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D'abord « il est absurde de penser que nous ayons (en naissant) ces principes». Mais alors comment pouvons-nous les acquérir sans connaissance préalable? C'est impossible. Il faut donc que nous ayons une certaine faculté de les acquérir.

Or tous les animaux ont la sensibilité. Dans les uns la sensation persiste, dans d'autres, non. Dans ceux-ci la connaissance ne va pas au-delà de la sensation; dans les premiers, au contraire, il y a encore quelque modification dans l'âme. C'est la persistance de ces modifications multipliées qui donne à certains animaux la raison que d'autres n'ont pas. Ainsi, de la sensation vient la mémoire, de la mémoire du même fait répété vient l'expérience qui est une. C'est de l'expérience que se forme le principe de l'art et de la science.

« Ainsi ces principes ne sont pas précisément innés; ils ne procèdent pas davantage de principes plus évidents qu'eux-mêmes ils naissent de la sensation.

C'est donc une nécessité pour nous d'arriver par induction à la connaissance des premiers principes; car c'est ainsi que la sensation elle-même arrive à nous donner le général. Mais parmi nos facultés quelques-unes ne sont pas toujours vraies; la science et l'intelligence seules sont éternellement vraies. Or il n'y a rien de supérieur à la science, que l'intelligence même, et les principes sont plus évidents que les démonstrations. Donc il n'y a pas de science pour les principes; c'est l'entendement qui s'y applique: c'est donc lui qui est le principe de la science.

L'objet des Topiques, selon Aristote lui-même, est de trouver une méthode qui nous mette en état de raisonner sur toute espèce de sujets, en partant de données probables, et sans nous contredire. C'est-à-dire que les Topiques sont les lieux communs de la Logique, qu'il ne faut pas confondre avec ceux de la Rhétorique.

Le syllogisme est démonstratif, lorsqu'il part de principes évidents, dialectique, lorsqu'il part d'une opinion vraiment probable, éristique, lorsqu'il part d'une opinion qui n'a que l'apparence de la probabilité, sophistique, lorsqu'il semble s'appuyer sur le probable et n'en vient pas.

Les objets de toute discussion sont les objets des jugements et

les objets des syllogismes. Tout cela équivaut à autant de propositions. Or, toute proposition porte sur le genre, sur le propre ou sur l'accident, car la différence appartient au genre. La définition elle-même n'est que le propre exprimant l'essence de la chose. Le propre n'exprime pas l'essence de la chose, mais ce qui lui appartient, à elle seule. Le genre est ce qui se dit essentiellement de plu sieurs qui diffèrent en espèce. L'accident n'est rien de ces trois choses, mais il appartient à la chose. C'est aussi ce qui peut être ou ne pas être dans une chose. C'est de ces éléments que se forment toutes les propositions.

Aristote a parlé ici des universaux, comme d'une chose déjà expliquée ailleurs. Il dit ensuite que ces universaux sont toujours dans une catégorie et il énumère les dix catégories, qu'il a exposées dans le premier livre.

L'attribution est essentielle, quand le sujet et l'attribut sont tous les deux dans la catégorie de la substance; elle n'est qu'accidentelle, quand l'attribut est dans une autre catégorie.

La proposition dialectique est celle dont on peut raisonnablement discuter. Il faut donc qu'elle ne soit ni évidente ni absurde. Les opinions dialectiques sont donc des opinions probables.

La question dialectique est une question pratique sur laquelle les avis sont partagés.

La thèse est une opinion paradoxale soutenue par quelque philosophe illustre. Toute thèse est une question dialectique, mais non réciproquement.

Ici Aristote répète qu'il ne faut pas discuter une question absurde ou évidente et il y ajoute les questions immorales, en disant que les unes et les autres méritent d'être non pas discutées mais châtiées. Et il donne pour exemple de questions de cette nature les deux suivantes : « La neige est-elle blanche? Faut-il honorer les dieux, faut-il aimer ses parens? »

<< Il y a deux sortes de méthodes dialectiques: l'induction et le syllogisme. On a dit précédemment ce qu'est le syllogisme; l'induction est un passage du particulier au général. » — « Quatre instruments (pravo) nous procureront des syllogismes et des inductions: 1° choisir des propositions, 2 préciser tous les sens divers d'une

même chose, 3o découvrir les différences des choses, 4° distinguer les ressemblances. >>

Dans le choix des propositions, il faut : prendre celles qui sont appuyées de quelque autorité, ou celles qui leur sont identiques, faire des extraits des ouvrages écrits, faire des divisions, des classifications, noter les opinions des auteurs.

On peut distinguer en général trois ordres de sujets moraux, physiques, logiques. En philosophie on cherche à les traiter avec vérité; en dialectique on se contente de la probabilité.

Pour le sens des mots, il faut : ne pas s'arrêter au mot, mais aller à la signification, regarder la chose et avec elle son contraire, observer l'homonymie, les catégories, la dépendance des genres, la synomymie.

La différence doit être cherchée dans les genres comparés entre eux, voisins ou éloignés.

La ressemblance peut être cherchée dans des genres divers, ou dans le même genre.

La distinction des divers sens des mots rend les raisonnements plus clairs; la connaissance des différences facilite la distinction des essences; la connaissance des ressemblances facilite les inductions et les définitions.

Dans le II livre, Aristote expose les lieux de l'accident considéré en soi. Il expose comment on peut éviter l'erreur sur l'accident en y appliquant les quatre instruments dialectiques.

Dans le III livre, il traite de la préférence à donner aux choses à raison de leurs accidents, et de l'usage que l'on peut faire de ces distinctions dans la dialectique.

Le IV livre et le Ve exposent les lieux du genre et du propre comme éléments de la définition.

LeVI indique les défauts possibles de la définition et les précautions à prendre contre ces défauts, dans la discussion.

LeVII, après avoir achevé de donner les conditions de la définition, par l'examen de l'idée du même et du divers, résume toute la Topique et amène le chapitre suivant et les Réfutations.

LeVIII, passant à la discussion pratique expose les règles générales de la demande et de la réponse, et donne des conseils pratiques dont voici le résumé succinct,

1° Prendre l'habitude de faire des conversions de syllogismes. Ici le mot conversion n'a pas le sens qu'Aristote lui a donné d'abord; car il l'explique en disant : réfuter une question au moyen des autres et de leur conclusion. 2o S'habituer à reconnaitre le pour et le contre. 3° Faire provision d'arguments sur les questions le plus ordinaires. 4° Préparer à l'avance des définitions, surtout sur les idées les plus ordinaires. 5° S'exercer à faire naître plusieurs assertions d'une seule. 6° Faire des récapitulations fre quentes de ses pensées, en évitant le plus possible les syllogismes universels. 7° Les esprits peu familiarisés avec ces études doivent surtout s'adonner aux inductions; les esprits déjà savants, aux syllogismes. Il faut aussi s'habituer aux propositions et aux objec tions, les deux ressources fondamentales de la Dialectique. 8° Enfin, il ne faut pas se commettre avec tous les adversaires : il en est avec lesquels on ne peut faire que de mauvais raisonnements. Cette dernière pensée amene le traité suivant.

Le traité des Réfutations sophistiques, c'est-à-dire les ressour ces communes employées par les sophistes; il indique ensuite les moyens de les combattre et d'en tirer des conclusions vraies et loyales.

A la fin, en manière d'épilogue, il rappelle les questions résolues dans toute sa Logique, et fait remarquer que relativement à cette étude, il n'y avait pas de travaux antérieurs. « Pour la Rhétorique, on s'en était occupé des longtemps et l'on avait produit beaucoup de travaux. Pour la science du Raisonnement au contraire, nous n'avions rien d'antérieur à nos propres recherches, qui nous ont coûté tant de peine et un temps si long. Si vous reconnaissez que cette science, où tout était ainsi à faire dès la base, n'est pas demeurée trop en arrière des autres sciences, accrues par de successifs labeurs, il ne vous reste à vous tous, ainsi qu'à tous ceux qui viendront à connaître ce traité, qu'à montrer de l'indulgence pour les lacunes de ce travail, et de la reconnaissance pour toutes les découvertes qui y ont été faites. »

Notre résumé est déjà bien long et nous n'ayons fait qu'indiquer une faible partie des richesses logiques que contient l'Organon. Nous avons dû en omettre beaucoup; car il n'est pas possible d'abréger Aristote: il faudrait plutôt le développer.

Nous avons suivi dans cette analyse l'ouvrage de M. Barthélemy SaintHilaire, la Logique d'Aristote, travail consciencieux que l'on lira avec fruit, mème en ayant sous les yeux l'ouvrage d'Aristote lui-même.

163. Métaphysique d'Aristote. Ce qu'on appelle Métaphysique dans Aristote n'est autre chose que la science des principes, qui sert de fondement à toutes les sciences et les dirige toutes. Il y expose et réfute toutes les opinions des anciens sur les principes, et donne ensuite sa propre doctrine sur ce qu'il appelle la philosophie première ou la science de l'être. Il distingue la substance, qui seule est l'être véritable, des accidents, qui sont dans un autre. Les principaux accidents sont la qualité, la quantité, et les relations. L'être est un, et l'un est l'être. Mais l'unité réelle se trouve dans l'individu et non dans le genre, comme le voulait Platon. Il faut distinguer encore dans l'être; la puissance et l'acte. L'acte, c'est l'existence proprement dite et ensuite, c'est l'opération, Le mouvement est le passage de la puissance à l'acte. La puissance absolument parlant est la possibilité de tout acte; c'est la matière capable de recevoir toute forme. La perfection est dans l'acte. Tout être en acte qui possède quelque puissance est imparfait. L'être parfait est acte pur. Ainsi l'être parfait n'a rien de la matière. La puissance ne peut d'elle-même passer a l'acte, elle a besoin pour cela d'une cause efficiente, laquelle n'agit que pour un but qui est la cause finale. Ainsi les quatre principes des choses sont: la matière, la forme, la cause efficiente et la cause finale.

Platon ajoutait une cinquième cause, l'Idée, ou le modèle de la chose, conçu par la cause efficiente. Aristote dit que l'idée de la chose n'a pas d'autre réalité que la forme même de l'objet. Ainsi cette cinquième cause rentre dans la cause formelle.

De plus, il identifie la cause finale à la cause formelle, parce que l'acte de la chose en est tout-à-la-fois la forme et le but. Mais le but ou la fin de l'être, c'est sa perfection, c'est le bien; car tout mouvement tend vers le mieux. Le bien est donc l'acte pur et immobile. C'est donc le bien qui attire les puissances et les fait passer à l'acte il est donc cause efficiente et motrice ou finale. Mais déjà la cause formelle se confond avec cette dernière, comme d'ail

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