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La furface de l'argent ne fe convertit point en rouille par l'impreffion des élémens humides; mais elle est sujette à fe ternir, fe noircir & fe colorer; on peut même lui donner l'apparence & la couleur de l'or en l'expofant à certaines fumigations, dont on a eu raison de profcrire l'usage pour éviter la fraude.

On emploie utilement l'argent battu en feuilles minces pour en couvrir les autres métaux, tels que le cuivre & le fer: il fuffit pour cela de bien nettoyer la surface de ces métaux & de les faire chauffer; les feuilles d'argent qu'on y applique s'y attachent & y adhèrent fortement. Mais comme les métaux ne s'uniffent qu'aux métaux, & qu'ils n'adhèrent à aucune autre substance; il faut, lorfqu'on veut argenter le bois ou toute autre matière qui n'est pas métallique, fe fervir d'une colle faite de gomme ou d'huile, dont on enduit le bois par plufieurs couches qu'on laiffe fécher avant d'appliquer la feuille d'argent fur la dernière; l'argent n'eft en effet que collé fur l'enduit du bois, & ne lui eft uni que par cet intermède dont on peut toujours le féparer fans le fecours de la fufion, & en faisant seulement brûler la colle à laquelle il étoit attaché.

Quoique le mercure s'attache promptement & affez fortement à la furface de l'argent, il n'en pénètre pas la maffe à l'intérieur; il faut le triturer avec ce métal pour en faire l'amalgame.

Il nous refte encore à dire un mot du fameux arbre

de

de Diane, dont les Charlatans ont fi fort abusé, en faifant croire qu'ils avoient le fecret de donner à l'or & à l'argent la faculté de croître & de végéter comme les plantes; néanmoins cet arbre métallique n'est qu'un affemblage ou accumulation des cristaux produits par le travail de l'acide nitreux fur l'amalgame du mercure & de l'argent; ces cristaux fe groupent fucceffivement les uns fur les autres, & s'accumulant par fuperpofition, ils repréfentent groffièrement la figure extérieure d'une végétation (r).

(r) Pour former l'arbre de Diane, on fait diffoudre ensemble ou féparément, quatre gros d'argent & deux gros de mercure, dans l'eau forte précipitée, on étend cette diffolution par cinq onces d'eau diftillée, on verfe le mélange dans une petite cucurbite de verre, dans laquelle on a mis auparavant fix gros d'amalgame d'argent, en consistance de beurre, & on place le vaiffeau dans un endroit tranquille, à l'abri de toute commotion; au bout de quelques heures, il s'élève de la maffe d'amalgame, un buiffon métallique avec de belles ramifications. Élémens de Chimie, par M. de Morveau, tome III, pages 434 435.

Minéraux, Tome III.

G

DU CUIVRE.

DE E la même manière & dans le même temps que les roches primordiales de fer fe font réduites en rouille par l'impreffion des élémens humides, les maffes du cuivre primitif se font décomposées en vert - de - gris, qui eft la rouille de ce métal, & qui, comme celle du fer, a été transportée par les eaux, & difféminée sur la terre ou accumulée en quelques endroits, où elle a formé des mines qui fe font de même déposées par alluvion, & ont enfuite produit les minérais cuivreux de feconde & de troisième formation; mais le cuivre natif ou de première origine a été formé comme l'or & l'argent dans les fentes perpendiculaires des montagnes quartzeuses, & il fe trouve, foit en morceaux de métal massif, soit en veines ou filons mélangés d'autres métaux. Il a été liquéfié ou fublimé par le feu, & il ne faut pas confondre ce cuivre natif de première formation avec le cuivre en ftalactites, en grapes ou filets, que nos Chimistes ont également appelés cuivres natifs (a), parce qu'ils fe trouvent purs dans le fein de la terre; ces derniers cuivres font au contraire de troifième & peut-être de quatrième formation; la plupart proviennent d'une cémentation naturelle qui s'eft faite par l'intermède du

(a) Lettres de M. Demefte au docteur Bernard, tome II, page

fer auquel le cuivre décompofé s'est attaché après avoir été diffous par les fels de la terre. Ce cuivre rétabli dans fon état de métal par la cémentation, auffi-bien que le cuivre primitif qui fubfifte encore en maffes métalliques, s'eft offert le premier à la recherche des hommes : & comme ce métal eft moins difficile à fondre

que le fer, il a été employé long-temps auparavant pour fabriquer les armes & les inftrumens d'agriculture. Nos premiers pères ont donc ufé, confommé les premiers. cuivres de l'ancienne nature; c'eft, ce me femble, par cette raison, que nous ne trouvons prefque plus de ce cuivre primitif dans notre Europe non plus qu'en Afie, il a été confommé par l'ufage qu'en ont fait les habitans de ces deux parties du monde très-anciennement peuplées & policées, au lieu qu'en Afrique, & fur-tout dans le continent de l'Amérique, où les hommes font plus nouveaux & n'ont jamais été bien civilifés, on trouve encore aujourd'hui des blocs énormes de cuivre en maffe qui n'a befoin que d'une première fusion pour donner un métal pur, tandis que tout le cuivre minéralisé & qui se présente sous la forme de pyrites, demande de grands travaux, plufieurs feux de grillage, & même plufieurs fontes avant qu'on puiffe le réduire en bon métal; cependant ce cuivre minéralifé eft prefque le feul que l'on trouve aujourd'hui en Europe; le cuivre primitif a été épuifé, & s'il en refte encore, ce n'eft que dans l'intérieur des montagnes où nous

n'avons pu fouiller, tandis qu'en Amérique il fe préfente à nu, non-feulement fur les montagnes, mais jufque dans les plaines & les lacs, comme on le verra dans l'énumération que nous ferons des mines de ce métal, & de leur état actuel dans les différentes parties du monde.

Le cuivre primitif étoit donc du métal presque pur, incrusté comme l'or & l'argent dans les fentes du quartz, ou mêlé comme le fer primitif dans les maffes vitreuses; & ce métal a été déposé par fusion ou par fublimation dans les fentes perpendiculaires du Globe dès le temps de fa consolidation; l'action de ce premier feu en a fondu & fublimé la matière, & l'a incorporée dans les rochers vitreux; tous les autres états dans lefquels se présente le cuivre, font poftérieurs à ce premier état, & les minérais mêlés de pyrites, n'ont été produits, comme les pyrites elles-mêmes, que par l'intermède des élémens humides: le cuivre primitif attaqué par l'eau, par les acides, les fels, & même par les huiles des végétaux décomposés, a changé de forme; il a été altéré, minéralisé, détérioré, & il a fubi un fi grand nombre de transformations qu'à peine pourrons-nous le fuivre dans toutes fes dégradations & décompofitions.

La première & la plus fimple de toutes les décompofitions du cuivre eft fa converfion en vert-de-gris ou verdet; l'humidité de l'air ou le plus léger acide, fuffisent pour produire cette rouille verte; ainsi dès les

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