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être condamné; ce qui fait dire à saint Paul que l'hérétique se condamne lui-même (1), parce qu'il reconnoît l'autorité des Livres divins où sa condamnation est écrite. Or, un système de foi auquel l'Ecriture est opposée, ou seulement qui n'est pas clairement établi dans l'Ecriture, est incompatible avec le principe selon lequel on ne doit admettre d'autre règle de foi que l'Ecriture. Les protestans ne peuvent donc adopter le système des points fondamentaux, sans renoncer à leurs maximes, ou sans se contredire grossière

ment.

J'ajoute que ce système ne sauroit être vrai, moins que le Christianisme ne soit faux. Car, premièrement, comme on vient de le voir, JésusChrist a enseigné une doctrine contraire, d'où il suit qu'il s'est trompé ou nous a trompés, qu'il étoit par conséquent ou un fanatique ou un impos

teur.

Secondement, ses disciples, fidèles exécuteurs des ordres qu'ils avoient reçus de lui, ne souffrirent jamais qu'on portàt la plus légère atteinte aux dogmes révélés. Saint Paul déclare que la foi est une, comme Dieu même est un (2); qu'ainsi l'on ne peut y rien ajouter, en rien retrancher sans l'anéantir : et en conséquence il frappe d'anathème quiconque osera prêcher un autre Evangile ou

(1) Ep. ad Tit. 111, 2.

(2) Ep. ad Ephes. iv, 5.

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une autre foi que lui (1), ordonne d'éviter l'homme hérétique, enseigne que tous les novateurs, en se flattant d'une fausse science, sont déchus de la foi (2), et comprend formellement, parmi les crimes qui excluent du royaume de Dieu, les schismes et les hérésies, sectæ (3). Saint Pierre les appelle toutes, en général, des sectes de perdition, et regarde ceux qui les introduisent comme des blasphémateurs (4). « Quiconque se retire, dit saint » Jean, et ne persévère point dans la doctrine de Jésus-Christ, n'a point de Dieu (5). » On l'entend: l'Apôtre ne met point de différence entre nier Dieu, et nier un seul article de la doctrine de Jésus-Christ; car on chercheroit en vain dans ses paroles une distinction, une restriction. « Si

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quelqu'un, poursuit-il, vient à vous et n'apporte pas cette doctrine, » que va-t-il dire? Vous examinerez si les vérités qu'il rejette sont ou non fondamentales; et s'il n'attaque pas le fondement, vous lui accorderez la tolérance, vous l'admettrez, comme un membre de la véritable Eglise, dans votre communion. Voilà la réponse des protestans, et voici celle de l'Apôtre : « Ne le recevez point dans votre maison, ne lui donnez point » le salut; car quiconque lui donne le salut par

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(1) Ep. ad Galat., 1, 8.

(2) Ep. II ad Timoth. 11, 17.

(3) Ep. ad Galat, v, 20,

(4) IIe Ep. 11, 1, 10.

(5) Ibid., 9.

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ticipe à son péché, operibus ejus malignis (1). » Telle est la tolérance des apôtres, telle est leur doctrine. Or, cette doctrine est fausse, si le système des points fondamentaux est vrai; donc ce système et le Christianisme, tel que l'enseignoient les apôtres, ne sauroient subsister ensemble.

Troisièmement, tous les Pères, tous les conciles, tous les Chrétiens, soit catholiques, soit hérétiques, ont ignoré, jusqu'à la naissance de la Réforme, la distinction de dogmes fondamentaux et non fondamentaux; ils ont cru qu'il n'y avoit qu'une seule foi par laquelle on pût être sauvé, qu'une seule Eglise qui professât cette foi (2), excluant du salut toutes les sectes séparées de cette unique et véritable Eglise. Or, si une erreur de cette importance a pu régner universellement pendant seize siècles; si, pendant seize siècles, personne n'a su ce que c'étoit que l'Eglise; si, en récitant le symbole des apôtres, les Chrétiens du monde entier ont professé une erreur absurde, que Jurieu qualifie de prodige de cruauté, d'imagination la plus insensée qui soit jamais montée dans l'esprit humain (3); si tous ces Chrétiens et toutes les Eglises particulières ont constamment réglé leur conduite sur cette erreur absurde et cruelle,

(1) II Ep. S. Joan., x, 11.

(2) Voyez le Traité de l'Unité de l'Eglise, par Nicole; le Ve Avertissement de Bossuet aux protestans ; Wallembourg, de controv. Tract. 3.

(3) Le vrai Système de l'Eglise, pag. 79, 92.

le Christianisme est évidemment faux, puisqu'un Envoyé divin n'a pu enseigner une erreur dont les conséquences sont si terribles; des hommes réellement inspirés n'ont pu la consacrer dans leurs écrits, en autoriser l'application par leur exemple; ou, en tout cas, Dieu n'eût jamais permis qu'elle prévalût si long-temps sans réclamation, dans une Eglise qu'il auroit établie pour y recevoir un culte digne de lui, digne de sa sainteté et de sa vérité.

Nous laissons aux protestans à examiner sur quel fondement ils se tranquillisent dans leurs principes anti-chrétiens. Ce n'est pas sur l'Ecriture, ce n'est pas sur l'autorité des premiers siècles, nous l'avons prouvé; ce n'est pas non plus sur la raison, comme nous allons le faire voir, en considérant, sous un point de vue plus philosophique ou plus général, le système des points fondamentaux.

Que font les partisans de ce système pour démontrer, contre les déistes, la nécessité d'une révélation? S'appuyant des aveux des déistes mêmes, ils prouvent qu'une Religion est nécessaire, et qu'il existe, par conséquent, une vraie Religion. Les annales de la philosophie à la main, ils montrent ensuite qu'on ne sauroit, par la raison seule, s'assurer pleinement d'aucun dogme; qu'en la prenant pour unique guide, on ne fait qu'errer de doutes en doutes, d'incertitudes en incertitudes, et que loin de parvenir à une croyance fixe, on est contraint de tolérer l'athéisme même, ou la

négation de tout dogme, l'exclusion de tout
culte,
la destruction de toute morale. Si donc,
concluent-ils, une vraie Religion est nécessaire,
il est nécessaire aussi que Dieu révèle cette vraie
Religion.

Mais voici une chose étrange: Dieu révélera aux hommes des vérités nécessaires à l'homme, et les hommes ne seront pas obligés de croire Dieu, et ils resteront maîtres de rejeter les vérités que Dieu leur révèle! Alors à quoi bon une révélation? Mieux valoit que Dieu gardât le silence, si l'on est libre de le démentir, de réformer ses enseignemens, de lui dire : Nous te connoissons mieux que tu ne te connois toi-même. Or, telle est la liberté que consacre la tolérance. Car de s'étayer du prétexte d'obscurité, pour tenir en suspens l'autorité de la révélation, ou d'une partie de la révélatino, dont l'objet est de dissiper les doutes de l'esprit humain sur les vérités qu'il doit croire, c'est visiblement se contredire, c'est se moquer des hommes, et de leur auteur.

J'entends les disciples de Jurieu qui me répon dent: « Nous ne prétendons pas qu'on puisse nier, >> sans s'exclure du salut, tous les dogmes révélés, >> mais seulement ceux de ces dogmnes qui ne sont >> pas fondamentaux.» On verra bientôt que cette distinction est complétement illusoire. Mais je veux bien l'admettre en ce moment, et prendre le système tel qu'on nous l'offre, avec les restrictions arbitraires qu'une sorte de pudeur chrétienne

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