Obrázky na stránke
PDF
ePub

Théorie de Reid. Le chef de l'école Ecossaise, Thomas Reid est le premier qui, en restant généralement fidèle aux données de la philosophie classique, ait franchement abandonné les théories d'Aristote sur l'âme.

Dédaignant les subtilités de la dispute, il admet comme indiscutables ou comme accordés un certain nombre de principes, tels que la certitude des faits de conscience, de la mémoire, de la réflexion sur soimême, de l'identité du principe pensant, qui est le moi; la distinction de la substance d'avec ses modifications; la réalité objective de nos connaissances; la vérité des doctrines universellement admises par le genre humain; enfin, la certitude de tout ce qui, en général, est l'objet de,la conviction de tout homme raisonnable.

Ces principes posés, Reid prend pour guide la réflexion, et, rejetant la division générale des opérations intellectuelles, adoptée dans toutes les logiques, depuis Aristote jusqu'à Port-Royal : « concevoir, juger, raisonner », parce que, dit-il, de ces trois opérations, la deuxième suppose et renferme la première, et la troisième renferme les deux autres, il renonce à donner une analyse complète des facultés de l'âme, et croit devoir admettre comme des facultés distinctes les sens, la mémoire, la conception, l'abstraction, le jugement, le raisonnement, le goût, la perception morale et la conscience.

La première distinction entre les facultés ou les opérations de l'âme ne se fonde plus sur la participation ou la non-participation du corps; on n'y voit donc plus les facultés sensitives à côté des facultés intellectuelles. Ce dernier terme de facultés intellectuelles représente chez Reid toutes les facultés appréhensives des anciens, et les facultés appétitives prennent le nom de facultés actives. C'est un premier pas vers la division devenue classique aujourd'hui, mais la sensibilité est encore absente.

De plus Reid, en créant, une nouvelle analyse de l'âme, donne une nouvelle direction à la psychologie, en la séparant de la métaphysique, où l'âme était étudiée, presque a priori, pour la traiter, avec plus de raison, comme une science d'observation. Il a aussi le premier mis en lumière un phénomène intellectuel oublié jusqu'à lui, qu'il appelle les suites d'idées, que son disciple Dugald Stewart a étudié plus profondément sous le nom d'Associations des idées, et qui est devenu chez les contemporains l'objet d'une étude attentive et féconde.

Ainsi les travaux de Reid ont dirigé la psychologie dans une meilleure voie : 1• quant à la méthode qui doit y être analytique, puisqu'elle a pour objet un être réel contingent, étudié dans ses lois

contingentes; 2° quant au fondement de la distinction des facultés qui est la nature des actes, plutôt que la présence ou l'absence du corps comme instrument; 3° en donnant occasion d'étudier un phénomène qui rend compte de la plupart des opérations de l'àme.

Mais en se séparant de la tradition classique il a, comme toute réaction, dépassé le but. Sa théorie laisse sans explication et en quelque sorte sans cause, toute une série de faits de l'âme les sensations et les sentiments. Et sa théorie des suites d'idées devenue après lui, l'association des idées a fait oublier la théorie classique des habitudes qui en est cependant le complément indispensable.

Théorie d'Epicure.

THÉORIES NON CLASSIQUES.

- L'âme selon Epicure est une matière comme le corps; seulement elle est composée d'atomes plus subtils et plus actifs. Epicure les suppose ronds et ignés.

Pour expliquer la connaissance, il suppose que les corps émettent perpétuellement dans tous les sens des atomes, qui,en atteignant nos organes, fournissent à l'âme des images. Ces images lui font connaitre les corps d'où les atomes sont partis. C'est ce phénomène qu'il appelle la sensation, díolos. La même sensation répétée plusieurs fois engendre dans l'âme un souvenir, par lequel nous jugeons de tous les corps semblables. C'est l'idée universelle, qui nous permet de concevoir un objet avant de l'avoir perçu, et c'est pour cela qu'Epicure appelle ces idées universelles des anticipations, προλήψεις.

Les Stoïciens partaient de la mème théorie et admettaient dans le même sens les sensations et les anticipations, mais ils y ajoutaient la droite raison, oplós λóyos, qui était pour eux une participation à la raison commune, sorte de force ou de feu intelligent, qui pénètre le monde et le meut en y opérant tous les développements que nous voyons s'y produire.

Théorie de Locke. L'Essai sur l'entendement humain de Locke prétend nous donner une doctrine nouvelle et constituer un progrès dans l'analyse de l'âme.

Au fond, ce n'est qu'un retour en arrière qui a mis la philosophie du XVIII siècle en retard sur la philosophie classique. Car la doctrine de Locke sur l'intelligence n'est que celle d'Epicure avec un mot nouveau. Selon Locke, le principe de toute connaissance c'est la sensation; et la réflexion, agissant sur elle, comparant les sensations, et constatant ce qu'elles ont de semblable ou de diffèrent, fournit les idées et tous les

autres développements de la connaissance. Il est facile de voir, que la réflexion de Locke remplit exactement le but des anticipations d'Epicure.

Théorie de Condillac. - Partant du principe de Locke, Condillac déclare que, non seulement toute connaissance vient de la sensation, mais que tout est sensation dans l'àme; que la sensation se transforme en idée, en jugement, en raisonnement, en volonté même; en sorte que l'âme fait toutes ses opérations par une seule faculté: la sensibilité.

nous

Théories idéalistes. A côté des théories matérialistes que nous venons d'exposer comme théories non-classiques, le XVIII° siècle offre des doctrines qui s'écartent aussi de la philosophie classique mais en sens contraire.

C'est d'abord Leibnitz, pour qui, conformément à sa théorie des monades, dont nous avons parlé, page 210, la perception n'est autre chose qu'un développement, une sorte d'évolution interne de l'àme, et des monades du corps, sans aucune action des unes sur les autres. Quoique Leibnitz s'exprime comme tout le monde quand il parle des sens, il faut reconnaître, que les mots perception, sensation, action même, n'ont plus aucun sens analogue au nôtre, dans son système. C'est déjà sous d'autres termes le formalisme de Kant.

Kant, constate la conscience et les pensées, les informations que l'âme perçoit en elle-même, mais il déclare ignorer si ces formes lui viennent du corps, ou plutôt il croit pouvoir affirmer que pour les idées nécessaires au moins, c'est l'âme qui donne à ses idées ses propres formes. C'est ainsi, que selon Kant, l'âme perçoit nécessairement les corps sous la forme du temps et de l'espace, et les idées rationnelles sous la forme de l'unité. Bien plus, s'il veut rester d'accord avec lui-même Kant est obligé de dire que toutes nos idées, tant contingentes que nécessaires, sont des formes accidentelles ou essentielles de notre âme.

C'est l'idéalisme poussé à sa dernière limite; et il arrive par une autre voie aux mêmes conclusions que Leibnitz, qui cependant n'avait pas voulu conclure.

Ces doctrines idéalistes développées par Fichte amenèrent la négation de tout être autre que l'âme ou le moi, et par une analyse subtile mais, en apparence, d'une logique serrée, Hégel, partant de ce moi, qui s'objective le non-moi, un non-moi qui n'est pas, et qui n'a d'existence que dans le moi, en conclut que « l'être et le non-être sont identiques » et finit par poser, comme principe premier de toute philosophie, l'absurde

lui-même, dans sa forme la plus absolue : « L'identique et le non-identique sont identiques. »

Conclusion. —La vérité est une, l'erreur est multiple. Les philosophes n'ont pas vu du premier coup toute la vérité sur l'àme; mais si la philosophie classique va se développant et pénétrant plus profondément dans la vérité, il est à remarquer qu'elle ne se contredit jamais. Ses théories plus récentes sont plus explicites ou plus profondes que les premières, mais elles ne répugnent jamais au bon-sens. C'est à cette marque que l'on peut les reconnaitre. Au lieu que les théories qui s'écartent, dans un sens ou dans l'autre, de la doctrine classique, choquent d'abord la conscience, en ce sens qu'elles nient, dès le principe, quelque fait entièrement certain, et finissent toujours par arriver à la négation absolue, dernier terme de l'erreur.

[ocr errors]

ARTICLE 3.
ACTIVITÉ

131. Définition. L'activité est la faculté d'agir. Agir c'est être cause, c'est produire un effet. L'âme est cause, elle agit, elle a donc la faculté d'agir.

132. Nature.

L'activité mérite mieux que les deux autres puissances de l'âme le nom de faculté, car elle est une puissance active, spontanée et libre.

Active puisqu'elle est la puissance d'agir. Spontanée, car, à la différence des corps inertes, l'âme n'agit pas forcément, par le seul rapport entre ses propriétés et les objets, mais elle trouve en ellemême le principe et la détermination de ses actes. C'est un fait d'expérience dont nous parlerons bientôt plus longuement.

Libre, car ses actes qui ne sont pas déterminés par leurs objets ne le sont pas non plus par la nature de l'âme : elle se choisit ellemême ses actes. C'est ce que nous aurons l'occasion de prouver plus loin.

L'activité de l'âme s'exerce sur l'âme elle-même, sur son corps, et, par lui, sur les autres corps.

Quant à savoir en quoi consistent ces actes de l'âme; comment elle passe du repos à l'acte : comment elle se détermine pour tel ou

tel acte; comment elle se commande à elle-même et comment elle meut son corps: ce sont des questions fort difficiles et jusqu'ici restées sans explication.

133. Conditions d'exercice de l'activité. L'activité

s'exerce :

1° sur l'âme elle même.

2o sur le corps qu'elle meut et par lequel elle meut aussi les autres corps.

3o sans réflexion et presque sans conscience, soit d'une manière tout-à-fait spontanée, soit par réaction instinctive contre une impression.

4° après réflexion et par une détermination libre.

134. Division de l'activité.

Nous devons donc distinguer à

différents points de vue plusieurs espèces d'activité.

D'abord l'activité corporelle et l'activité spirituelle.

Ensuite l'activité spontanée, l'activité instinctive, l'activité volontaire et l'activité libre

Nous parlerons séparément de l'activité corporelle ou activité physique, à cause de l'élément corporel qu'elle suppose. Quant à l'activité spirituelle, il en sera suffisamment question dans les différentes espèces d'activité distinguées par le second point de vue.

8. 1.

DE L'ACTIVITÉ CORPORELLE OU PHYSIQUE.

135. Définition. On appelle activité physique, la faculté qui permet à l'âme de mouvoir son corps, et par là les autres corps. 136. Eléments de l'activité physique. Cette activité suppose un double élément : l'un dans l'âme et l'autre dans le corps. Dans l'âme, la faculté de mouvoir le corps, et dans le corps, la mobilité.

L'activité physique de l'âme, n'est pas une faculté distincte de son activité spirituelle. Seulement, ici elle s'exerce sur le corps. La mobilité du corps suppose des organes mobiles et des moyens de communication entre ces organes de l'âme. Ici encore nous trouvons le cerveau avec la moelle épinière et les nerfs. Seulement la transmission se fait en sens contraire de ce que nous avons constaté

« PredošláPokračovať »