dans le monde entier; que cet accident, comme je l'ai dit, a été produit par le feu des volcans, & feulement fur des mines d'or mêlées de fer, tous deux dénaturés par l'action continuée d'un feu très-violent; qu'à ce mélange de fer & d'or, il se sera joint quelques vapeurs arsenicales, qui auront fait perdre à l'or fa ductilité, & que de ces combinaisons très - naturelles, & cependant accidentelles, aura réfulté la formation de la platine. Ces dernières observations de M. Bowles, loin d'infirmer mon opinion, femblent au contraire la confirmer pleinement; car elles indiquent dans la platine, non-feulement le mélange du fer, mais la présence de l'arfenic; elles annoncent que la platine d'un endroit n'eft pas de même qualité que celle d'un autre endroit; elles prouvent qu'elle fe trouve en maffe dans deux feules mines d'or, ou en grains & grenailles dans des montagnes toutes compofées du fablon ferrugineux, & toujours près des mines d'or & dans des contrées volcanifées la vérité de mon opinion me paroît donc plus démontrée que jamais, & je fuis convaincu que plus on fera de recherches fur l'Hiftoire Naturelle de la platine, & d'expériences sur sa substance, plus on reconnoîtra qu'elle n'eft point un métal fimple ni d'une effence pure, mais un alliage de fer & d'or dénaturés, tant par la violence & la continuité d'un feu volcanique, que par le mélange des vapeurs fulfureuses & arsenicales, qui auront ôté à ces métaux la couleur & leur ductilité,

DU COBALT

DE tous les minéraux métalliques, le cobalt eft peutêtre celui dont la nature eft la plus mafquée, les caractères les plus ambigus & l'effence la moins pure; les mines de cobalt, très - différentes entr'elles, n'offrent d'abord aucun caractère commun, & ce n'eft qu'en les travaillant au feu qu'on peut les reconnoître par un effet très-remarquable; unique & qui confifte à donner aux émaux une belle couleur bleue. Ce n'eft auffi que pour obtenir ce beau bleu que l'on recherche le cobalt; il n'a aucune autre propriété dont on puisse faire un ufage utile, fi ce n'eft peut-être en l'alliant avec d'autres minéraux métalliques (a). Ses mines font affez rares & toujours chargées d'une grande quantité de matières étrangères; la plupart contiennent plus d'arfenic que de cobalt, & dans toutes le fer eft fi intimement lié au cobalt, qu'on ne peut l'en féparer; le bifmutl se trouve auffi affez souvent interposé dans la substance de ces mines; on y a reconnu de l'or, de l'argent, du cuivre, & quelquefois toutes ces matières & d'autres

(a) M. Baumé dit dans fa Chimie expérimentale avoir fait entrer le cobalt dans un alliage pour des robinets de fontaine, que cet alliage pouvoit fe mouler parfaitement & n'étoit fujet à aucune espèce de rouille.

encore s'y trouvent mêlées ensemble, fans compter les pyrites qui font auffi fouvent intimement unies à la fubftance du cobalt. Le nombre de ces variétés eft donc fi grand, non-seulement dans les différentes mines de cobalt, mais auffi dans une feule & même mine, que les nomenclateurs en Minéralogie ont cru devoir en faire plufieurs efpèces, & même en féparer abfolument un autre minéral qui n'étoit pas connu avant le travail des mines de cobalt; ils ont donné le nom de nickel (b) à cette substance qui diffère en effet du cobalt, quoiqu'elle ne fe trouve qu'avec lui. Tous deux peuvent fe réduire en un régule dont les propriétés font affez différentes pour qu'on puiffe les regarder comme deux différentes fortes de minéraux métalliques.

Le régule de cobalt n'affecte guère de figure régulière (c), & n'a pas de forme déterminée; ce régule eft très-pefant, d'une couleur grife affez brillante, d'un tiffu ferré, d'une fubftance compacte & d'un grain fin; fa sa surface prend en peu de temps par l'impreffion de

(b) Cronstedt a donné le noin de Nickel à cette substance, parce qu'elle fe trouve dans les mines de Cobalt que les Allemands nomment Kupfer-nickel. M. Bergman obferve que quoiqu'on trouve fréquemment du Cobalt natif, il est toujours uni au fer, à l'arfenic & au nickel. Opufcules chimiques, tome II, differtation 24.

(c) M. l'abbé Mongez affure néanmoins avoir obtenu un régule de cobalt en cristaux compofés de faifceaux réguliers. Journal de Phyfique, 1781.

l'air une teinte rosacée ou couleur de fleurs de pêcher; il eft affez dur & n'eft point du tout ductile; sa denfité eft néanmoins plus grande que celle de l'étain, du fer & du cuivre; elle est à très-peu-près égale à la densité de l'acier (d). Ce régule du cobalt & celui du nickel font après le bifmuth les plus pefantes des matières auxquelles on a donné le nom de demi-métaux, & l'on auroit certainement mis le bifmuth, le cobalt & le nickel au rang des métaux s'ils avoient eu de la ductilité; ce n'eft qu'à cause de fa très-grande densité que l'on a placé le mercure avec les métaux, & parce qu'on a en même temps fuppofé que fa fluidité pouvoit être confidérée comme l'extrême de la ductilité.

Les minières de cobalt s'annoncent par des efflorefcences à la furface du terrein; ces efflorefcences font ordinairement rougeâtres & affez souvent difpofées en étoiles ou en rayons divergens qui quelquefois fe croisent. Nous donnerons ici l'indication du petit nombre de ces mines que nos Obfervateurs ont reconnues en France & dans les Pyrénées aux confins de l'Efpagne; mais c'eft dans la Saxe & dans quelques autres provinces de l'Allemagne qu'on a commencé à travailler, & que l'on travaille encore avec fuccès & profit les mines de

(d) La pefanteur spécifique du régule de cobalt eft de 78119; celle du régule de nickel de 78070; & la pefanteur fpécifique de l'acier écrou & trempé eft de 78180; celle du fer forgé n'eft que de 77880.

Minéraux, Tome III,

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cobalt; & ce font les Minéralogiftes allemands qui nous ont donné le plus de lumières fur les propriétés de ce minéral & fur la manière dont on doit le traiter.

Le premier & le plus fûr des indices extérieurs (e) qui peuvent annoncer une mine prochaine de cobalt, eft donc une efflorefcence minérale, couleur de rose, de ftructure radiée à laquelle on a donné le nom de fleurs de cobalt; quelquefois cette matière n'est point en forme de fleurs rouges, mais en poudre & d'une couleur plus pâle; mais le figne le plus certain & par lequel on pourra reconnoître le véritable cobalt eft la terre bleue qui l'accompagne quelquefois, & au défaut de cet indice, ce fera la couleur bleue qu'il donne lorsqu'il est réduit en verre; car fi la mine qui paroît être de cobalt fe convertit en verre noir, ce ne fera que de la pyrite; fi le verre eft d'une couleur rouffe, ce fera de la mine de cuivre; au lieu que la mine de cobalt donnera toujours un verre bleu de faphir; c'est probablement par cette reffemblance à la couleur du faphir qu'on a donné à ce verre bleu de cobalt le nom de faphre ou faffre. Au refte, on a auffi appelé faffre la chaux de cobalt qui eft en poudre rougeâtre & qui ne provient que de la calcination de la mine de cobalt; le faffre qui eft dans le commerce eft toujours mêlé de sable quartzeux qu'on ajoute en fraude pour en augmenter

(e) Tranfactions philofophiques, N. 396, Novembre 1726.