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lateur suprême, lorsqu'il nous en demandera raison. Sourire, ce n'est pas tout: et Dieu aussi sourira, dit l'Ecriture, irridebit et subsannabit eos (1). Mais en ce jour formidable, qui sera le jour de sa justice, la créature rebelle, contemplant à découvert l'ordre qu'elle a blessé, et l'admirant avec désespoir, le sentira tellement conforme à sa nature, que ce sera pour elle un moindre tourment d'y concourir par son supplice, que de le troubler, s'il étoit possible, par la jouissance injuste de la félicité qu'elle mérita de perdre.

A quoi sert de s'abuser? Quel avantage nous en revient-il? Qu'est-ce, hélas! que ce court assoupissement qu'on se procure à l'aide de sophismes enivrans, comparé à cette veille terrible qui lui succède, et à laquelle rien ne succède? Cependant l'on se tranquillisera sur des motifs si frivoles, que je rougis même de les rappeler. Une créature superbe, s'avilissant par orgueil, cherchera l'indépendance au fond de l'abjection, et se flattant, à force de bassesse, d'échapper à l'oeil du souverain Etre, essaiera de traverser clandestinement le monde moral, comme ces obscurs vagabonds que la police ignore ou dédaigne. Jusque dans l'hypocrite humilité de son langage, on reconnoît l'esprit de révolte et l'aversion de la règle. « Qu'est-ce que l'homme, dit-elle, à l'égard de Dieu? Comment, à l'infi>> nie distance qui les sépare, la créature pourroit

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(1) Psalm. II, 4.

elle offenser le Créateur? Qu'importent à l'Eter» nel les stériles hommages ou les folles insultes » d'un être d'un jour ? Que lui importent ses pen

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sées, ses sentimens, ses actions? Foibles mortels, >> cessez d'attribuer au Très-Haut vos idées rampantes. Dieu, n'en doutez pas, est trop grand » pour s'abaisser jusqu'à l'homme, et l'homme est >> trop petit pour s'élever jusqu'à Dieu. »

pour

Intelligence dégradée, est-ce là ton excuse? Estce là le fondement de ta stupide sécurité dans l'oubli de tes devoirs. L'Etre qui t'a créée est trop grand pour t'avoir créée lui! Il est trop parfait pour s'occuper de la perfection de son ouvrage! Dieu est trop au-dessus de toi, pour s'irriter que tu te préfères à lui, que ta volonté s'oppose à sa volonté souveraine! Dieu est trop sage pour avoir établi aucun ordre parmi ses créatures intelligentes, pour leur avoir prescrit des lois, pour exiger qu'elles les observent! En te donnant l'être, il t'a dit: Je te crée pour m'adorer, ou pour m'outrager, comme il te plaira; pour m'aimer, ou pour me haïr, selon tes caprices; la vérité, l'erreur, le bien, le mal, tout en toi m'est indifférent : ton existence isolée ne se lie à rien dans mes conseils; vile production de mes mains, tu ne mérites pas de fixer mes regards: sors de ma vue, sors de ma pensée, et que la tienne soit ta loi, ta règle et ton Dieu!

Chose étrange! que l'on s'affranchisse de tout devoir envers le Créateur, sur les raisons même qui prouvent le mieux, et l'importance de ces devoirs,

et combien l'homme se rend coupable en les violant. Vous refusez d'adorer Dieu, et pourquoi? parce qu'il est trop grand, trop parfait, c'est-àdire, trop digne qu'on l'adore. Vous refusez d'obéir à Dieu, et pourquoi? parce qu'il est trop puissant, trop sage, c'est-à-dire, parce qu'il a trop de droits à l'obéissance. Vous refusez d'aimer Dieu, et pourquoi? parce qu'il est trop juste, trop saint, trop bon, c'est-à-dire, trop aimable. Je ne m'étonne plus qu'ayant préparé des réponses si péremptoires, vous attendiez en repos le jugement formidable qui décidera de votre sort éternel.

Ce n'est pas certes une foible preuve de la dégradation originelle de l'homme, que ces extravagances puissent trouver place dans son esprit. Mais, fussent-elles autant de vérités incontestables, il faut lui apprendre qu'il ne sauroit encore en déduire aucun motif solide pour se tranquilliser dans l'état d'indépendance absolue où il cherche à se placer : car la Religion nous enseigne qu'entre Dieu et l'homme il existe un Médiateur qui, réunissant en soi la nature divine et la nature humaine, comble l'espace immense qui nous sépare du premier Etre, et donne à nos hommages unis aux siens, à nos œuvres unies aux siennes, une valeur infinie. Dès lors tous les prétextes fondés sur le néant de l'homme pour se dispenser de rendre à Dieu le culte qu'il exige de nous, s'évanouissent comme l'ombre. Notre infirmité naturelle, qui sembloit nous reléguer à jamais loin de l'Etre infini, sert

même à nous faire comprendre l'énormité du crime que nous commettons, en violant les lois d'une société que Dieu a établie par des voies si merveilleuses.

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Nous savons, et l'analogie seule nous conduiroit à juger qu'il existe de pures intelligences plus parfaites que l'homme, et membres, ainsi que lui, de cette haute société dont le Médiateur est le lien; mais il ne nous est point donné de pleinement connoître la vaste hiérarchie des êtres spirituels, ni l'ensemble des lois qui les régissent. Il en est d'uniquement relatives à un état trop différent du nôtre, pour que Dieu ait voulu nous les découvrir. Il nous a départi la mesure précise de lumière dont nous avons besoin dans notre condition présente; mais rien de plus. En accordant à l'homme tout ce qui lui est nécessaire pour parvenir à sa fin il lui refuse ce qui ne serviroit qu'à satisfaire sa vaine curiosité; car, outre que la foi, pour être méritoire, doit être mêlée de ténèbres, et ressembler, suivant l'expression de l'apôtre, à une lampe qui luit dans un lieu obscur (1), il y a un ordre de connoissances que notre nature ne comporte point ici-bas, et dans les connoissances où nous pouvons atteindre un degré de clarté qui, loin de nous être utile, nous deviendroit très-dangereux, et dérangeroit complétement l'économie des desseins de Dieu à notre égard. Notre liberté, notre existence

(1) B. Petri. Ep. ¡I, cap. 1, 19.

même dépend de ce mélange de lumière et d'obscurité. Si nous apercevions toute la grandeur de l'âme humaine, sans découvrir en même temps les perfections infiniment plus élevées du souverain Etre, ravis, sans pouvoir nous en défendre, d'une admiration désordonnée pour nous-mêmes, nous tomberions à l'instant, comme l'ange rebelle, par l'orgueil. Et si Dieu, tout à coup se dévoilant, nous permettoit de contempler une foible partie de sa gloire, l'âme transportée briseroit ses organes, trop frêles pour résister à l'impétuosité des sentimens que cette vue exciteroit en elle."

On conçoit donc que les lois générales de la Re-: ligion se modifient selon la nature des différens êtres qu'elle unit, et selon les divers états où ces êtres sei peuvent trouver. Ainsi l'homme, être mixte, a des devoirs relatifs à sa double nature et à sa condition. présente; et comme il ne se conserve et que ses facultés ne se développent que dans l'état de société, Dieu a pris soin d'établir une société dépositaire des lois destinées à régler l'usage de ces facultés, ou à mettre l'ordre dans tout l'homme, dans ses pensées, ses affections, ses actions: société spirituelle à la fois et visible, parce que l'homme est esprit et corps; société une, parce que la Religion est universelle; société perpétuelle, parce que la Religion est perpétuelle; société sainte ou parfaite, parce qu'elle est régie par des lois parfaites, sous l'autorité d'un parfait Monarque.

Quiconque se sépare de cette société fondée par

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