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LÉGALITÉ DU CHRISTIANISME.

aryen n'a presque pas lutte contre l'invasion des cultes orientaux. Malgré les apparences contraires, il ne s'est pas mieux défendu contre le christianisme, qui attaquait non seulement ses dieux, mais la société antique tout entière. Quand les Empereurs romains, par nécessité politique et non par fanatisme religieux, ont cru nécessaire d'agir, il était trop tard les persécutions ne firent que surexciter les âmes, imposer silence aux hérésies menaçantes et hâter ainsi, peut-être d'un siècle, le triomphe du christianisme. 1. Les religions anciennes étant toutes locales, les Anciens étaient tolérants hors de leur pays et intolérants chez eux. Cette intolérance était moins vive à Rome que partout ailleurs, à cause du caractère de la politique romaine, qui obligeait tant de races à vivre sous une même domination. Tertullien cite bien une loi défendant d'introduire à Rome une divinité qui n'eût pas été adoptée par le Sénat; mais il ne paraît pas que les infractions à cette règle aient été réprimées avec rigueur. L'attrait que les cultes étrangers exerçaient sur le peuple, ainsi que l'extension progressive du droit de cité, finirent par transformer Rome en un véritable bazar de rcligions. Toutes les fois que le gouvernement intervint, ce fut pour châtier un culte qui menaçait les institutions de l'État: ainsi il proscrivit les Bacchanales, à cause des débordements dont elles étaient le prétexte, et prohiba en Gaule le druidisme, qui semblait y entretenir ou y rallumer l'esprit d'indépendance. Sous l'Empire, Tibère se servit de la loi citée par Tertullien pour proscrire le culte d'Isis et déporter en une fois 4000 juifs; mais, là encore, il ne s'agit nullement d'une persécution religieuse. Outre cette loi, qui ne nous est pas autrement connue 2, on pouvait invoquer contre les chrétiens la loi de sacrilège, parce qu'ils brisaient les images, et la loi de majesté, parce qu'ils insultaient, disait-on, à la félicité publique, se tenant à l'écart, affectant un air triste et soucieux, fuyant les théâtres et les fêtes en l'honneur du prince. Les réunions séditieuses pouvaient être à Rome l'objet de poursuites: or les

notamment : Aubé, Hist. des Persécutions de l'Eglise, 1875 et suiv.; Renan, Origines du christianisme, 1863-82 (avec index); Görres, art. Christenverfolgung dans la Realenc clopädie de Kraus, 1880; Overbeck, Lois des empereurs romains contre le christianisme, 1875 (all.); Wieseler, les Persécutions jusqu'au m° siècle, 1878 (all.); Keim, Rome et le christianisme, 1882 (all.); Ritter, l'É at et l'Église sous l'Empire, 1878 (all.); Broglie, l'Église et l'Empire au vr siècle, 1856-59.

1. Aubé, Hist. des Persécutions, t. I, p.

74 sqq., 186 sqq.; Le Blant, Bases juridiques

des poursuites dirigées contre les martyrs, dans les C. R. de l'Acad. des inscr., 1866; Rossi, Bullettino d'archeol. crist., déc. 1865; Boissier, R. D. M., 15 avr. 1876 et 1° janv. 1879; Allard, Lettres chrétiennes, no 3 et 4, 1881; Tourret, Revue catholique des Institutions, juin et juillet 1878.

2. Cicéron y fait allusion, de Legg., 2, 8.

LES PERSECUTIONS.

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assemblées des chrétiens, tenues dans des maisons pauvres des quartiers populaires, étaient bien de nature à provoquer les soupçons du pouvoir. Enfin on accusait les chrétiens de sortilèges et de magie, crimes prévus et punis par l'ancienne législation. Le gouvernement n'était donc pas entièrement désarmé en face du christianisme naissant; mais, soit ignorance, soit dédain, il ne songea pas à faire usage de sa force. Le christianisme put se développer en liberté, pendant quarante ans, dans les bas-fonds de la plebe romaine. Lors de l'incendie de Rome, en 64, Néron, voulant rejeter sur quelqu'un le crime qu'on lui imputait, ordonna une descente de police dans les bas quartiers de la ville, et fit périr dans les supplices ceux qu'on lui désigna comme les plus suspects, ces pauvres méditatifs, « ennemis du genre humain1», qui se réunissaient en secrets conciliabules et s'appelaient chrétiens. Ainsi la première persécution, comme on l'a nommée, n'eut pas un ca⚫ractère religieux ni même légal : toutefois, l'éveil était donné, et Néron avait créé un précédent. On l'imita dans les provinces, les exécutions se multiplièrent, et c'est alors que la colère des chré-tiens, voilée sous de mystiques images, paraît avoir éclaté dans l'Apocalypse 2, où est prédite la ruine de l'Empire. Dès lors, la persécution générale commença, lente et continue, avec des recrudescences passagères, que l'on a appelées les neuf persécutions, et dont la plus violente, la seule systématique peut-être, est celle qui s'étend de Décius à Dioclétien. En 112, des chrétiens sont déférés au tribunal de Pline, légat-propréteur en Bithynie; il demande à l'Empereur ce qu'il faut faire, et Trajan répond: « Ne les recherchez pas, mais, si on les amène à votre tribunal, punissez-les*. » Trajan cet Marc Aurèle ne sont pas des persécuteurs; seulement, on a appliqué sous leur règne les lois existantes, et l'on s'est conformé aux précédents, qui étaient défavorables aux chrétiens. Aussi les auteurs païens ne nous entretiennent-ils pas des persécutions, qui n'avaient rien d'anormal et n'inquiétaient pas l'opinion publique3. En vérité,

1. Tacite (Ann., 14, 44): Convicti odio generis humani.

2. Voy. Albert Réville, R. D. M., oct. 1863, d'après les travaux de Reuss. L'inspiration de l'Apocalypse restera celle du christianisme militant dès le début il confond le paganisme et l'Empire et les enveloppe dans une même malédiction.

5. Politique, mais non religieuse. Si l'on veut contraindre les chrétiens à adorer les statues des Empereurs, c'est pour leur arracher un acte de soumission à l'autorité temporelle. Les religions arciennes, ne montrant pas le salut comme récompense de la fois. n'avaient pas l'obligation morale d'être intolérantes: un Torquemada est tout à fait impossible à Rome, même sous Décius. Richelieu luttant contre les protestants offre une image assez exacte de la lutte des Empereurs contre le christianisme.

4. La lettre de Pline, beaucoup trop élogieuse pour les chrétiens, semble avoir été fortement interpolée à une époque postérieure. (Opinion de Desjardins, combattue par Boissier.) 5. Dès 1684, Dodwell, dans son Traité sur le petit nombre des martyrs, essaya de

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FIN DU MONDE ANTIQUE.

l'Empire ne se douta du danger qui le menaçait que le jour où il était trop tard pour l'étouffer. Ce jour-là, le christianisme ne pouvait pas être vaincu, et l'Empire ne pouvait plus être sauvé. Entre la société antique, fondée sur la conception de la cité, et le christianisme, qui prêche la fraternité humaine, il n'y avait pas d'alliance sincère, pas d'union possible; et quand le christianisme aura pris possession du pouvoir suprême, il ne pourra ou ne voudra pas défendre contre les Barbares un Empire sourdement miné par lui depuis trois siècles1. Alors l'Église reprendra pour elle la conception œcuménique de Rome et, disciplinant les royaumes barbares, préparera l'avènement des temps modernes.

prouver que la rigueur des persécutions avait été très exagérée. Cela fut même un lieu commun au xvir siècle. La critique moderne est arrivée à une conclusion analogue.

1. A la fin du Discours véritable, Celse, au témoignage d'Origène (cf. Aubé, Persécutions, II, 388), exhortait les chrétiens à soutenir l'Empereur de toutes leurs forces, à combattre pour lui, à porter les armes avec lui si les circonstances l'exigeaient, à prendre leur part dans les fonctions publiques. Mais, comme le culte païen pénétrait de toutes parts la vie antique, les chrétiens étaient contraints, par leurs principes mêmes, à une abstention presque complète, dont la dédaigneuse indifférence fit bientôt place à une sourde hostilitéQu'importaient les frontières de l'Empire à ceux dont le royaume n'était pas de ce monde », à ceux dont Tertullien disait qu'ils étaient plus aptes à recevoir la mort qu'à la donner? On a cité à ce propos le Philopatris, dialogue qui figure dans les œuvres de Lucien; mais Niebuhr a déja reconnu que cette composition date du x' siècle ap. J. C. II n'y est pas question de païens, mais de philosophes platoniciens et d'amateurs de la littérature antique qui sont dénoncés comme des ennemis de l'Empire et de ses institutions.

INDEX GÉNÉRAL ALPHABÉTIQUE

DES MOTS TECHNIQUES ET DES NOMS PROPRES

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AVIS. Les chiffres renvoient aux pages. Si le lecteur a quelque sujet déterminé en vue,
il fera bien de chercher à l'Index deux articles qui s'y rapportent et de n'ouvrir le Manuel
qu'à une page où ils renverront l'un et l'autre. On a cru inutile de signaler tous les
passages où sont mentionnés le nom d'un auteur ou le titre d'un ouvrage; mais les édi-
tions des auteurs anciens citées dans l'Histoire de la Philologie ou ailleurs ont toujours
été l'objet d'un renvoi sous le nom de ces auteurs. De la sorte, le présent Index pourra
servir de complément à la partie du Manuel qui traite de la bibliographie classique.

Nous avons introduit dans les notes quelques renseignements nouveaux omis par inad-
vertance ou survenus postérieurement au tirage des dernières feuilles ainsi qu'un petit
nombre de rectifications diverses.

Abae, 273.

Abandon. V. Exposition.

Abaque, 55.

Abbott, 173.

Abdère, 69, 106.

Abel, 161.

Abella, 151.

Abicht, 172, 173.

Ablatif, 143.

Abolla, 346.

About, 68.

Abréviations, 40, 45, 106.

Abstraction, 374.

Académie, 23.

Academy, 29.

Acanthe, 56.

Acanthe (ville), 106.

Acarnanie, 246.

Acatalecte (période), 196.

Accadien, 121.

Acta Societatis Lipsiensis, | Agathias, 9.

29.

Acta diurna, 38.

Acteurs, 264.

Actions, 238, 322.
Actium, 69.
Adages, 7.
Adam, 350.
Adaptation, 144.
Addicti, 317, 322.
Adelung, 119.
Adert, 15.

Adeus, 63.

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Accarias, 315, 320.

Accensi, 282, 292.

Aèdes, 183.

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Agathoerges, 228, 229.

Agathon, 69.

Agéla, 229.
Agéladas, 67.

Ager publicus, 306.
Agésandre, 80, 81.
Agetoria, 271.

Agglutination, 122, 146.

Agides, 227.

Agis, 162.

Aglaophamus, 14, 265.

Aglaophon, 67.

Agnation, 216.

Agnis, 369.
Agnone, 131.
Agora, 232.
Agoracrite, 71.
Agoranomes, 235.
Agrafe, 255.

Agraires (lois), 306.
Agricola, 7.

Agricola (de Groningue), 303.
Agriculture, 349.

Agrigente, 68, 75, 104.

Agrimensores, 180.

Agrippa, 89.

Agthe, 168.

Agustin, 8.

Ahânâ, 369.

Ahrens (II.), 18, 128.

Ahrens (E.), 30.

Ahri man, 370.
Aicard, 76.
Alexopeis, 230,
Aigle, 104.
Aiguilles, 96.
Ailly (d'), 104.

Αίσακος, 207.

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Alypius, 182.

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Amis du Prince, 300.

Aminien, 9.

Ammonius, 114.
Ampère (J.J.), 161.
Amphiclée, 273.
Amphictyons, 245.
Amphidromia, 233.

Amphikupellon, 64.

Amphipolis, 106.

Anthologie, 11, 21, 24, 47, 63,

169.

Anthon, 172, 174.

Anthropomorphisme, 371.

Antibacchius, 195, 205.

Antibarbarus, 116.

Amphithéâtre,60, 86, 87, 357. Antigrapheis, 237.

Amphore, 93, 240.

Ampulla, 91.

Amulettes, 274.

Amulius, 90.

Amyclée, 65, 87.
"Av, 14, 113.

Anabase. V. Xénophon.
Anacharsis, 12, 254.
Anaclase, 207.
Anacréon, 22.
Anacrisis, 239.
Anacruse, 199.
Anadyomène, 79.
Analogie, 111, 117.
Analogistes, 117.
Anapestes, 195, 200.

Anaphore, 147.

Anaxagore, 221.
Anaximandre, 222.
Anciles, 360.
Ancre, 45.

Ancyre, 17, 37, 85.
Andocide, 173.
Andreia, 229, 230.
Andresen, 174.

Andromède, 90, 370.
Ange Politien, 6.
Angélion, 67.
Anguilles, 256.

Annales, 558. V. Tacite.
Annales (lois), 283, 299.
Annali, 29.

Anneau, 302, 347.

Année, 276.

Annibal, 163.

Annius de Viterbe, 5.
Annona, 105, 289, 332.
Annonces, 39.
Anomalistes, 117.
Ances d'amphores, 36.
Ante, 57.
Antée, 88.

Antéfixes, 58, 74.
Antemnae, 83.

Anténor, 67.

Antépirrhème, 210.

Anthela, 216.

Anthema, 191.

Anthestéries, 270.

1. Des moulages du monu-
ment d'Ancyre, exécutés par
Carl Humann, sont au musée de
Berlin depuis 1882.

Anticirconflexe, 133.

Antidose, 242.

Antigone, 80.

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Aphye, 256.

Apocalype, 379.

Apodectes, 236.
Apollino, 25.

Apollodore (peintre), 79.
Apollodore (architecte), 86.
Apollodore (mythologue), 362,
Apollon, 68, 69, 75, 76, 81, 372.
Apollonius Dyscole, 112, 114,
115. 147.

Apollonius de Rhodes, 173.
Apollonius Sophista, 11, 115.
Apollonius (sculpteurs), 81,
88.

̓Αποθέται, 228.
Apophonie, 123, 141.

1. D'Anville signait ainsi ; son
nom véritable est Danville.

2. Ouvrage capital de Ber-
noulli sur Aphrodite et les mo-
numents qui la représentent,
1875 (all.)

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