Obrázky na stránke
PDF
ePub

et ce fut pour lui un encouragement qui le décida à se livrer à ce genre de compositions.

:

Si nous suivons l'ordre des dates, nous voyons donc la septième satire, sinon tout entière, au moins en partie, occuper le premier rang: elle fut composée du vivant de Domitien. Fut ensuite composée, mais après la mort de ce prince, la satire IV sur le turbot; puis la satire II, contre les hypocrites; puis la satire VI, contre les femmes, etc. La satire VIII paraît avoir été écrite sous le règne de Trajan; c'est du moins ce que nous autorise à penser ce passage du vers 119 de la même satire Marius vient de dépouiller l'indigent « Africain », où il est évidemment question d'un Marius Priscus, qui, au rapport de Pline le Jeune, épit. 11, liv. II, fut condamné, sous ce prince, pour crime de concussion : il avait été proconsul en Afrique. Quant à la première satire qui se présente comme le sommaire, ou le résumé des divers sujets traités dans presque toutes les autres, les trois dernières exceptées, qui ne furent écrites que plus tard, son objet indique assez qu'elle dut servir de prologue, nous voulons dire d'introduction à l'ouvrage, lors de sa publication.

Sans doute, on ne s'attend pas à nous voir rendre compte des motifs qui retardèrent si long-temps cette publication elle-même. Dans ces jours désastreux, où il n'y avait pas jusqu'à l'historien qui n'eût, de désespoir, brisé ses pinceaux, quel moyen pouvait rester au poète de faire retentir sa voix accusatrice? Au moindre cri échappé à sa conscience, la tyrannie eût aussitôt apprêté tous ses supplices: hé! que lui importait d'ajouter une victime à tant d'autres? « Nomme Tigel« linus........., se dit-il quelque part à lui-même ; ‹ celui qui s'en avisera, je le vois, empalé aussitôt, luire de tout l'éclat d'une torche : traîné sur l'arène il y tracera un large sillon.... ».

Qu'on s'étonne, après cela, qu'il se soit réservé pour des temps meilleurs, qu'il ait attendu que les acteurs d'une si longue et si sanglante tragédie fussent disparus de la scène. < Réfléchis donc, continue-t-il plus bas, < avant que la trompette ait donné le signal: le casque en tête, il n'est plus temps de * reculer. Voyons ce qu'on nous permet contre ceux dont les cendres reposent le long des voies Latine et Flaminienne. »

Rome enfin sembla renaître à de meilleurs destins. Trajan, le premier, avait essayé d'alléger le fardeau de la tyrannie. Adrien, ce prince dont les vertus, démenties plus tard, avaient d'abord fait concevoir de trop faciles espérances, venait de prendre les rênes de l'empire. Juvénal, alors au déclin des ans, et sentant son ame s'ouvrir aux charmes d'un bonheur trop long-temps désiré, se persuada sans peine que le moment pouvait être venu, après quarante ans d'un lugubre silence, de venger, à la face du ciel, Rome et l'univers de leur oppression: son ouvrage parut.

Étrange fatalité! sous ce prince, le même trait de satire qu'il avait à son début décoché contre l'histrion favori de Domitien trouva ou sembla trouver sa portée, aux yeux d'un autre favori; et le poète, jugé trop audacieux à son insu, dut expier son offense. « Une tragédie sur Pélops, osait-il « écrire, fait les gouverneurs, une autre sur << Philomèle, les tribuns. » Dès lors, vieillard octogénaire, il mérita, par un raffinement de bonté de la part d'un prince trop cruellement satirique à son tour, d'être revêtu du com

[ocr errors]

mandement d'une cohorte, et, à ce titre, relégué aux confins de l'Égypte : il y mourut de douleur.

Nous ne terminerons pas cette notice sans mentionner, comme nous le devons, les travaux de la plupart des traducteurs, nos devanciers. Ce sera de plus une occasion pour

nous, de faire connaître de quelle manière nous avons conçu la tâche que nous nous sommes imposée, de nous justifier d'un reproche qu'on n'a pas épargné à M. J. Pierrot lui-même, d'avoir, sans respect pour la mémoire de Dusaulx, aspiré à le supplanter dans l'opinion publique. Voici, sur ce point, comment le savant et judicieux professeur établit sa justification, qui va devenir la nôtre : « De Sacy, Lagrange, Dusaulx, et la plupart des traducteurs estimés du dernier siècle, < semblent appartenir à l'école des d'Ablan<court et des Vaugelas : c'est le même système de diction périodique, la même attention à grouper les phrases incidentes autour des phrases principales et à lier les « idées par les mots. D'ailleurs, quand elles * offriraient l'exacte empreinte de leur temps, la littérature contemporaine n'est-elle pas

H

« représentée avec plus de fidélité et de ma<< gnificence par les illustres prosateurs qui « honorèrent à cette époque les lettres fran<<çaises? Faut-il craindre en touchant à La« grange et à Dusaulx, qu'il ne reste plus « que Montesquieu et Rousseau, Buffon et «Voltaire pour immortaliser la langue du « dix-huitième siècle? »>

Toutefois, M. J. Pierrot, plus respectueux, il faut le dire, que nous, n'a fait que corriger dans M. Dusaulx les phrases ou membres de phrases les plus fautifs; mais ces corrections n'en ont pas moins exigé la refonte de la moi tié au moins de l'ouvrage, comme il l'observe lui-même. Nous devons ajouter, et nous serons cru facilement, que sans cette réserve de l'honorable professeur, qui seule l'a empêché de tout s'approprier en refondant le tout, nous nous serions cru dispensé de publier cet essai de traduction, pour lequel nous n'avions espéré en le commençant de parallèle qu'avec la version de M. Dusaulx.

Après l'indication de ces deux traductions que tout le monde connaît, et sans vouloir reproduire ici la nombreuse liste des traducteurs et commentateurs de Juvénal, donnée

« PredošláPokračovať »