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Religion est pour l'homme, considéré soit individuellement, soit en société avec ses semblables et avec Dieu, d'une importance infinie; d'où il suit qu'il a un intérêt infini à s'assurer s'il existe en effet une vraie Religion, et qu'il y a, par conséquent, une folie infinie à demeurer à cet égard dans l'indifférence. Pour éclaircir nos principes en les appliquant à une Religion connue, nous supposerons, en outre, que le Christianisme est cette Religion véritable, dont il s'agit de montrer l'importance.

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On soutient que toutes les Religions sont en elles-mêmes indifférentes; et nous prouverons qu'aucune Religion n'est indifférente en soi, ou qu'en toute Religion il y a bien ou mal, vérité ou erreur; qu'il existe nécessairement une vraie Religion, c'est-à-dire, une Religion d'une vérité ou d'une bonté absolue, et qu'il n'en existe qu'une seule, d'où se déduit l'obligation de l'embrasser, s'il est possible de la reconnoître.

On soutient que s'il existe une véritable Religion, l'homme n'a aucun moyen de la discerner des Religions fausses; et nous prouverons que, dans tous les temps, les hommes ont eu un moyen facile et sûr de reconnoître la véritable Religion : d'où il résulte que l'indifférence n'est pas seulement un état déraisonnable, mais encore un état criminel.

Chacun sans doute restera juge, pour soi, de la force des preuves que nous allons développer.

Nous ne contestons à personne ce droit naturel.. Mais quiconque refuseroit d'examiner les fondemens de l'indifférence, ne pourroit-être compté parmi les indifférens dogmatiques. Il se rangeroit, par cela seul, au nombre de ces insensés qui, voulant à tout prix confondre les terreurs de la conscience avec la répugnance de la raison, craignent de regarder en face la vérité, et se forment contre elle un triste rempart de ténèbres, foible défense contre le remords.

CHAPITRE IX.

Importance de la Religion par rapport à

P'homme.

LE bonheur est la fin naturelle de l'homme : il désire invinciblement d'être heureux; mais trop souvent la raison incertaine et les passions aveugles l'égarent loin du terme où il aspire avec une si vive ardeur. Soumise à des lois invariables, la brute atteint sûrement sa destination. Aucune erreur, aucune affection désordonnée ne l'écarte du but que lui a marqué la nature; et la mort, dont elle n'a ni la prévoyance ni les terreurs, arrivant au moment où la décadence des organes ne lui laisseroit plus éprouver que des sensations pénibles, est enelle un bienfait.

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Il n'en est pas ainsi de l'homme : intelligent et libre, pour jouir du bonheur, il faut qu'il le cherche, qu'il s'applique à le discerner de ce qui n'en est que l'image, que sa volonté le choisisse librement; et jamais il ne s'en éloigne davantage que lorsqu'il n'obéit, comme l'animal, qu'à ses penchans. Les nobles facultés qu'il dégrade, vengeant leurs droits outragés, lui font bientôt sen

tir, par l'amertume qu'elles répandent sur ses plaisirs, qu'il existe pour lui une autre loi que la loi des sens.

Le bonheur des êtres est dans leur perfection, et plus ils s'approchent de la perfection, plus ils s'approchent du bonheur. Jusqu'à ce qu'ils y arrivent, on les voit agités, iuquiets, parce que tout être qui n'a pas atteint la perfection qui lui est propre, ou qui n'est pas tout ce qu'il peut et doit être, est dans un état de passage, et cherche le lieu de son repos, comme un voyageur, égaré dans des régions étrangères, cherche avec anxiété sa patrie. Et il est remarquable que tous les hommes, dominés à leur insu par le sentiment de cette vérité, joignent constamment, à l'idée du bonheur, l'idée du repos, qui n'est lui-même que cette paix profonde, inaltérable, dont jouit nécessairement un être parvenu à sa perfection, et que saint Augustin appelle excellemment la tranquillité de l'ordre; et quand l'Ecriture veut peindre le séjour affreux du souverain mal, elle nous parle d'une région désolée, d'une terre de ténèbres et de mort, d'où tout ordre est banni, et qu'habite une éternelle horreur (1).

La perfection des êtres étant relative à leur nature, il s'ensuit qu'aucun être, et l'homme en

(1) Terram miseriæ et tenebrarum, ubi umbra mortis et nullus ordo, sed sempiternus horror inhabitat.

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particulier, ne sauroit être heureux que par une parfaite conformité aux lois qui résultent de sa nature. En un mot, il n'y a de bonheur qu'au sein de l'ordre; et l'ordre est la source du bien, comme le désordre est la source du mal, dans le monde moral comme dans le monde physique, pour les peuples comme pour les individus; et, quand ils méconnoissent cette vérité éternelle, le châtiment suit de près, toujours proportionné à la gravité du désordre; et si le désordre est extrême, si un individu ou un peuple se rend, pour ainsi parler, coupable d'un crime capital, en violant les lois fondamentales de son être, la naturé inexorable le punit de mort.

Mais pour se conformer aux lois de l'ordre il faut les connoître. Donc, point de bonheur pour l'homme, à moins qu'il ne se connoisse lui-même, et qu'il ne connoisse les êtres avec lesquels il a des rapports nécessaires, c'est-à-dire, les êtres semblables à lui; car il n'y a de rapports nécessaires ou de société, qu'entre les êtres semblables. Et l'homme, en effet, peut connoître Dieu, et se connoître lui-même, et connoître, par conséquent, les rapports nécessaires qui l'unissent à Dieu et aux autres hommes, et qui dérivent de la nature de l'homme et de la nature de Dieu. Autrement il seroit un être contradictoire, puisqu'ayant une fin, qui est la perfection ou le bonheur, il n'auroit aucun moyen d'y parvenir.

Et ceci montre clairement l'absurdité de la doc

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