer, puisque la présence du fer y eft démontrée par l'aimant, & celle de l'or par la balance.

Avant que la platine fût connue en Europe, les Efpagnols, & même les Américains, l'avoient fondue en la mêlant avec des métaux, & particulièrement avec le cuivre & l'arfenic; ils en avoient fait différens petits ouvrages qu'ils donnoient à plus bas prix que de pareils ouvrages en argent; mais avec quelque métal qu'on puiffe allier la platine, elle en détruit ou du moins diminue toujours la ductilité; elle les rend tous aigres & caffans, ce qui semble prouver qu'elle contient une petite quantité d'arsenic, dont on fait qu'il ne faut qu'un grain pour produire cet effet fur une maffe confidérable de métal: d'ailleurs, il paroît que dans ces alliages de la platine avec les métaux, la combinaison des fubftances ne fe fait pas d'une manière intime, c'est plutôt une agrégation qu'une union parfaite, & cela feul fuffit pour produire l'aigreur de ces alliages.

M. de Morveau, auffi favant Phyficien qu'habile Chimiste, dit avec raison, que la denfité de la platine (m)

(m) Selon M. Briffon, la platine en grenaille ne pèse que

n'est pas conftante, qu'elle varie même fuivant les différens procédés qu'on emploie pour la fondre, quoiqu'elle n'y prenne certainement aucun alliage (n); ce fait ne démontre-t-il pas deux choses? la première, que la densité eft ici d'autant moindre que la fufion eft plus imparfaite, & qu'elle feroit peut-être égale à celle de l'or fi l'on pouvoit réduire la platine en fonte parfaite ; c'est ce que nous avons tâché de faire en en faifant paffer quelques livres à travers les charbons dans un fourneau d'afpiration (o): la feconde, c'eft que cet

1092 livres 2 onces le pied cube, tandis que la platine fondue & écrouie pèse 1423 livres 9 onces, ce qui surpasse la densité de l'or battu & écroui, qui ne pèfe que 1355 livres 5 onces. Si cette détermination eft exacte, on doit en inférer que la platine fondue est susceptible d'une plus grande compreffion que l'or.

(n) Elémens de Chimie, tome 1, page 110.

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(0) « Il est impossible de fondre la platine ou or blanc dans um creufet, fans addition. Il résiste à un feu aussi vif, & même plus fort & que celui qui fond les meilleurs creufets..... Il fondroit beaucoup plus aifément fur les charbons, fans creufet; mais on ne peut le « traiter ainfi, quand on n'en a pas une livre, & j'étois dans ce «<< cas. Le phlogistique des charbons ne contribue en aucune manière « à la fufion de ce métal; mais leur chaleur animée par le foufflet « de forge eft beaucoup plus forte que celle du creuset ». Defcription de l'or blanc, &c. par M. Schaffer, Journal étranger, mois de Novembre 1757.- J'ai pensé sur cela comme M. Schaeffer, & j'ai cru que je viendrois. à bout de fondre parfaitement la platine en la faifant paffer à travers les charbons ardens, & en affez grande quantité pour pouvoir la recueillir en fonte; M. de Morveau a bien voulu conduire cette opération en ma préfence; pour cela nous avons

alliage de fer & d'or, produit par un accident de nature, n'eft pas, comme les métaux, d'une denfité conftante,

fait construire, au mois d'Août dernier 1781, une espèce de haut fourneau de treize pieds huit pouces de hauteur totale divifée en quatre parties égales, favoir; la partie inférieure, de forme cylindrique de vingt pouces de haut fur vingt pouces de diamètre, formée de trois dalles de pierre calcaire pofées fur une pierre de même nature, creusée légèrement en fond de chaudière, ce cylindre étoit percé vers le bas de trois ouvertures difpofées aux fommets d'un triangle équilatéral infcrit; chacune de ces ouvertures étoit de huit pouces de longueur fur dix de hauteur, & défendue à l'extérieur par des murs en brique, à la manière des gardes-tirans des fours à porcelaine.

La feconde partie du fourneau formée de dalles de même pierre, étoit en cône de douze pouces de hauteur, ayant au bas vingt pouces de diamètre & neuf pouces au-deffus; les dalles de ces deux parties étoient entretenues par des cercles de fer.

La troisième partie formant un tuyau de neuf pouces de diamètre & de cinq pieds de long, fut conftruite en briques.

Un tuyau de tôle de neuf pouces de diamètre & fix pieds de hauteur, placé fur le tuyau de briques, formoit la quatrième & dernière partie du fourneau; on avoit pratiqué une porte vers le bas pour la commodité du chargement.

Ce fourneau ainfi conftruit, on mit le feu vers les quatre heures -du foir, il tira d'abord affez bien; mais ayant été chargé de charbon jufqu'aux deux tiers du tuyau de briques, le feu s'éteignit, & on eut affez de peine à le rallumer & à faire defcendre les charbons qui s'engorgeoient; l'humidité eut fans doute auffi quelque part à cet effet; ce ne fut qu'à minuit que le tirage fe rétablit, on l'entretint jufqu'à huit heures du matin en chargeant de charbon à la hauteur de cinq pieds feulement, & bouchant alternativement un des tifards pour augmenter l'activité des deux autres.

mais d'une denfité variable, & réellement: différente fuivant les circonftances, cn forte que telle platine eft

Alors on jeta dans ce fourneau treize onces de platine mêlée avec quatre livres de verre de bouteille pulvérifé & tamifé, & on continua de charger de charbon à la même hauteur de cinq pieds

au-deffus du fond.

Deux heures après on ajouta même quantité de platine & de verre pilé.

On aperçut vers le midi quelques fcories à l'ouverture des tifards elles étoient d'un verre groffier, tenace, pâteux, & préfentoient à leur furface des grains de platine non auaqués; on fit rejeter dans le fourneau toutes celles que l'on put tirer.

On effaya de boucher à la fois deux tifards, & l'élévation de la flamme fit voir que le tirage en étoit réellement augmenté, mais les cendres qui s'amonceloient au fond, arrêtant le tirage, on prit le parti de faire jouer un très-gros foufflet, en introduifant la bufe dans un des tifards, les autres bouchés, & pour lors on enleva le tuyau de tôle qui devenoit inutile.

On reconnut vers les cinq heures du foir que les cendres étoient diminuées; les fcories mieux fondues contenoient une infinité de petits globules de platine; mais il ne fut pas poffible d'obtenir un laitier aflez fluide pour permettre la réunion des petits culots métalliques; on arrêta le feu à minuit.

Le fourneau ayant été ouvert après deux jours de refroidiffement, on trouva fur le fond une maffe de fcories groflières, formées, des cendres vitrifiées & de quelques matières étrangères portées avec le charbon, la platine y étoit difféminée en globules de différentes grofleurs, quelques-uns du poids de vingt-cinq à trente grains, tous très-attirables à l'aimant: on obferva dans quelques parties des fcories, une espèce de criftallifation en rayons divergens, comme l'albefte ou l'hématite ftriée. La chaleur avoit été fi violente que

telle autre, tandis

que dans

plus ou moins pesante que tout vrai métal, la densité est égale dans toutes les parties de fa fubftance.

dans tout le pourtour intérieur, la pierre du fourneau étoit complétement calcinée de trois pouces & demi d'épaiffeur & même entamée en quelques endroits par la vitrification.

eau,

Les scories pulvérisées furent débarraffées par un lavage en grande de toutes les parties de chaux & même d'une portion de fat terre. On mit toute la matière reftante dans un très-grand creufet de plomb noir avec une addition de fix livres d'alkali extemporané ; ce creuset fut placé devant les foufflets d'une chaufferie; en moins de fix heures le creufet fut percé du côté du vent, & il fallut arrêter le feu parce que la matière qui en fortoit couloit au-devant des foufflets.

On reconnut le lendemain à l'ouverture du creufet que la masse vitreuse qui avoit coulé & qui étoit encore attachée au creuset, tenoit une quantité de petits culots de platine du poids de foixante à quatre-vingts grains chacun, & qui étoient formés de globules refondus; ces culots étoient de même très-magnétiques, & plufieurs préfentoient à leur furface des élémens de cristallisation. Le reste de la platine étoit à peine aglutiné.

On pulvérisa groffièrement toute la maffe, & en y promenant le barreau aimanté, on en retira près de onze onces de platine tant en globules qu'en pouffière métallique; cette expérience fut faite aux forges de Buffon, & en même temps nous répétames dans mon laboratoire de Montbard l'expérience de la platine malléable; on fit diffoudre un globule de platine dans l'eau régale, on précipita la diffolution par le fel ammoniac, le précipité mis dans un creufet au feu d'une petite forge, fut promptement revivifié, quoique fans fufion complète. Il s'étendit très bien fous le marteau, & les parcelles atténuées & divifées dans le mortier d'agathe fe trouvèrent encore fenfibles à l'aimant.

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