Obrázky na stránke
PDF
ePub

A MONSIEUR

H. de Vatimesnil,

ancien ministre de l'instruction publique.

HOMMAGE D'UN PROFESSEUR.

mm

NOTICE SUR JUVÉNAL.

m

Juvénal, au vers 319 de sa troisième satire, nous apprend qu'il était d'Aquinium, aujourd'hui Aquino, dans l'Abruzze, ancien pays des Volsques. Suivant l'opinion la plus commune, il naquit vers l'an 795 de la fondation de Rome ou 42 de notre ère chrétienne, sous le règne de Claude.

Quelques uns l'ont dit fils, d'autres seulement le pupille d'un affranchi. Du reste, s'il en fut le pupille, il faut convenir que, dès ses plus tendres années, il devint, de sa part, l'objet d'une sollicitude toute paternelle. Après le bienfait de son éducation, héritier encore d'une portion, qu'on peut croire assez considérable, de sa fortune, il lui dut une aisance qui suffisait, comme il le fait entendre dans les satires XI et XII, à sa modeste ambition. Heureux l'homme de bien qui put de ce moment se promettre de rester étranger à un siècle corrompu, de se placer

195

[blocks in formation]

en dehors d'une société où s'agitaient tant de passions, où se révèlaient chaque jour tant de forfaits divers!

On ne dit point sous quels maîtres il fit ou continua de faire ses premières études : à Aquinium ou à Rome? Nous ne devons point nous arrêter à l'opinion de quelques auteurs de sa vie, qui le font disciple, les uns de Fronton, le même dont il est fait mention au commencement de sa première satire, les autres, de Quintilien. Cette opinion est trop peu probable: il me suffira de faire remarquer que Juvénal, lors de l'avènement de Domitien à l'empire, était déjà dans la maturité de l'âge, et l'on sait que ce fut vers cette époque que ces deux rhéteurs ouvrirent une école publique dans Rome.

Ce n'est pas moins une opinion générale-ment reçue, que Juvénal s'assit long-temps sur les bancs des rhéteurs, qu'il aimait à s'y produire, discutant avec eux dans leurs sujets ordinaires de déclamation; d'où l'assertion du poète :

Juvénal, élevé dans les cris de l'école,

Poussa jusqu'à l'excès sa mordante hyperbole.

Peut-être cette opinion elle-même n'a-t

elle d'autre fondement que ce que Juvénal nous dit au vers 15 et suivans de sa première satire « Et nous aussi, nous avons tremblé sous la férule, et nous aussi, nous avons, apprentis orateurs, conseillé à Sylla de goû«ter, citoyen privé, un sommeil profond Quels qu'aient été, du reste, ses maîtres comme ses études, il paraît constant qu'il ne songea point à rien produire avant l'âge de quarante ans ou à peu près.

».

Le premier trait échappé à sa verve satirique fut le passage suivant, inséré depuis dans la satire VII, et dirigé contre un histrion favori de Domitien : « Mais quand Stace a excité de bruyantes acclamations, il meurt de « faim, s'il ne vend à Pâris les prémices de son Agavé. Voilà l'homme qui dispense jusqu'aux honneurs militaires, qui met au doigt du poète Panneau du chevalier! Ce que les grands ne sauraient donner, un « histrion le donne! Et tu fais ta cour aux Ca« mérinus, aux Bareas, tu rampes dans les << antichambres des grands? Pélopée fait les « gouverneurs, Philomèle les tribuns ». Cet essai, qu'il ne communiqua d'abord qu'à un petit nombre d'amis, lui valut leurs suffrages,

« PredošláPokračovať »