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péché pour un chrétien du siècle, est, en bien des matières, sacrilége pour un religieux. Dois-je conclure de là qu'il eût mieux valu demeurer dans le monde, que de m'engager dans la religion? Je conclurois donc aussi qu'il vaudroit mieux n'être pas chrétien, parce que les péchés d'un chrétien sont plus punissables que ceux d'un païen. A Dieu ne plaise que je raisonne de la sorte! Si la religion a ses dangers, le monde en a bien d'autres et de plus grands. Mais ce que je conclus, c'est de ne point présumer de mon état; c'est de me défier, non point de mon état, mais de moi-même dans mon état; c'est, malgré toute la sainteté de mon état, d'opérer, selon l'avis de l'Apôtre, mon salut avec crainte et avec tremblement.

CONCLUSION.

ACHEVEZ, mon Dieu, par votre grâce, ce que vous avez commencé par votre miséricorde. Vous m'avez appelé à vous, vous m'avez retiré du monde pour me garantir du péché : ne permettez pas qu'il me poursuive jusque dans votre sanctuaire, et qu'entre vos bras je succombe à ses attaques. Quelle malédiction sur moi, si, dans la terre des saints je commettois l'iniquité;' et si, parmi tant d'âmes justes, je devenois un anathème!

Isai. 26.

Ah! Seigneur, vous voyez le fond de mon âme, et je ne le vois pas comme vous. N'y a-t-il point dans mon cœur quelque poison secret, qui l'infecte et qui le corrompt? N'y a-t-il point quelque péché qui m'éloigne de vous et qui vous éloigne de moi? Daignez me le découvrir, ô mon Dieu ! il n'y a rien, pour le détruire, à quoi je ne sois résolu. Quand même j'aurois eu jusques à présent le bonheur de me défendre de ce fatal ennemi, et de me préserver de ses mortelles atteintes, j'ai toujours tout à craindre de ma foiblesse mais, Seigneur, ma vigilance, avec votre secours, y suppléera. Elle me fera sans cesse recourir à vous. Elle me tiendra dans une attention continuelle sur moi-même. Elle me rendra circonspect dans toute ma conduite, et clairvoyant sur les moindres dangers, afin de me mettre ainsi plus en assurance contre la transgression de vos divins commandemens.

RETRAITE SPIRIT.

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SECONDE MÉDITATION.

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DU PÉCHÉ VÉNIEL.

Nolite contristare Spiritum Sanctum.

Ne contristez point le Saint-Esprit. Ephes., chap. 4.

PREMIER POINT.

ON ne compte communément pour rien le péché véniel; mais si j'en avois bien conçu la nature, j'en jugerois tout autrement, et je prendrois tout un autre soin de l'éviter.

Quelque véniel que je le suppose, c'est une of fense de Dieu. Cela me suffit, ou me doit suffire. En y tombant, je déplais à Dieu. Non pas que je rompe absolument avec Dieu; mais je fais ce que je sais devoir causer entre Dieu et moi du refroidissement. Je n'éteins pas dans moi le Saint-Esprit, mais je le contriste. Or dès que c'est une of fense de Dieu, je dois donc le craindre plus que tous les maux temporels, qui ne s'adressent qu'à moi-même. Car le plus petit mal qui regarde Dieu, est infiniment au-dessus de tout mal qui ne regarde que la créature.

Quelque véniel

que je le suppose, il n'y a point

de raison imaginable pour laquelle il me puisse jamais être permis. Car s'il pouvoit m'être permis, dès-là il cesseroit d'être péché. Quand il s'agiroit de convertir et de sauver tout le monde, Dieu ne voudroit pas que je fisse un mensonge, quoique léger, et jusque dans cette circonstance, il s'en tiendroit offensé. Quand il s'agiroit de procurer à Dieu toute la gloire qui lui peut être procurée, Dieu ne veut point de cette gloire à une telle condition. Il veut que j'abandonne même le soin de sa gloire, plutôt que de commettre le moindre péché.

Quelque véniel que je le suppose, il est de la foi, que jamais il n'entrera avec moi, ni moi avec lui dans le royaume des cieux : car rien de souillé ne sera reçu ni n'aura place dans ce royaume céleste.' En vain je serois d'ailleurs comblé de mérites : avec tous mes mérites et avec toute la sainteté que je pourrois avoir acquise, si mon âme sortant de cette vie, porte encore la tâche d'un péché véniel que je n'aie pas effacé par la pénitence, cela seul doit être un obstacle à ma béatitude et à la possession de Dieu. Il faut que mon âme, quoique juste, quoique sainte, quoique prédestinée et digne de Dieu, demeure séparée de Dieu, jusqu'à ce que ce péché soit expié. Il faut qu'elle passe par le feu du purgatoire et qu'elle y soit purifiée, avant que d'être ad

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mise dans le sein de Dieu. Et dès ce monde même, avec quelle sévérité Dieu n'a-t-il pas puni le péché véniel? Il fit périr presque tout un peuple pour une simple vanité de David; il fit tomber mort au pied de l'arche un lévite, pour l'avoir seulement touchée. Il est donc étrange que je commette si facilement un péché qui m'expose à de si rigoureux châtimens. Mais ce qu'il y a mille fois encore de plus condamnable et de plus indigne, c'est qu'étant redevable de tout à Dieu, et qu'ayant tout reçu de Dieu, au lieu de la reconnoissance et de l'amour que je lui dois, je me laisse si aisément aller à un péché dont il se tient blessé, et qui est en effet une injure pour lui.

SECOND POINT.

Du moins si ces fautes vénielles que je commets, n'étoient pas si fréquentes, ni si nombreuses. Mais leur multitude est infinie, et c'est ce qui affligeoit David, et ce quilejetoit dans une désolation extrême, quand il disoit à Dieu : Je suis, Seigneur, tout environné de maux, et mes iniquités m'accablent, jusqu'à ne pouvoir plus m'en tenir compte à moi-même, ni en faire le dénombrement. Elles se sont multipliées plus que les cheveux de ma tête, et la vue que j'en ai, me fait tomber en défaillance.1 Voilà comment parloit ce

1 Ps. 39.

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