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Les extraits ou ftalactites du fchorl font donc toujours reconnoiffables par leur denfité & leur fufibilité, ce qui les diftingue des autres cristaux vitreux avec lefquels ils ont néanmoins le caractère commun de la double réfraction.

ÉMERA U·D E.

L'ÉMERAUDE, qui par fon brillant éclat & fa couleur fuave, a toujours été regardée comme une pierre précieuse, doit néanmoins être mise au nombre des cristaux du quartz mêlé de fchorl, 1.° parce que fa densité est moindre d'un tiers que celle des vraies pierres précieuses, & qu'en même temps elle est un peu plus grande que celle du cristal de roche (a): 2.° parce que fa dureté n'est pas comparable à celle du rubis, de la topaze & du faphir d'Orient, puisque l'émeraude n'est guère plus dure que le criftal: 3. parce que cette pierre mise au foyer du miroir ardent, fe fond & fe convertit en une maffe vitreufe, ce qui prouve que fa fubftance quartzeuse est mêlée de feld - spath ou de schorl (b),

(a) La pefanteur spécifique de l'émeraude du Pérou, eft de 27755, & celle du cristal de roche de 26548. Table de M. Briffon.

(b) L'émeraude expofée au foyer lenticulaire s'y est fondue & arrondie en trois minutes, elle eft devenue d'un bleu terne avec quelques taches blanchâtres. Cette expérience a été faite avec la lentille à l'efprit-de-vin de M. de Bernières. Voyez la Gazette des Arts, du 27 Juin 1776.

qui l'ont rendue fusible; mais la densité du feld-spath étant moindre que celle du cristal,. & celle de l'émeraude étant plus grande, on ne peut attribuer qu'au mélange du fchorl cette fufibilité de l'émeraude: 4.° parce que les émeraudes croiffent, comme tous les cristaux (c), dans les fentes des rochers vitreux (d): enfin parce que l'émeraude a, comme tous ces crifțaux, une double réfraction; elle leur ressemble donc par les caractères effentiels de la denfité, de la dureté, de la double réfraction; & comme l'on doit ajouter à ces propriétés celle de la fufibilité, nous nous croyons bien fondés à féparer l'émeraude des vraies pierres précieuses, & à la mettre au nombre des produits du quartz mêlé de fchorl,

Les émeraudes, comme les autres criftaux, font fort fujettes à être glaceuses ou nuageuses; il eft rare d'en trouver d'un certain volume qui foient totalement exemptes de ces défauts; mais quand cette pierre est parfaite, rien n'eft plus agréable que le jeu de fa lumière, comme rien n'est plus gai que fa couleur plus amie de

(c) La gangue de la mine d'or de Mezquitel au Mexique, est un quartz dans lequel fe trouvent des criftaux d'émeraude, lefquels même contiennent des grains d'or. Bowles, Hiftoire Naturelle d'Espagne.

(d) On trouve les émeraudes au long des rochers où elles croiffent, & viennent à peu près comme le cristal. Voyages de Robert Lade; Paris, 1744, tome I, pages 50 & 570

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l'œil qu'aucune autre (e). La vue fe repose, se délaffe, fe récrée dans ce beau vert qui semble offrir la miniature des prairies au printemps: la lumière qu'elle lance en rayons auffi vifs que doux, femble, dit Pline, brillanter l'air qui l'environne, & tcindre par fon irradiation l'eau dans laquelle on la plonge (ƒ): toujours belle, toujours éclatante, foit qu'elle petille fous le foleil, foit qu'elle luise dans l'ombre ou qu'elle brille dans la nuit aux lumières qui ne lui font rien perdre des agrémens de fa couleur dont le vert eft toujours pur (g).

Aufsi les Anciens, au rapport de Théophrafte (h),

(e) Une belle émeraude fe monte fur noir comme les diamans blancs; elle eft la feule pierre de couleur qui jouiffe de cette prérogative, parce que le noir, bien loin d'altérer fa couleur, la rend plus riche & plus veloutée, au lieu que le contraire arrive avec toute autre pierre de couleur.

(f) C'est la remarque de Théophrafte (lap. & gemm. n. 44), fur quoi les Commentateurs font tombés dans une foule de doutes & de méprifes, cherchant mal-à-propos comment l'émeraude pouvoit donner à l'eau une teinture verte, tandis que Théophrafte n'entend parler que du reflet de la lumière qu'elle y répand.

(g) Nullius coloris afpectus jucundior eft; nam herbas quoque virentes frondefque avidè spectamus: Smaragdos verò tantò libentiùs quoniam nihil omninò viridius comparatum illis viret. Præterea foli gemmarum contuitu oculos implent nec fatiant ; quin & ab intentione aliâ obscurata afpeclu smaragdi recreatur acies.... Ita viridi lenitate laffitudinem mulcent. Præterea longinquo amplificantur vifu inficientes circa fe repercuffum aëra; non fole mutati, non umbrâ, non lucernis, femperque fenfim radiantes & vifum admittentes. Plin. lib. XXXVII, n.° 16,

(h) Lapid. & gemm. n.° 44. Minéraux, Tome III.

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se plaifoient-ils à porter l'émeraude en bague, afin de s'égayer la vue par fon éclat & fa couleur fuave; ils la tailloient, soit en cabochon pour faire flotter la lumière, foit en table pour la réfléchir comme un miroir, foit en creux régulier dans lequel, fur un fond ami de l'œil, venoient fe peindre les objets en raccourci (i). C'est ainsi que l'on peut entendre ce que dit Pline d'un Empereur qui voyoit dans une émeraude les combats des gladiateurs: réservant l'émeraude à ces ufages, ajoute Je Naturaliste Romain, & refpectant fes beautés naturelles, on fembloit être convenu de ne point l'entamer par le burin (k); cependant il reconnoît lui-même ailleurs, que les Grecs avoient quelquefois gravé sur 'cette pierre (1), dont la dureté n'est en effet qu'à peu

(i) Plerumque concavi ut vifum colligant..... Qudrum verò corpus extenfum eft, eâdem quâ Specula ratione fuperi imagines reddunt, Nero princeps gladiatorum pugnas fpectabat fmaragdo. Idem, ibidem.

gra

(k) Quapropter decreto hominum iis parcitur fcalpi vetitis. Loco cit. (1) Livre XXXVII, n. 3. Il parle de deux émeraudes, fur chacune defquelles étoit gravée Amymone, l'une des Danaïdes, & dans le même livre de fon Hiftoire Naturelle, n.° 4 il la rapporte • vure des émeraudes à une époque qui répond en Grèce, au règne du dernier des Tarquins. Selon Clément Alexandrin, le fameux cachet de Polycrate étoit une émeraude gravée par Théodore de Samos. (B. Clem. Alex. Pædag. lib. III.) Lorfque Lucullus, ce Romain fi célèbre par fes richeffes & par fon luxe, aborde à Alexandrie, Ptolomée occupé du foin de lui plaire, ne trouve rien de plus précieux à lui offrir qu'une émeraude fur laquelle étoit gravé le portrait du Monarque égyptien. Plut. in Lucull.

près égale à celle des belles agates ou du cristal de roche.

Les Anciens attribuoient auffi quelques propriétés imaginaires à l'émeraude; ils croyoient que fa couleur gaie la rendoit propre à chaffer la trifteffe, & faifoit difparoître les phantômes mélancoliques, appelés mauvais efprits par le vulgaire. Ils donnoient de plus à l'émeraude, toutes les prétendues vertus des autres pierres précieufes contre les poifons & différentes maladies : féduits par l'éclat de ces pierres brillantes, ils s'étoient plu à leur imaginer autant de vertus que de beauté ;. mais au physique comme au moral, les qualités extérieures les plus brillantes ne font pas toujours l'indice du mérite le plus réel; les émeraudes réduites en poudre & prifes întérieurement, ne peuvent agir autrement que comme des poudres vitreufes, action fans doute peu curative, & même peu falutaire : & c'eft avec raifon que l'on a rejeté du nombre de nos remèdes d'ufage, cette poudre d'émeraude & les cinq fragmens précieux, autrefois si fameux dans la Médecine galénique.

Je ne me fuis fi fort étendu fur les propriétés réelles & imaginaires de l'émeraude, que pour mieux démontrer qu'elle étoit bien connue des Anciens, & je ne conçois pas comment on a pu de nos jours révoquer en doute l'existence de cette pierre dans l'ancien continent, & nier que l'antiquité en eût jamais eu connoiffance; c'est cependant l'affertion d'un Auteur récent (m), qui prétend (m) M. Dutens.

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