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que Mécène avoit aussi juré de ne point survivre à Horace. Cela posé, il imagine que Mécène, ayant été dangereusement malade, fut très-alarmé de l'engagement de son ami; c'étoit apparemment vers la fin de l'année, car notre commentateur ajoute que Mécène ayant rétabli sa santé, Horace lui envoya pour étrennes un écrin de pierres précieuses, et ce fut alors, selon lui, et non à la mort d'Horace, que Mécène fit les vers conservés par Isidore de Séville, et que je vais transcrire ici :

Lugens te, mea vita, nec smaragdos,
Beryllos, mihi, Flacce, nec nitentes,
Nec percandida margarita quæro,
Nec quos Thynica lima perpolivit
Anellos, neque jaspios lapillos.

:

J'avoue que l'invention de l'écrin semble donner une occasion assez naturelle à l'envoi de ces vers, qui n'est pas trop facile à comprendre mais ils me paroissent peu propres à remplir le but que suppose Poinsinet de Sivry. Il veut que Mécène les ait écrits pour détourner Horace du projet de le suivre mais les vers, s'ils ne sont pas faits après la mort d'Horace, supposent au moins qu'il meurt le premier. Mécène lui dit: Si je pleure ta perte, je ne me soucie plus ni d'émeraudes ni de perles, etc. Cela veut dire tout au plus : Après ta mort, je ne me soucierai plus de la vie; et non pas, je veux que tu tiennes à la vie après ma mort. Cependant Poinsinet continue. Ces vers, dit-il, sont les plaintes qu'Horace rappelle dans l'Ode 17 : cur me querelis exanimas tuis. Ce sont eux qui lui ont inspiré cette belle Ode où il renouvelle sou serment. Mais (car il faut en venir enfin au passage qui est l'objet de cette longue note), mais, dit-il encore, Horace, ami généreux, étant tombé malade lui-même, s'empressa de dégager son ami de leur engagement réciproque. Tel est le but de cette · Ode 20, et l'on s'en convaincra bien vîte, en substituant vocans à vocas. Voici quel est alors le sens du poète : Non ego... dilecte Mœcenas, obibo quem vocans. « Je ne mourrai point, mon cher Mécène, en appelant quelqu'un à me suivre. » C'està-dire, en te sommant de remplir ton serment... Que de frais

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d'imagination en pure perte! Poinsinet se les fût épargnés, s'il avoit remarqué que son explication met Horace en contradiction avec lui-même dans toute l'Ode: elle lui fait dire au début qu'il mourra, et tout le reste tend à prouver le contraire.

Je fais grâce au lecteur d'une autre imagination de Poinsinet, qui, au moyen d'un fragment cité par Macrobe, fait intervenir Auguste dans cette affaire, attendu, dit-il, qu'il y étoit intéressé ; et je ne cite plus que l'opinion de M. Wetzel sur ce passage. Il explique vocas par revocas; « Moi que tu rappelles, que tu voudrois retenir encore sur la terre. » L'idée est ingénieuse, mais elle suppose, comme l'hypothèse de Poinsinet, qu'Horace parle de sa mort physique comme prochaine, ce qui n'est nullement probable, et nous avons vu d'ailleurs que tous ces expédiens deviennent inutiles, lorsqu'on veut bien s'en tenir au sens des scholiastes et à l'ancienne ponctuation,

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Cette note étant la dernière du volume, je m'y suis livré à plus de développemens que dans toutes les autres. Ceux de mes lecteurs qui ne seront pas un peu entichés de la manie philologique (et ce sera sûrement le plus grand nombre), men feront sans doute un reproche; mais, loin de m'en défendre, je passerai volontiers condamnation. Je leur demanderai seulement de vouloir bien considérer que c'est la seule fois que j'aie cédé tout-à-fait au penchant à disserter que ce genre de travail inspire; et qu'il ne m'a pas fallu moins qu'un effort continuel sur moi-même pour ne pas doubler l'épaisseur de ce volume, qui sans doute leur semble déjà beaucoup trop gros.

Après cette excuse, ils me permettront de terminer cette partie de mon travail par une observation qui ne peut mieux trouver sa place. C'est que l'événement a surpassé, et bien au-delà, toutes les espérances de notre poète. Ce n'est pas seulement sur les rives du Rhône et du Tage qu'on l'étudie et qu'on l'admire, c'est sur celles du Rhin, de l'Elbe, de la Vistule et de la Néva; c'est même dans un nouveau monde dont l'existence n'étoit soupçonnée ni de lui-même ni d'aucun de ses contemporains.

Notice des Manuscrits de la Bibliothéque impériale que j'ai collationnés pour cette édition.

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N. 7900. H. Carminum libri QUINQUE, cum Acronis commentario: Epp., Liber I, cod. membr., sec. X, olim Puteanus. 96ndoa uqi

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Le catalogue des Mss. de la bibliothèque impériale attribue, comme on voit, ce Ms. au dixième siècle. Il avoit appartenu aux savans frères Dupuis; il est tout entier en parchemin.

Son format est grand in-4." ou petit in-folio de forme carrée; il a cent cinquante-cinq feuillets, ebiffrés par une main trèsrécente, et contient: 1." Térence, avec des commentaires; 2. les Odes d'Horace et le premier livre des Épîtres; 3. Lucain, avec des commentaires; 4. Juvénal; 5. Martianus Capella, avec des notes. C'est d'Horace seul que nous allons nous o occuper.

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Les caractères généraux de l'écriture confirment pleinement l'ancienneté attribuée par le catalogue à ce Ms., si même ils ne contribuent pas à le vieillir encore. Les lettres minuscules sont semblables en général à celles que Pon emploie de nos jours, et en particulier aux caractères employės par Plantiń dans ses éditions in-16. Les majuscules ou unciales sont les mêmes que l'on retrouve dans le célèbre Codex Mediceus de Virgile, qui appartient aujourd'hui à la bibliothéque impériale de Paris. L'A, par exemple, au commencement des vers est toujours sans barre, comme le lambda grec (4). Il est vrai qu'on retrouve la barre à ceux qui commencent le premier vers d'une Ode; mais il est très-probable que cette barre, où 25* *****

même la lettre entière, ont été faites après coup. Nulle part on ne trouve d'accent; les i sont sans point; l's, même à la fin des mots, est toujours longue; la diphthongue a est souvent formée d'un scul caractère qui ressemble à un e avec une cédille; mais la diphthongue oe est toujours écrite avec les deux caractères séparés. La ponctuation emploie trois signes : notre point, quelquefois souligné, ne tient souvent lieu que de la virgule; ce signe (;) a été placé en plusieurs endroits par une main plus moderne, pour tenir lieu de notre point; l'on trouve enfin, quoique rarement, le signe d'interrogation, mais plus an uleux que le nôtre, placé par cette même main; mais très souvent aussi la ponctuation n'est nullement indiquée.

L'orthographe n'est pas constante: on lit tantôt ratis et tantôt rates, arcis et arces, montis et montes au nominatif et à l'accusatif pluriel de ces différens noms. Dans les mots composés, la préposition est quelquefois conservée toute entière, et quelquefois la seconde lettre est remplacée par la première du mot radical. On peut y lire, par exemple, applicat dans un endroit et adlabitur dans un autre; ici obprobium, et là opprobrium. Cette orthographe n'est même pas toujours correcte souvent dans les noms propres l'i simple est substitué à l'y; l'h est quelquefois supprimée, quelquefois ajoutée, comme dans Melphomene, Enipheus, Bosphorus. Le copiste affecte de placer une m et un p au lieu d'une n dans tentare, qu'il écrit temptare, et dans quelques mots semblables.

On distingue dans le texte deux mains différentes. La première part du commencement et va jusqu'au vers 17 de l'Ode 16 du Livre I (Ira Thyesten, etc.). Là commence la seconde qui suit jusqu'à la fin du premier livre. La première reprend au second livre et achève les Odes; puis vient le premier livre des Épîtres, qui est entièrement de la seconde main. Ce qui les distingue l'uue de l'autre, c'est que les lettres de la première sont plus rondes, et celles de la seconde plus aiguës: la première écrit et en deux lettres, au lieu que la seconde se sert du signe &; et la seconde enfin écrit or

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par une abréviation singulière, et qui ressemble à notre diphthongue o en caractères italiques.

Ce Ms. est couvert de notes, que le catalogue annonce comme étant celles d'Acron, et la collation que j'ai faite de quelquesunes me porte à croire qu'elles sont à peu près les mêmes qu'on a imprimées sous le nom de ce grammairien. On y distingue plusieurs mains; les notes de la marge extérieure sont cependant d'une seule, qui est la même que je nomme la première du texte j'en excepte seulement celles de l'Ode Nox erat et cœlo, dont l'écriture, encore très-noire, est pleine d'abréviations qui la rendent presque illisible, et décèle, par la forme de ses lettres, une main assez moderne; elle est d'ailleurs remarquable en ce qu'elle rapporte en grec un vers d'Homère sur la beauté de Nirée, qu'Acron et Porphyrion se contentent d'indiquer.

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C'est dans les notes de la marge intérieure que se manifeste la variété des mains. La première y paroît encore dans tout ce qui a rapport à l'explication du mètre, et peut-être dans quelques notes d'un caractère un peu plus gros et qui tiennent lieu d'argument: on peut aussi attribuer à la seconde du texte quelques notes de cette marge, dont les lettres sont un peu aigues, quoiqu'elles soient d'une encre plus noire et n'aient pas les mêmes abréviations; et une troisième main différente s'y fait encore remarquer.

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Les abreviations sont très-rares; on n'en trouve que quelques prépositions ou dans la terminaison des mots, et jamais elles n'embarrassent; j'excepte cependant le mot spiritus qui est toujours écrit sps, par la raison très-simple que la lecture et la transcription des écritures l'avoient rendu trèsfamilier aux moines à qui nous devons nos Mss.

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Tout ce qu'on vient de lire démontre l'importance de celui qui nous occupe. J'ajouterai qu'il offre des corrections et des variantes qui prouvent qu'il fut soumis dans le temps même à une révision. Il n'est cependant pas exempt de fautes; il en a même qui déposent de l'incurie des copistes, et d'autres de l'ignorance plus coupable encore des réviseurs.

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