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mettre; et s'exposer à le violer, en refusant de s'assurer qu'il existe, est une si étonnante folie, que je n'ai point de termes pour qualifier la créature qui en seroit capable.

Et maintenant, peuples, entendez : De l'abîme de malheurs où vous a précipités votre crédule confiance en une fausse sagesse, mère du désordre et de la mort, écoutez la Religion qui vous crie: Venez à moi, vous tous qui travaillez vainement à renaître, vous qui succombez sous le fardeau des institutions humaines et des doctrines du néant : nations mourantes, venez à moi; abandonnez ces médecins trompeurs qui vous promettent la force, et ne savent qu'user celle qui vous reste dans de douloureuses convulsions. Venez, hâtez-vous, le temps presse: chaque jour la vie s'affoiblit en vous, la corruption gagne, la dissolution se consomme; bientôt vous ne serez plus qu'un cadavre infect: venez à moi, et je vous recréerai: Venite ad me omnes qui laboratis et onerati estis, et ego reficiam vos (1).

(1) Matth., cap. x1, 28.

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CHAPITRE XII.

Importance de la Religion, par rapport à Dieu.

SUPPOSÉ qu'il existe une Religion véritable, je veux montrer combien le mépris de ses dogmes et la violation de ses préceptes sont injurieux à Dieu et criminels dans l'homme.

Arrachons-nous à l'empire des sens, fermons les yeux, dérobons un moment notre âme aux impressions des objets extérieurs, qui, la remplissant de vains fantômes, la détournent de la contemplation des réalités intellectuelles, et lui font oublier jusqu'à sa propre nature, en l'égarant dans le monde des corps, fugitive patrie des illusions qui nous abusent sur notre être véritable, nos devoirs et nos destinées. Comprenons que des organes ne sont pas l'homme, que la création matérielle n'est que l'ombre d'une création plus noble, que les sociétés de la terre ne sont qu'une foible image, une dépendance relative à notre état présent, de la grande société de toutes les intelligences dont Dieu est le monarque : société parfaite, éternelle, à laquelle l'homme doit appartenir, à laquelle il appartient dès ici-bas en partie; mais où sa place,

qu'il doit choisir lui-même en qualité d'être libre, ne sera irrévocablement fixée que lorsque, dépouillé de son enveloppe mortelle, il aura cessé d'appartenir à la société mixte, où l'ordre exige qu'il soit éprouvé passagèrement. Comprenons que cette dernière société même ne consiste point dans l'assemblage des corps et dans la combinaison des intérêts matériels; qu'elle ne devient une vraie société que lorsque ses membres, unis par des lois relatives à leur nature intelligente, obéissent au pouvoir suprême qui régit tous les êtres intelligens: car il n'existe de véritable société qu'entre les intelligences; et c'est une des raisons pourquoi la société humaine se dissout quand l'homme, se matérialisant, ne met plus dans la société que son corps, son action et ses besoins physiques. Comprenons enfin que si le Créateur a établi un ordre plein de sagesse et de majesté dans la collection des êtres matériels, s'il les a soumis à des lois appropriées à leur nature, et d'où dépend leur conservation, il est absurde de penser qu'il n'existe aucun ordre voulu de Dieu dans la société des intelligences abandonnées sans règle et sans lois aux destins qu'elles se feroient elles-mêmes. Cela répugne aux plus simples lumières de la raison. Tout ce qui est, est ordonné. L'existence simultanée de plusieurs êtres semblables enferme dans sa notion celle de certains rapports naturels entre ces êtres, par conséquent l'idée d'ordre ; et de là vient qu'en détruisant l'ordre naturel entre les êtres, on détruit les êtres mêmes.

Mais pour mieux concevoir encore l'importance de l'ordre dans la société des intelligences, et le crime de sa violation, il faut entendre que, de toute éternité, l'Etre souverainement parfait, s'aimant d'un amour infini, jouissoit, dans son immense repos, d'une félicité sans bornes; que lorsqu'il résolut de créer, ne devant rien qu'à lui, puisqu'il n'existoit que lui, il ne put se proposer qu'une fin relative à lui-même, c'est-à-dire, sa gloire, ou la manifestation de ses perfections infinies.

Or, manifester ses perfections, c'étoit manifester son être, en produire au dehors une vivante image; et l'homme, en effet, fut créé à l'image et à la ressemblance de Dieu. Participant, quoiqu'en un degré fini, à tout son être, il fut, comme Dieu, puissance, intelligence et amour : il put connoître la vérité, aimer le bien, et le réaliser au dehors par ses actes.

Et afin que sa ressemblance avec l'Etre souverain fût plus parfaite, Dieu voulut que l'homme concourant librement à ses desseins, se rendit, en quelque sorte, volontairement son image, en réglant l'usage des facultés dont il l'avoit enrichi, sur les rapports immuables ou les lois éternelles, qui mettent, si je l'ose dire, l'ordre en Dieu même.

Il lui révéla donc ce qu'il étoit nécessaire qu'il connût de ces lois; et la Religion, lien d'union entre Dieu et l'homme, comme son nom même l'indique, n'est que cette immortelle et sublime législation. Qui la viole dégrade donc, autant qu'il est en

lui, l'Etre éternel, le prive d'une partie de sa gloire, introduit le désordre dans la société des intelligences, se révolte contre le pouvoir qui la régit : crime si grand que Dieu seul pouvoit ne pas le juger inexpiable.

Mais, nécessairement, il faut qu'il soit où expié ou puni; car c'est ainsi que, malgré la coupable opposition de l'homme, les desseins de Dieu s'accomplissent, et que l'ordre est rétabli. « La peine » rectifie le désordre : qu'on pèche, c'est un dé>>sordre; mais qu'on soit puni quand on pèche, » c'est la règle. Vous revenez donc par la peine » dans l'ordre que vous éloigniez par la faute. Mais » que l'on pèche impunément, c'est le comble du » désordre: ce seroit le désordre, non de l'homme qui pèche, mais de Dieu qui ne punit pas. Ce » désordre ne sera jamais, parce que Dieu ne peut » être déréglé en rien, lui qui est la règle. Comme » cette règle est parfaite, droite parfaitement, et >> nullement courbe, tout ce qui n'y convient pas y est brisé, et sentira l'effort de l'invincible et » immuable rectitude de la règle (1). »

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Qu'avant donc de rejeter avec dédain la Religion, l'homme apprenne à la connoître. Le mépris est facile; c'est un plaisir que l'ignorance procure à peu de frais à l'orgueil : mais encore faudroit-il, portant les yeux plus loin, regarder aux suites de ce mépris, et songer à ce qu'on répondra au Légis

(1) Médit. sur l'Evangile, tom. I, p. 51, édit. in-12.

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