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PHILOSOPHIE CLASSIQUE

GÉNÉRALITÉS

I. — OBJET DE LA PHILOSOPHIE

1. D'après la classification qui précède, la philosophie a pour objet les lois de tous les esprits.

Mais l'objet de cette science n'a pas toujours été le même.

2. Temps primitifs de cette science. Les premiers hommes qui se sont occupés des questions que traite aujourd'hui la philosophie s'appelèrent cocot, sages, et le but de leurs recherches était, selon eux, la science universelle qu'ils appelaient copía, sa

gesse.

Pythagore fut, dit-on, le premier qui se mettant à la poursuite d'e cette science universelle se contenta de s'appeler çikósopo;, philosophe, c'est-à-dire, amateur de la sagesse.

3. Temps de Socrate. Socrate, avec son grand principe Yobt šautó, connais-toi toi-même, réduisit presque la philosophie à ce que nous appelons aujourd'hui la morale.

4. Les disciples de Socrate. Ses disciples, sans négliger la partie morale, s'adonnèrent davantage aux questions théoriques. Platon, Aristote, Epicure et Zénon, faisaient entrer dans la philosophie, une théorie de la connaissance, une théorie du monde, une

théorie de Dieu, une théorie de l'âme humaine. C'était, d'une inanière générale, la science universelle, et ils appelaient la philosophie la science des principes, ou des causes, ou des idées, c'est-à-dire des essences des choses.

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5. Rome et le moyen âge. Pendant la République romaine et l'Empire et au moyen âge, la philosophie eut toujours le même objet qu'au temps de Platon et d'Aristote; on y faisait entrer une certaine connaissance générale du monde physique : c'était toujours la science des principes. La philosophie n'était autre chose que la science en général.

6. Temps modernes. — Depuis Bacon et Descartes, les sciences physiques ayant pris un plus grand essor, on les sépara de la philosophie et, à mesure que chaque science prenait son objet déterminé, la philosophie fut restreinte à l'étude des esprits.

7. Objet précis de la philosophie moderne. Mais la philosophie étant une science purement humaine, qui ne s'appuie pas comme la théologie sur la révélation, ne connaît que deux sortes d'esprits: l'âme humaine et Dieu.

La philosophie a donc pour objet l'ame et Dieu, tels qu'ils nous sont connus par nos ressources naturelles; ce qui la distingue de la théologie, qui étudie l'âme et Dieu, d'après les données de la révélation divine, et ajoute à cet objet l'étude des anges que nous ne connaissons que par la révélation.

Cependant la philosophie n'a pas entièrement abandonné l'étude des principes des choses, car ce n'est que pareux qu'elle peut atteindre son objet propre. C'est ainsi que la philosophie étend encore son domaine sur toutes les sciences, dont elle examine les bases, discute les méthodes et prépare le développement en guidant l'esprit humain dans toutes ses recherches. Par là, elle justifie le titre qu'on lui a donné de science des sciences.

II.- DÉFINITION DE LA PHILOSOPHIE

8. Fondements de cette définition.

On définit une science

et on la distingue de toute autre par la désignation de son objet.

L'objet de la philosophie ayant varié avec le temps, la définition de cette science a dû varier aussi.

9. Définitions diverses.

vantes :

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φιλοσοφία,

Son nom d'abord, piλocopía, qui signifie recherche de la sagesse: Studium sapientiæ;

Τῶν ἀρχῶν ἐπίστημη, science des principes (ARISTOTE). Rerum divinarum atque humanarum, causarumque quibus ee res continentur scientia; la science des choses divines et humaines, et de leurs causes (CICERON).

Scientia ex primis principiis deducta (SAINT-THOMAS).

La connaissance de la vérité par les premières causes (DESCARTES).

La raison des choses (LAROMIGUIÈRE).

La science de l'homme intellectuel et moral dans ses rapports avec Dieu et avec le monde (JOUFFROY).

La science de Dieu, de l'homme et de la société (DE BONALD). La science de la pensée.

La science de la raison.

Toutes ces définitions ressortent de l'objet que chaque philosophe avait en vue, et elles sont toutes vraies dans le sens de leur auteur, bien que quelques-unes soient trop vagues ou trop vastes et que d'autres renferment des termes inutiles.

10. Notre définition. Pour nous, ayant en vue l'objet de la philosophie tel que nous l'avons déterminé plus haut et voulant distinguer cette science de la théologie qui a presque le mème objet, nous définirons la philosophie: LA SCIENCE NATURELLE DE L'AME

ET DE DIEU.

Science, c'est-à-dire connaissance raisonnée des lois de tel ou tel

être.

Naturelle, c'est-à-dire acquise par les moyens qui sont du ressort de la nature humaine et non par la révélation.

11. Observation comparative sur les divers moyens de connaitre l'âme et Dieu.- Remarquons à ce sujet que l'homme a plusieurs moyens d'arriver à la connaissance de son âme et de Dieu.

1. Le bon sens, qui n'est autre que la raison sans étude, est une sorte de lumière intérieure naturelle et innée, par laquelle nous jugeons facilement des vérités qu'il nous importe de connaître, dès qu'elles nous sont présentées. Le bon sens est un juge infail ible sur les vérités qui sont de son ressort, mais comme il ne découvre pas par lui-même ces vérités, il suppose l'éducation. Par le bon sens, aidé de l'éducation, tout homme a une certaine connaissance de son âme et de Dieu.

2° La foi à la révélation faite par Dieu au genre humain, et dont l'Eglise catholique se déclare la dépositaire. La foi enseigne sur Dieu et sur l'âme toutes les vérités qu'il importe à l'homme de connaître ; les unes sont du ressort de notre connaissance naturelle, les autres surpassent tous nos moyens et sont une faible participation à la science divine. D'ailleurs, non seulement par les vérités qu'elle enseigne, mais encore par la nature de la connaissance qu'elle donne la foi est une connaissance surnaturelle.

3o. La philosophie, qui est la raison réfléchie. Elle se rend compte des vérités admises par le bon sens et même de quelques unes des vérités qu'enseigne la foi, et de plus elle découvre des vérités qui ne sont pas explicitement exprimées dans le bon sens, ni dans la foi. Du reste, comme nous l'avons déjà dit, la philosophie est une connaissance naturelle, abstraite, et entièrement différente de la foi, même quand elle s'exerce sur les mêmes vérités.

4°. La théologie, qui n'est autre chose que l'union de la foi et de la philosophie s'exerçant ensemble sur le même objet. Elle emprunte à la foi toutes les vérités enseignées par la révélation, et, au moyen des vérités conquises par la philosophie, elle arrive par le raisonnement à une connaissance de Dieu et de l'âme que la philosophie seule ne pourrait jamais atteindre, et que la foi seule n'enseigne pas d'une manière explicite.

Le bon sens est pour tous les hommes; la foi seule est pour les chrétiens qui ne peuvent se livrer à l'étude; la philosophie est pour tous les hommes qui peuvent étudier; la théologie est le privilége des chrétiens intelligents et instruits.

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III. — UTILITÉ, IMPORTANCE, NÉCESSITÉ DE LA
PHILOSOPHIE

12. Emploi des mots « utile, important, nécessaire ». Les mots utile et important ne se disent que des instruments ou moyens d'acquérir un bien, ou d'arriver à notre fin.

Le mot nécessaire se dit de la fin aussi bien que des moyens de l'atteindre.

13. Sens du mot « utile ».— Un moyen est simplement utile quand il nous conduit à notre fin, et que nous pourrions facilement atteindre cette fin par d'autres moyens.

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14. Sens du mot «< important». Un moyen est important quand il sert à atteindre la fin, et que l'on courrait risque de ne pas l'atteindre sans ce moyen.

15. Sens du mot « nécessaire ».-Un moyen est nécessaire quand il est indispensable pour atteindre la fin.

16. Fin de l'homme et de la société. - Régler sagement sa conduite, vivre en homme, développer ses facultés et atteindre autant que possible son dernier développement, sa perfection et son bonheur, c'est la fin de l'homme ici-bas et de la société.

17. Moyen d'atteindre cette fin. Or, pour régler sagement leur conduite, pour se perfectionner et arriver au bonheur, les hommes et les sociétés ont besoin d'une certaine connaissance de Dieu et de l'âme.

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18. Utilité de la philosophie pour tous les hommes. Pour le plus grand nombre des hommes, c'est assez de cette connaissance élémentaire et générale qu'ils trouvent dans le bon sens, ou qu'ils puisent dans la foi. Une connaissance plus profonde serait un bien, mais ils peuvent s'en passer sans dommage. La philosophie leur est donc simplement utile.

19. Importance de la philosophie pour les hommes instruits d'ailleurs. Les hommes versés dans les sciences du monde corporel, ont besoin, pour équilibrer leurs facultés, d'avoir

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