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d'autres minérais d'argent de couleurs différentes, un qui eft noir, mais devient rouge en le mouillant ou le grattant avec du fer; il est riche, & l'argent qu'on en tire eft d'un haut aloi. Un autre brille comme du talc, mais il donne peu de métal; un autre qui n'en contient guère plus eft d'un rouge-jaunâtre: on le tire aifément de fa mine en petits morceaux friables & mous; il y a aussi du minérai vert qui n'est guère plus dur, & qui paroît être mêlé de cuivre; enfin on trouve de l'argent pur en plufieurs endroits; mais ce n'eft que dans la feule mine de Cotamito, affez voifine de celle de Potofi, où l'on voit des fils d'argent pur, entortillés comme ceux du galon brûlé.

Il en est donc de l'argent comme de l'or & du fer; leurs mines primordiales font toutes dans le roc vitreux, & ces métaux y font incorporés en plus ou moins grande quantité, dès le temps de leur première fusion ou fublimation par le feu primitif; & les mines fecondaires, qui fe trouvent dans les matières calcaires ou schisteuses, tirent évidemment leur origine des premières. Ces mines de feconde & de troisième formation, qu'on a quelquefois vu s'augmenter sensiblement par l'addition du minérai charié par les eaux, ont fait croire que les métaux fe produifoient de nouveau dans le fein de la terre; tandis que ce n'eft au contraire que de leur décompofition & de la réunion de leurs détrimens, que toutes ces mines nouvelles ont pu & peuvent

encore être formées; & fans nous éloigner de nos mines d'argent du Pérou, il s'en trouve de cette espèce au pied des montagnes & dans les excavations des mines même abandonnées depuis long-temps (d).

(d) Dans la montagne du Potofi, l'on a tant creufé en différens endroits, que plufieurs mines fe font abîmées, & ont enfeveli les Indiens qui travailloient, avec leurs outils & étançons. Dans la fuite des temps on eft venu refouiller les mêmes mines, & l'on a trouvé dans le bois, dans les crânes & autres os humains, des filets d'argent qui les pénètrent. C'eft encore un fait indubitable qu'on a trouvé beaucoup d'argent dans les mines de Lipès, d'où on en avoit tiré longtemps auparavant. Je fais qu'on répond à cela qu'autrefois elles étoient fi riches qu'on négligeoit les petites quantités; mais je doute que lorfqu'il n'en coûte guère plus de travail on perde volontiers ce que l'on tient. Si à ces faits nous ajoutons ce que nous avons dit des lavoirs d'Adacoll & de la montagne de Saint-Jofeph où fe forme le cuivre, on ne doutera plus que l'argent & les autres métaux ne fe forment tous les jours dans certains lieux.... Les anciens Philofophes & quelques modernes, ont attribué au foleil la formation des métaux, mais outre qu'il eft inconcevable que fa chaleur puisse pénétrer jufqu'à des profondeurs infinies, on peut se défabuser de cette opinion, en faisant attention à un fait inconteftable que voici:

II y environ trente ans que la foudre tomba fur la montagne d'Ilimani, qui eft au-deffus de la Paze, autrement Chuquiago, ville du Pérou, à quatre-vingts lieues d'Arica; elle en abattit un morceau, dont les éclats qu'on trouva dans la ville & aux environs, étoient pleins d'or; néanmoins cette montagne, de temps immémorial, a toujours été couverte de neige; donc la chaleur du foleil qui n'a pas affez de force pour fondre la neige, n'a pas dû avoir celle de former de l'or qui étoit deffous, & qu'elle a couvert fans interruption.... D'ailleurs la plupart des mines du Pérou & du

Les mines d'argent du Mexique ne font guère moins fameufes que celles du Pérou. M. Bowles dit que dans celle appelée Valladora, le minéral le plus riche donnoit cinquante livres d'argent par quintal, le moyen vingtcinq livres, & le plus pauvre huit livres, & que fouvent on trouvoit dans cette mine des morceaux d'argent vierge (e). On eftime même que tout l'argent qui se tire du canton de Sainte-Pécaque, eft plus fin que celui du Pérou (ƒ): fuivant Gemelli Carreri la mine de SantaCrux avoit en 1697, plus de fept cents pieds de profondeur; celle de Navaro plus de fix cents, & l'on peut compter, dit-il, plus de mille ouvertures de mines (g),

Chily, font couvertes de neige pendant huit mois de l'année. Frézier, Voyage à la mer du fud; Paris, 1732, page 146 & Suiv.

(e) Hiftoire Naturelle d'Espagne, pages 23 & 24.

(f) Hiftoire générale des Voyages, tome XI, page 389. (g) C'eft une obfervation importante & qui n'avoit pas échappé au génie de Pline: « Qu'on ne trouve guère un filon feul & ifolé; » mais que lorsqu'on en a découvert un on eft prefque fûr d'en rencontrer plufieurs autres aux environs ». Ubicumque una inventa vena eft, non procul invenitur alia (Lib. XXX, cap. XXVII). « La » fublimation ou la chute des vapeurs métalliques, une fois déter»minée vers les grands fommets vitreux, dut remplir à la fois les » différentes fentes perpendiculaires ouvertes dès-lors dans ces masses » primitives; & c'est dans un sens relatif à cette production ou pré» cipitation fimultanée, que le même Naturaliste interprète le nom » latin originairement grec, des métaux (M'eraλna quasi μér’amwv); » comme pour défigner des matières ramaffées & raffemblées aux » mêmes lieux, ou des fubftances produites en même temps & difpofées ensemble ». Note communiquée par M. l'abbé Bexon, dans

dans un espace de fix lieues autour de Santa-Crux (h). Celles de la Trinité ont été fouillées jufqu'à huit cents pieds de profondeur; les gens du pays affurèrent à ce Voyageur, qu'en dix, ou onze années, depuis 1687. jusqu'en 1697, on en avoit tiré quarante millions de marcs d'argent. Il cite auffi la mine de Saint-Matthieu, qui n'est qu'à peu de distance de la Trinité, & qui n'ayant été ouverte qu'en 1689, étoit fouillée à quatre cents pieds en 1697; il dit que les pierres métalliques en font de la plus grande dureté, qu'il faut d'abord les petarder & les brifer à coups de marteau; que l'on diftingue & fépare les morceaux qu'on peut faire fondre tout de suite, de ceux qu'on doit auparavant amalgamer avec le mercure. On broie ces pierres métalliques, propres à la fonte, dans un mortier de fer, & après avoir féparé par des lavages, la poudre de pierre autant

(h) En Amérique, les mines d'argent fe trouvent communément dans les montagnes & rochers très-hauts & déferts.... Il y a des mines de deux fortes différentes, les unes qu'ils appellent égarées, & les autres fixes & arrêtées. Les égarées font des morceaux de métal qui fe trouvent amaffés en quelques endroits, lefquels étant tirés & enlevés, il ne s'en trouve pas davantage; mais les veines fixes font celles qui, en profondeur & longueur, ont une fuite continue en façon de grandes branches & rameaux, & quand on en a trouvé de cette espèce, on en trouve ordinairement plufieurs autres au même lieu.... Les Américains favoient fondre l'argent; mais ils n'ont jamais employé le mercure pour le féparer du minérai Hiftoire Naturelle des Indes, par Acosta; Paris, 16 0 0, page 137, Minéraux, Tome III.

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qu'il eft poffible, on mêle le minérai avec une certaine quantité de plomb, & on les fait fondre enfemble, on enlève les fcories avec un croc de fer, tandis que par le bas on laiffe couler l'argent en lingots que l'on porte dans un autre fourneau, pour le refondre & achever d'en féparer le plomb. Chaque lingot d'argent est d'environ quatre-vingts ou cent marcs, & s'ils ne fe trouvent pas au titre prefcrit, on les fait refondre une feconde fois avec le plomb pour les affiner. On fait auffi l'essai de la quantité d'or que chaque lingot d'argent peut contenir, & on l'indique par une marque particulière; s'il s'y trouve plus de quarante grains d'or par març d'argent, on en fait le départ. Et pour les autres parties du minérai que l'on veut traiter par l'amalgame, après les avoir réduites en poudre très-fine, on y mêle le mercure & l'on procède, comme nous l'avons dit, en parlant du traitement des mines de Potofi; le mercure qu'on y emploie vient d'Efpagne ou du Pérou, il en faut un quintal pour féparer mille marcs d'argent. Tout le pro'duit des mines du Mexique & de la nouvelle Espagne, doit être porté à Mexico, & l'on affure qu'à la fin du dernier fiècle, ce produit étoit de deux millions de marcs par an, fans compter ce qui passoit par des voies indirectes (i).

(i) Hiftoire générale des Voyages, tome XI, pages 530 & fuiv. Les cantons de Tlafco & de Maltepèque, à l'ouest du Mexique, font auffi fort célèbres par leurs mines d'argent; Guaximango, du

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