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de le glorifier comme Dieu. Est-il possible, Seigneur, qu'il y ait eu des mondains assez infidèles, pour ne vouloir pas écouter cette voix de toute la nature? Votre Apôtre néanmoins me l'apprend : mais aussi m'assure-t-il, que par un juste jugement vous les avez tous livrés à leur sens réprouvé. Que seroit-ce de moi, si jamais vous veniez à m'abandonner ainsi moi-même ?

Quoi qu'il en soit, je dois, dans l'ordre de sa providence, regarder tout ce qui m'arrive comme un moyen, dont Dieu veut que je me serve, pour arriver à la fin qu'il m'a marquée : prospérité, adversité, santé, maladie, pauvreté, commodités, mépris, honneur, joie, affliction. Car-nous savons, dit saint Paul, que tout cela contribue au bien de ceux qui aiment Dieu :' parce qu'il est vrai que tout cela, si je suis fidèle à la grâce, me porte à Dieu, m'attache à Dieu, me soumet à Dieu, me force de recourir à Dieu. Et en effet, Dieu a conduit ses élus par toutes ces différentes voies; et toutes ces voies différentes, dans l'usage qu'en ont fait les saints, ont également servi à leur prédestination. Dans tous ces événemens, quoique contraires, ils ont trouvé le royaume de Dieu, qui étoit leur fin.

Or voilà ce que je n'ai point assez connu : l'utilité de tout cela, et les desseins de Dieu en tout

Rom. 8.

cela; ou si je l'ai connu d'une connoissance stérile et de spéculation, voilà ce que j'ai pleinement ignoré dans la pratique. Car malgré les desseins de Dieu, j'ai abusé de tout cela: de la santé, pour vivre au gré de mes passions; de l'infirmité, pour mener une vie lâche; des afflictions, pour murmurer; de la joie, pour me dissiper; de la prospérité, pour m'enorgueillir; de l'adversité, pour m'abattre. Quel renversement de l'ordre de Dieu ! Quelle infidélité à sa providence! Quel oubli de mes propres intérêts! Je ne dois donc désormais user des créatures, que pour arriver à ma fin; c'està-dire, que je ne dois les estimer, les désirer, les rechercher, qu'autant qu'elles peuvent m'approcher de Dieu et me tenir uni à Dieu. Si je les regarde autrement, elles se tournent contre moi; et pour venger, à mes dépens, le Dieu qui les a créées, bien loin de m'être utiles et profitables, elles me deviennent pernicieuses et dommageables.

CONCLUSION.

Il n'y a que votre grâce, ô mon Dieu, qui puisse me tirer du déplorable aveuglement où je vis depuis tant d'années. Faites-moi connoître ce que je suis, et pourquoi je le suis. Donnez-moi une idée vive de la fin où je dois aspirer; une idée qui me fasse agir, qui m'anime, qui me soutienne. Qu'il paroisse dans ma conduite que je suis en effet,

non-seulement persuadé, mais touché de cette fin. Que mon unique soin soit de la chercher partout et en tout; d'en renouveler tous les jours l'intention et le désir, et de me faire incessamment à moi-même le reproche que Jésus-Christ faisoit à Marthe Vous vous embarrassez de bien des choses, et il n'y en a qu'une seule de nécessaire.' Or cette seule chose nécessaire, c'est ma fin.

Quant aux moyens, Seigneur, je vous demande cette sainte indifférence, où vous voulez que je sois à l'égard de tout ce qu'il y a dans le monde : biens ou maux, grandeurs ou humiliations, plaisirs ou afflictions. Et que m'importe d'être riche ou pauvre, d'être sain ou malade, d'être méprisé ou honoré, pourvu que je sois à vous, et que vous soyez éternellement à moi ? Que m'importe par quelle voie je parvienne à ma fin, pourvu que j'y parvienne ? Sainte indifférence, qui me délivreroit de tous les troubles, de tous les chagrins, de toutes les inquiétudes, de toutes les craintes, dont mon attachement aux créatures est la source ! Sainte indifférence, qui banniroit de mon cœur toutes les passions dont il est continuellement agité ! Sainte indifférence, qui mettroit le calme dans mon âme, et qui seroit déjà pour moi une béatitude anticipée.

Ajoutez, mon Dieu, à cette indifférence une

Luc. 10.

disposition encore plus sainte, de préférer entre les choses du monde, celles que je connoîtrai m'être plus utiles, pour m'avancer vers ma fin, à celles que je saurai me l'être moins. Car quoique toutes soient des moyens pour aller à vous, il y en a qui m'y conduisent bien plus sûrement et plus infailliblement ; et quelque horreur naturelle que je puisse avoir de celles-ci, je ne dois pas hésiter à leur donner la préférence sur les autres, qui me seroient plus agréables, mais dont il me seroit plus facile et plus dangereux d'abuser. Surtout aidez-moi à m'établir et à me fortifier dans la sainte résolution où je dois être, d'embrasser généralement et sans réserve tous les moyens, par où vous voulez que j'arrive à cet unique nécessaire, qui est ma fin. Car s'il y a un seul de ces moyens que j'excepte, quand je prendrois tous les autres, dès là je ne voudrois plus sincèrement ni efficacement ma fin; et la volonté que j'aurois d'atteindre à cette fin, ne seroit plus qu'une velléité et qu'une erreur. Point de restriction, ô mon Dieu, point de limitation ni de bornes, quand il s'agit d'une fin aussi essentielle que celle-là. Examen de mon cœur sur ces trois dispositions. Suis-je dans cette indifférence parfaite, pour tout ce qui n'est pas Dieu ? Suis-je déterminé à choisir, quoi qu'il m'en coûte, les moyens les plus sûrs et les plus propres, pour me conduire à Dieu ? Veux-je les employer tous, et le veux-je bien?

SECONDE MÉDITATION.

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DE LA FIN DU CHRÉTIEN.

Si quis vult venire post me, abneget semetipsum.

Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à soiméme. Matth., chap. 16.

PREMIER POINT.

POURQUOI suis-je chrétien ? pour servir et honorer Dieu non plus selon les simples vues de ma raison, puisque ma raison étant aussi foible, aussi bornée, et aussi obscurcie qu'elle l'est par le péché, elle ne me donneroit pas d'assez hautes idées de Dieu. Non plus selon les maximes générales de la religion car Dieu demande de moi comme chrétien, quelque chose de plus parfait, que ce que la religion en général prescrit à tout homme qui connoîtroit Dieu, et n'auroit que la foi d'un Dieu. Mais je suis chrétien, pour servir Dieu et pour le glorifier selon les règles particulières, et selon l'esprit de la loi de Jésus-Christ. Dieu ne veut plus que je vive selon d'autres règles que celles-là; et tout ce qui n'est pas selon ces règles, n'est plus. selon le cœur de Dieu.

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