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du Pérou. Frézier affure, que de fon temps, les mines d'argent les plus riches étoient celles d'Oriero, à quatrevingts lieues d'Arica, & il dit qu'en 1712 on en découvrit une auprès de Cufco, qui d'abord a donné près de vingt pour cent de métal, mais qui a depuis beaucoup diminué ainfi que celle de Potofi (z). Du temps d'Acofta, c'est-à-dire, au commencement de l'autre fiècle, cette mine de Potofi, étoit fans comparaison la plus riche de toutes celles du Pérou; elle eft fituée. prefque au fommet des montagnes dans la province de Charcas, & il y fait très-froid en toute faison. Le fol de la montagne eft fec & ftérile, elle eft en forme de cône, & furpaffe en hauteur toutes les montagnes voisines; elle elle peut avoir une lieue de circonférence à la base, & fon fommet est arrondi & convexe. Sa hauteur, au-deffus des autres montagnes qui lui fervent de base, eft d'environ un quart de lieue. Au-deffous de cette. plus haute montagne, il y en a une plus petite où l'on trouvoit de l'argent en morceaux épars; mais dans la première, la mine eft dans une pierre extrêmement dure; on a creusé de deux cents flades, ou hauteur d'homme dans cette montagne, fans qu'on ait été incommodé des eaux; mais ces mines étoient bien plus riches dans les parties fupérieures, & elles fe font appauvries au lieu de s'ennoblir en descendant (a). Parmi les autres (z) Hiftoire générale des Voyages, tome XIII, page 589. (a) Ce roc de Potofi, contient quatre veines principales; la riche, Minéraux, Tome III.

E

que

mines d'argent du Pérou, celle de Turco, dans le corrégiment de Cavanga, eft très-remarquable, parce le métal forme un tiffu avec la pierre très-apparent à l'œil; d'autres mines d'argent dans cette même contrée, ne font ni dans la pierre ni dans les montagnes; mais dans le fable où il fuffit de faire une fouille pour trouver des morceaux de ce métal, fans autre mélange qu'un peu de fable qui s'y eft attaché (b).

Frézier, Voyageur très-intelligent, a donné une affez bonne description de la manière dont on procède au Pérou, pour exploiter ces mines & en extraire le métal. On commence par concaffer le minérai, c'est-à-dire, les pierres qui contiennent le métal; on les broie enfuite dans un moulin fait exprès: on crible cette poudre, & l'on remet fous la meule les gros grains de minérai

le centeno, celle d'étain & celle de Mendieta. Ces veines font en la partie orientale de la montagne, & on n'en trouve point en la partie occidentale, elles courent nord & fud.... Elles ont à l'endroit le plus large fix pieds, & au plus étroit une palme: ces veines ont des rameaux qui s'étendent de côté & d'autre.... Toutes ces mines font aujourd'hui (en 1589) fort profondes, à quatre-vingts, cent, ou deux cents ftades, ou hauteur d'homme... On a reconnu par expérience, que plus haut eft fituée la veine à la fuperficie de la terre, plus elle eft riche & de meilleur aloi..... On tire le minerai à coups de marteaux, parce qu'il est dur à peuprès comme le caillou. Hiftoire Naturelle des Indes, par Acofta. Paris, 1600, page 137 & suiv.

(b) Hiftoire générale des Voyages, tome XIII, page 300.

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qui restent fur le crible, & lorsque le minérai se trouve mêlé de certains minéraux trop durs qui l'empêchent de se pulvériser, on le fait calciner pour le piler de nouveau; on le moud avec de l'eau, & on recueille dans un réservoir cette boue liquide qu'on laisse sécher, & pendant qu'elle est encore molle on en fait des caxons, c'est-à-dire, de grandes tables d'un pied d'épaiffeur, & de vingt-cinq quintaux de pefanteur; on jette fur chacune deux cents livres de fel marin qu'on laiffe s'incorporer pendant deux ou trois jours avec la terre; enfuite on l'arrofe de mercure qu'on fait tomber par petites gouttes; il en faut une quantité d'autant plus grande que le minérai eft plus riche, dix, quinze & quelquefois vingt livres pour chaque table. Ce mercure ramaffe toutes les particules de l'argent. On pétrit chaque table huit fois par jour, pour que le mercure les pénètre en entier, & afin d'échauffer le mélange; car un peu de chaleur eft néceffaire pour que le mercure fe faififfe de l'argent, & c'eft ce qui fait qu'on eft quelquefois obligé d'ajouter de la chaux pour augmenter la chaleur de cette mixtion; mais il ne faut ufer de ce fecours qu'avec grande précaution; car fi la chaux produit trop de chaleur, le mercure fe volatilise, & emporte avec lui une partie de l'argent. Dans les montagnes froides, comme à Lipès & à Potofi, on eft quelquefois obligé de pétrir le minérai pendant deux mois de fuite, au lieu qu'il ne faut que huit ou dix jours dans les contrées

plus tempérées: on eft même forcé de fe fervir de fourneaux pour échauffer le mélange & preffer l'amalgame du mercure, dans ces contrées où le froid eft trop grand ou trop constant.

Pour reconnoître fi le mercure a fait tout fon effet, on prend une petite portion de la grande table ou caxon, on la délaie & lave dans un baffin de bois, la couleur du mercure qui reste au fond indique son effet; s'il eft noirâtre on juge que le mélange eft trop chaud, & on ajoute du fel au caxon pour le refroidir; mais fi le mercure est blanchâtre ou blanc, on peut préfumer que l'amalgame est fait en entier, alors on transporte la matière du caxon dans des lavoirs où tombe une eau courante; on la lave jufqu'à ce qu'il ne refte que le métal fur le fond des lavoirs qui font garnis de cuir. Cet amalgame d'argent & de mercure, que l'on nomme pella, doit être mis dans des chauffes de laine pour laiffer égoutter le mercure; on ferre ces chauffes, & on les preffe même avec des pièces de bois pour l'en faire fortir autant qu'il eft poffible, après quoi, comme il refte encore beaucoup de mercure mêlé à l'argent, on verse cet amalgame dans un moule de bois en forme de pyramide tronquée à huit pans, & dont le fond eft une plaque de cuivre percée de plusieurs petits trous. On foule & preffe cette matière pella, dans ces moules pour en faire des masses qu'on appelle pignes. On lève ensuite le moule, & l'on met la pigne avec sa base de

cuivre fur un grand vase de terre rempli d'eau, & fous un chapiteau de même terre, fur lequel on fait un feu de charbon, qui fait fortir en vapeurs le mercure contenu dans la pigne; cette vapeur tombe dans l'eau & y reprend la forme de mercure coulant: après cela la pigne n'eft plus qu'une maffe poreufe, friable & compofée de grains d'argent contigus, qu'on porte à la monnoie pour la fondre (c).

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Frézier ajoute à cette description dont je viens de donner l'extrait, quelques autres faits intéreffans fur la différence des mines ou minerais d'argent; celui qui est blanc & gris, mêlé de taches rouffes ou bleuâtres, est le plus commun dans les minières de Lipès; on y distingue à l'œil simple, des grains d'argent quelquefois difpofés dans la pierre en forme de petites palmes. Mais il y a d'autres minérais où l'argent ne paroît point, entr'autres un minérai noir dans lequel on n'aperçoit l'argent qu'en raclant ou entamant fa furface; ce minérai qui a fi peu d'apparence, & qui souvent est mêlé de plomb, ne laiffe pas d'être fouvent plus riche, & coûte moins à travailler que le minérai blanc; car comme il contient du plomb qui enlève à la fonte toutes les impuretés, l'on n'eft pas obligé d'en faire l'amalgame avec le mercure: c'étoit de ces minières d'argent noir que les anciens Péruviens tiroient leur argent. Il y a

(c) Frézier, Hiftoire générale des Voyages, tome XII, page 59.

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