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pris la croix pour son partage.1 Car il venoit, comme Sauveur, établir une religion d'hommes pécheurs, à qui la pénitence étoit nécessaire pour apaiser la justice de Dieu. Il venoit, comme réformateur du monde, en corriger les désordres; et il savoit que la vie douce et commode étoit la source empoisonnée de toute la corruption du monde, et qu'au contraire la vie austère et pénitente en étoit le remède souverain.

Suivant ce principe, je dois être persuadé de ces maximes si communes dans l'Évangile et si familières aux apôtres : qu'il ne suffit pas que je porte ma croix, mais qu'il faut que ce soit moimême qui m'en charge, et qui me l'impose. Qu'il ne suffit pas que je m'y soumette, mais qu'il faut que je l'aime, qu'il faut que je m'en glorifie. Que sans cela je ne puis honorer Dieu, comme JésusChrist m'a fait connoître que Dieu veut être honoré. Que si je ne crucifie ma chair, je ne puis appartenir à Jésus-Christ, ni par conséquent à Dieu. Que pour être enfin revêtu de Jésus-Christ, il faut que je sois revêtu de la mortification de Jésus-Christ.

Suivant ce principe, bien loin de fuir l'abjection et l'humiliation, je dois l'accepter, la souhaiter la demander plus que toutes les grandeurs et que tous les honneurs du monde ; puisque c'est le grand

1 Hebr. 12.

moyen que Jésus-Christ a mis en œuvre, pour rendre à Dieu la gloire qui lui avoit été ravie. L'orgueil avoit soulevé l'homme contre Dieu, et il n'y avoit que l'humilité qui pût réparer l'injure faite à Dieu. Moyen excellent, mais moyen indispensablement requis pour trouver grâce auprès de Dieu.

CONCLUSION.

VOILA, Seigneur, ce que le monde ne connoissoit pas; voilà ce que les sages du monde ne connoissent point encore mais grâces immortelles vous soient rendues, de m'avoir révélé de si sublimes et de si importantes vérités! Par-là vous m'avez enseigné la vraie sagesse, en me détrompant des erreurs grossières dont le monde est rempli sur ce qui regarde ses faux biens. Par-là vous m'avez guéri des passions dont il est, en vue de ces biens, malheureusement possédé, et cruellement déchiré. Par-là vous m'avez fait goûter le solide repos, et vous m'avez fait éprouver la vérité de votre promesse : Apprenez de moi que je suis humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes.1 Mais par-là vous m'avez surtout appris à honorer votre Père, et à lui offrir le culte le plus digne de lui, le plus conforme à ses inclinations, et le plus capable de me sanctifier moi-même.

1 Matth. 11.

Soyez mille fois béni, aimable et adorable Maître, de m'avoir ainsi fait entendre ce que c'est que d'être chrétien; de m'avoir instruit de la fin pour laquelle je le suis; de m'avoir prescrit les moyens qui doivent me mener à cette fin; et de m'avoir rendu tout cela, non-seulement intelligible, mais sensible dans votre sacrée personne. Car j'avois besoin, et de votre autorité, et de votre exemple, pour bien comprendre tout cela. Il me falloit un aussi grand modèle que vous, pour m'animer, pour me soutenir, et dans la recherche de cette fin si contraire à mon amour-propre, et dans la pratique de ces moyens si directement opposés à tous les sentimens de la nature.

Cependant, ai-je été jusqu'à présent bien convaincu de la nécessité de l'un et de l'autre, je veux dire, de la nécessité d'aspirer à cette fin et d'en prendre les moyens? Tout chrétien que je suis, aije vécu dans ce renoncement à moi-même, qui est l'abrégé et la fin de la loi de Jésus-Christ? En m'examinant sur ces trois moyens, sans lesquels Jésus-Christ m'a déclaré qu'il n'y a point de salut pour moi, que trouverai-je? Suis-je pauvre de cœur? suis-je humble de cœur? suis-je mortifié et circoncis de cœur? Et si je ne le suis pas, que suisje donc dans l'idée de Dieu, et qu'est-ce que ma vie, sinon un fantôme de christianisme, que Dieu réprouve? Je ne puis encore une fois alléguer là

dessus mon ignorance pour excuse. Je ne puis plus demander à Dieu, qu'il me donne une connoissance certaine de ma fin : Jésus-Christ s'en est plus que suffisamment expliqué. Voilà à quoi se réduit tout son Évangile. O mon Dieu! que vous répondrai-je un jour, quand vous m'opposerez cet Évangile? que puis-je vous répondre dès aujourd'hui, quand cet Évangile et ma conduite s'accordent si peu? Cet Évangile ne changera jamais : c'est donc à moi de changer ma conduite et de réformer ma vie.

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Vous n'êtes plus du monde. Jean, chap. 15.

PREMIER POINT.

DIEU m'a appelé à l'état religieux, afin que j'y vive séparé du monde, détaché du monde, crucifié pour le monde, et absolument mort au monde, Quatre degrés, par rapport auxquels je dois me juger moi-même, et me confondre d'avoir jusqu'à présent si mal répondu à ma vocation.

Ma fin dans l'état religieux, est d'y vivre séparé du monde, non-seulement d'habitation et de demeure, mais d'esprit et de sentimens. Il ne me suffit pas, pour être religieux, d'en porter l'habit, ni même d'en avoir fait le vœu, il faut que j'en aie l'esprit. Or il arrive tous les jours que l'esprit du monde s'introduit jusque dans la religion; comme, par un effet tout contraire, l'esprit de la religion se communique quelquefois aux conditions les plus engagées dans le monde. Combien d'âmes toutes mondaines dans les communautés religieuses? Ne suis-je point de ce nombre?

Ma fin dans l'état religieux, est d'y vivre détaché du monde. Car je serois le plus malheureux des hommes, si j'étois séparé du monde, sans en être détaché; puisque dès-là je n'aurois plus, ni les consolations du monde, ni celles de Dieu. Être séparé du monde, et n'en être pas détaché, ce seroit pour moi non-seulement le plus grand de tous les malheurs, mais le plus grand de tous les désordres ; et je pourrois me reprocher alors plus justement que saint Bernard, que je suis la chimère de mon siècle. C'est-à-dire, que je ne suis ni séculier, ni religieux: ni séculier, puisque je me suis retiré du monde; ni religieux, puisque je tiens encore au monde et que je ne l'ai pas tout-à-fait abandonné.

Ma fin dans l'état religieux, est d'y être, comme

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