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nicisme matérialiste nous dirons qu'en dehors des phénomènes d'intelligence et de liberté qui supposent une âme spirituelle, les phénomènes physiologiques supposent un principe vivant, autre que le corps, car le corps par lui-même est passif, et les modifications qu'il éprouve supposent un agent actif.

En poussant plus avant cet argument, nous répondrons aux vitalistes que le principe de la vie ne peut pas être un corps, précisément parce que les corps sont inertes par eux-mêmes. Que d'ailleurs si l'âme n'a pas conscience de faire vivre le corps, il ne s'ensuit pas qu'elle n'en soit pas la cause inconsciente. En effet, si elle devait faire vivre le corps, par une action intelligente elle ne pourrait jamais suffire à cette attention multiple qu'il lui faudrait donner à tous les organes et en quelque sorte à toutes les molécules du corps. Mais une fois l'organisme disposé, ne suffit-il pas d'une simple impulsion de la part de l'âme pour que tous les mouvements s'opèrent avec toute la régularité désirable, sans qu'elle ait besoin de le savoir, ni de s'en occuper? Dans les machines construites par les hommes une légère impulsion produit souvent des effets multiples, très-variés et très-précis ; mais dans tous les cas, sans impulsion la machine ne produirait d'elle même aucun mouvement. De même, le corps mu par l'âme peut se développer, s'entretenir et se renouveler comme il le fait, mais, il est évident que livré à lui-même il ne saurait produire aucun des phénomènes vitaux, quelque bien construit qu'il soit. Ainsi nous pensons que l'âme est le principe de la vie du corps, mais que le travail de l'âme en cela se réduit à fort peu de chose, quoique son action soit indispensable.

182. Difficulté de la question. Après cela, quelle est la nature du lien qui existe entre l'âme et le corps? Comment l'âme agit-elle sur le corps et le corps sur l'âme? Nous ne craignons pas d'avouer que nous n'en savons rien. Mais nous constatons que cette action mutuelle existe. C'est là une vérité classique dont nous ne voulons pas nous départir. Tous les systèmes que nous venons d'exposer ne nous disent d'ailleurs rien de plus sur ce point. Les intermédiaires que l'on imagine entre l'âme et le corps ne font que reculer la difficulté, et le mode de communication reste parfaitement inconnu.

8. 5. GRANDEUR ET DESTINÉE DE L'AME.

183. Grandeur de l'âme. Nous avons étudié l'âme dans ses faits, dans ses facultés et dans sa nature. Avant de quitter cette étude jetons une vue d'ensemble pour admirer cette œuvre sublime et inexplicable du Créateur. Seule parmi les êtres que nous pouvons observer, l'âme se connaît elle-même, connaît ce qui l'entoure et peut faire remonter librement un hymme d'action de grâces à celui qui l'a faite si belle.

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184. Destinée de l'âme. Aussi l'âme humaine nous apparaît évidemment comme le trait-d'union entre le monde et Dieu; comme le prêtre chargé d'offrir à Dieu chaque jour le tribut d'hommages qu'il mérite de la part de la création. C'était là évidemment le dessein de Dieu en créant l'âme. Et elle se détruit elle-même, elle se fait un instrument inutile, si elle n'accomplit pas ce devoir. Mais il y a plus: une créature si belle ne peut avoir été faite pourdisparaître un jour comme un vil animal. Sa nature indique une plus noble destinée.

185. Immortalité de l'âme. La connaissance que l'âme possède de l'infini, et dont l'idée lui est donnée en naissant; l'attraction irrésistible qu'elle éprouve pour le vrai, le beau, le bien absolu; le désir naturel et nécessaire qu'elle a d'un bonheur sans fin et sans limite: la liberté et la responsabilité de ses actes; tout annonce que l'âme ne doit pas périr avec le corps, mais vivre toujours.

On en donne pour preuve ordinairement la nature spirituelle de l'âme, qui ne lui permet pas de se dissoudre comme le corps; la nécessité d'une récompense et d'un châtiment équitable et proportionné au mérite d'un chacun. Mais Dieu pourrait encore anéantir l'âme, et la vie future destinée à récompenser ou à punir selon la justice pourrait absolument parlant n'être pas éternelle.

Nous dirons donc seulement que tous les hommes ont le désir naturel et inné de vivre toujours et que Dieu n'a pas pu nous donner un désir naturel et irrésistible qu'il n'aurait pas voulu accomplir. Donc l'âme est immortelle.

THÉODICÉE

GÉNÉRALITÉS

1. Objet.

La Théodicée a pour objet Dieu. Mais comme nous ne pouvons observer Dieu en lui même. c'est par ses œuvres que nous le connaissons. L'objet de la théodicée est donc Dieu manifesté par ses œuvres. Cette manière de connaître Dieu est conforme à notre nature; elle est la conséquence de l'intelligence et de la raison. Nous l'appelons donc connaissance naturelle.

La Théologie aussi a pour objet Dieu, mais au lieu de l'étudier uniquement dans ses œuvres elle, demande, à la foi ce que Dieu luimême a révélé sur lui-même. L'objet de la théologie est donc Dieu manifesté, non plus par ses œuvres, mais par lui-même. Evidemment cette connaissance est bien supérieure à la première, et comme elle n'est nullement dans les forces de notre nature on l'appelle connaissance surnaturelle.

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2. Définition. La théodicée est donc la science naturelle de Dieu, ou la science de Dieu manifesté par ses œuvres et conçu né cessairement par la raison.

La théologie est la sience surnaturelle de Dieu, ou la science de Dieu manifesté par lui-même, par sa propre révélation, et développée par la raison.

3. Instruments de la théodicée. Toutes les lois du monde sont les œuvres de Dieu et elles servent à nous le faire connaître; mais les plus importantes dans cette étude sont les lois métaphysiques, par lesquelles nous pouvons sonder jusqu'à un certain point l'idée de Dieu et la développer, après qu'une légitime induction nous a fait concevoir la cause par les effets.

4. Certitude de cette science. La théodicée nous offre la certitude la plus absolue et la plus inébranlable, comme aussi la moins sujette à l'erreur. Car tandis que toutes les autres sciences ont leurs bases dans l'observation plus ou moins bien faite des êtres réels, celle-ci n'exige absolument parlant que la constatation de l'existence d'un être quelconque, fût-il même un fantôme. Car cet être a une cause; et les lois métaphysiques nous forcent à en conclure l'existence de Dieu.

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5. Méthode. Cette science n'exige donc l'observation qu'à son point de départ. L'induction nous mène aussitôt à l'existence d'une être infini, ou éternel, ou nécessaire, et de là nous passons par déduction à tous les autres développements de l'idée de Dieu. Mais pour établir l'existence de Dieu il faut que nous en ayons l'idée. C'est pourquoi nous diviserons la théodicée comme il suit:

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3o Attributs de Dieu, développement de l'idée que nous en avons et caractères essentiels qu'il possède nécessairement.

4o Rapports entre Dieu et le monde. Création et Providence. Conséquences de ces rapports.

ARTICLE 1er

IDÉE DE DIEU

7. En quoi elle consiste. Sous sa forme la plus vulgaire l'idée que nous avons de Dieu est l'idée d'un être supérieur à tous les autres; éternel, c'est-à-dire, sans commencement ni fin dans son existence; cause première, c'est-à-dire, créateur de tout ce qui

existe

8. Origine de cette idée. L'idée de Dieu n'a point sa source dans les perceptions des sens ni de la conscience. Ces perceptions n'ayant aucun des caractères que nous attribuons à Dieu ne pourraient, seules, nous en fournir l'idée. L'idée de Dieu est une conception nécessaire, et à ce titre elle est le fruit de la raison.

Elle est renfermée dans l'idée de l'être absolu, qui constitue la raison, ou plutôt cette idée de l'être absolu n'est que la conception habituelle de Dieu qui est lui-même l'être absolu. L'idée de Dieu est donc innée à notre âme, elle est la raison. Mais en tant qu'innée cette conception est habituelle et pour passer en acte il lui faut différentes conditions.

9. Apparition actuelle de l'idée de Dieu. — Si on veut voir l'idée de Dieu dans l'idée de l'être absolu, ou de l'être en général, on peut dire qu'elle devient actuelle dans l'âme dès la première perception, et à chacune de nos perceptions. En sorte que tout homme conçoit Dieu nécessairement toutes les fois qu'il conçoit l'être, c'est-àdire, toutes les fois qu'il perçoit une modification quelconque.

Mais cette conception vague de l'être n'est pas précisément l'idée de Dieu telle que nous la trouvons dans les hommes. Sous cette forme plus précise elle vient non seulement de la perception mais aussi de l'éducation, ou plutôt de cette tradition d'idées nécessaires qui se produit perpétuellement dans le genre humain. Et cet enseignement lui-même, qui remonte historiquement au premier homme, vient historiquement aussi d'une révélation faite par Dieu lui-même au premier homme. Mais cette tradition, qui a une origine surnaturelle, est pleinement conforme aux conceptions nécessaires de notre nature et, sans doute, si elle n'existait pas, les hommes qui réfléchissent auraient conçu naturellement la même idée de Dieu, mais la plupart des hommes ne s'en seraient pas rendu compte.

10. Développement de l'idée de Dieu. Non seulement l'idée de Dieu, qui est habituellement innée en nous et que l'enseignement du genre humain nous fait concevoir actuellement, est conforme à notre nature et aux conceptions nécessaires de notre raison, et se trouve pleinement justifiée par elles, mais par ces mêmes conceptions nous la développons et nous pouvons chaque jour y décou. vrir de nouveaux caractères tous essentiels et nécessaires. C'est ce développement raisonné de l'idée de Dieu qui constitue la théodicée. Mais dans ce travail aussi l'enseignement dont l'origine est une révélation directe de Dieu, nous est d'un grand secours. Et si les philosophes chrétiens ont de Dieu une idée plus claire et plus complète que les plus habiles d'entre les philosophes païens, ils le doivent

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