Rouffillon (o); il y en a une autre très-abondante & de bonne qualité, que les Efpagnols ont fait exploiter avec quelques fuccès, elle eft fituée dans la vallée de Giflau (p). M. Bowles dit que cette mine n'a été découverte qu'au commencement de ce siècle (q), & qu'elle n'a encore été travaillée qu'à une petite profondeur, qu'on en a tiré annuellement cinq à fix cents quintaux (r); il ajoute qu'en examinant cette mine de Giftau, il a reconnu différens morceaux d'un cobalt qui avoit le grain plus fin & la couleur d'un grisbleu plus clair que celui de Saxe; que la plupart de ces morceaux étoient contigus à une forte d'ardoise

(0) Cette mine eft fituée auprès du ruiffeau qui descend de la côte qui fait face au village de la Minera. La veine a plus de deux toifes d'épaiffeur, & paroît au jour fur plus d'une lieue de longueur; cette mine eft de la même nature que celle de San-Giomen en Catalogne. Hiftoire Naturelle du Languedoc, par M. de Genfanne tome II, page 161.

(p) L'Espagnol qui eft propriétaire de cette mine a traité de fon produit avec des Négocians de Strasbourg, qui l'envoient aux fonderies de Wirtemberg.... Il est étonnant qu'aucun particulier des frontières du royaume n'ait pensé jufqu'à préfent à enlever aux Allemands la main-d'oeuvre de la préparation de l'azur. Traité de la fonte des mines de Schlutter, tome I, pages 48 & 49.

(q) Hiftoire Naturelle d'Espagne, pages 398 & fuiv.

(r) Il y a une mine dans la vallée de Giftau aux Pyrénées espagnoles, dont le cobalt s'eft vendu fortant de la terre jusqu'à quarante livres le quintal pour la fabrique d'azur du Wirtemberg. Traité de la fonte des minza de Schlutter, tome I, page 236.

dure & luifante avec des taches de couleur de rofe sèche, & qu'il n'y avoit point de taches femblables fur les morceaux de cobalt (S).

C'eft de la Saxe qu'on a jusqu'ici tiré la plus grande partie du faffre qui fe confomme en Europe, pour les émaux, la porcelaine, les faïences, & auffi pour peindre à froid, & relever par l'empois la blancheur des toiles. La principale mine eft celle de Schneeberg, elle est très-abondante & peu profonde; on affure que le produit annuel de cette mine est fort considérable, il n'est pas permis d'exporter le cobalt en nature, & c'est après l'avoir réduit en faffre, qu'on le vend à un prix d'autant plus haut qu'il y a moins de concurrence dans le commerce de cette forte de denrée, dont l'Allemagne a pour ainsi dire le privilége exclufif (t).

Cependant i fe trouve des mines de cobalt en Angleterre, dans le comté de Sommerfet; en Suède, la mine de Tannaberg est d'un cobalt blanc qui, felon M. Demeste, rend par quintal trente - cinq livres de cobalt, deux livres de fer, cinquante-cinq livres d'arfenic, & huit livres de foufre (u).

Nous fommes auffi prefque affurés que le cobalt se

(S) Hiftoire Naturelle d'Espagne, par M. Bowles, page 399. (t) On trouve beaucoup de cobalt en Mifnie, en Bohème, dans la vallée de Joachim-Stal; il y en a dans le duché de Wirtemberg, dans le Hartz & dans plufieurs endroits de l'Allemagne.

(u) Lettres de M. Demefte, tome II, page 144.

trouve en Afie, & fans doute dans toutes les parties du monde, comme les autres matières produites par la Nature; car le très-beau bleu des porcelaines du Japon & de la Chine, démontre que très - anciennement on y a connu & travaillé ce minéral (x).

Dans les morceaux de mine de cobalt que l'on raffemble dans les cabinets, il s'en trouve de toutes couleurs & de tout mélange, & l'on ne connoît aucun cobalt pur dans fa mine; il eft fouvent mêlé de bifmuth, & toujours la mine contient du fer quelquefois mélangé de zinc, de cuivre, & même d'argent tenant or, & prefque toujours encore la mine eft combinée avec des pyrites & beaucoup d'arfenic. De toutes ces matières la plus difficile à féparer du cobalt eft celle du fer, leur union est fi intime qu'on eft obligé de volatiliser le fer en le faifant fublimer plufieurs fois par le fel ammoniac qui l'enlève plus facilement que le cobalt; mais ce travail ne peut fe faire en grand.

On voit des morceaux de minérai dans lesquels le cobalt eft décomposé en une forte de cérufe ou de chaux: on trouve auffi quelquefois de l'argent pur en petits filets ou en poudre palpable dans la mine de

(x) Quelques perfonnes prétendent que c'est par un mélange du lapis-lazuli que les Chinois donnent à leurs porcelaines la belle couleur bleue. M. de Bomare eft dans cette opinion. Voyez fa Minéralogie, tome II, pages 36 & fuiv. mais je ne la crois pas fondée, car le lapis en fe vitrifiant ne conferve pas fa couleur.

cobalt; mais le plus fouvent ce métal n'y eft point apparent, & d'ailleurs n'y eft qu'en trop petite quantité pour qu'on puiffe l'extraire avec profit. On connoît aussi une mine noire vitreuse de cobalt, dans laquelle ce minéral eft en cérufe ou en chaux, qui paroît être minéralisée par l'action du foie de foufre dans lequel le cobalt fe diffout aifément.

DU

DU NICKEL.

IL fe trouve affez fouvent dans les mines de cobalt un minéral qui ne ressemble à aucun autre & qui n'a été reconnu que dans ce dernier temps; c'eft le nickel. M. Demefte dit « que quand le cuivre & l'arsenic se trouvent joints au fer dans la mine de cobalt, il en « réfulte un minéral fingulier qui dans fa fracture eft d'un gris rougeâtre & qui a pour ainfi dire fon régule propre, parce que dans ce régule le cobalt adhère tellement aux « fubftances métalliques étrangères dont il est mêlé, qu'on « n'a pas hésité d'en faire fous le nom de nickel un demimétal particulier (a) Mais cette définition du nickel n'est point exacte, car le cuivre n'entre pas comme partie essentielle dans fa composition, & même il ne s'y trouve que très-rarement. M. Bergman eft de tous les Chimiftes celui qui a répandu le plus de lumières fur la nature de ce minéral qu'il a foumis à des épreuves auffi variées que multipliées. Voici les principaux résultats de fes recherches & de fes expériences.

Hierne, dit-il, eft le premier qui ait parlé du kupfernickel, dans un Ouvrage fur les minéraux, publié en fuédois en 1694.

Henckel l'a regardé comme une espèce de cobalt ou d'arfenic mêlé de cuivre. ( Pyritol. ch. VII & VIII).

(a) Lettres du docteur Demeste, tome II, page 139. Minéraux, Tome III.

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