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et plus encore par son mauvais goût *; mais il lui arrive quelquefois (voyez mes notes sur l'Ode 14 du Liv. I) d'être seul à trouver le véritable sens d'un passage. Poinsinet de Sivry, malgré ses ridicules d'un autre genre, a quelquefois le même bonheur. M. Oberlin, dans sa belle édition in-4.° et sans commentaires, a recueilli des variantes curieuses **. Il est enfin une traduction allemande d'Horace également dépourvue de commentaires, et qui plus est imprimée sans le texte, où j'ai trouvé de très-utiles secours c'est celle de l'illustre Voss***. Il a entendu son auteur en philologue et en poète ; et sa traduction est, si l'on peut s'exprimer ainsi, calquée si fidèlement sur son modèle, que l'on y reconnoît toujours et la leçon qu'il a suivie et le sens qu'il a préféré.

Quelques lecteurs trouveront cette liste un peu longue; elle n'est cependant pas complette. Et que seroit-ce si, au lieu de me borner aux éditions que j'ai consultées moi-même, j'eusse dénombré celles

* L'Horace de Baxter n'eut que deux éditions de son vivant, en 1701 et 1725. Je ne citerai qu'un exemple de son détestable goût. En commentant l'Ode 20 du second livre où Horace es métamorphosé en cygne, il explique la blancheur des plumes qui naissent sur les épaules et les doigts du poète, en disant que ses cheveux blancs retomboient sur ses épaules et qu'il avoit des poils blancs sur les doigts. Je prie mes lecteurs de ne point oublier que les éditions de l'Horace de Baxter, revues par Gessner, sont au contraire très-estimables.

** Strasbourg, 1788.

*** Heidelberg, 1806.

qui s'y trouvent dépouillées par leurs auteurs? En tout cas, je désire au moins que ce travail tienne lieu, en quelque manière, de la Notice littéraire que j'ai cru devoir me dispenser de donner. Cela m'eût été facile avec le secours de la Bibliothéque latine de Fabricius, du travail de M. Mitscherlich, et de celui des éditeurs de Deux-Ponts, que je crois meilleur encore, bien qu'antérieur de quelques années. On trouvera même dans ce dernier le catalogue le plus complet que je connoisse des traductions d'Horace en français, en italien, en anglais, en espagnol, en allemand, en hollandais, en polonais, en russe, et même en grec. Un simple extrait de ce catalogue auroit tenu ici trop d'espace, et la seule partie dont l'appréciation auroit pu être intéressante pour le grand nombre de mes lecteurs (celle des traductions françaises), est précisément celle que des raisons que chacun devine ne me permettaient pas de traiter.

de

UNE addition qui eût été ici bien mieux à sa place, c'est une Vie de l'auteur que je traduis. La France est peut-être le pays du monde où les vers d'Horace ornent la mémoire du plus grand nombre de personnes, et la France est peut-être le pays l'Europe civilisée où son caractère est le moins connu. Dacier n'a vu en lui qu'un philosophe religieux et un moraliste sévère, sans trop s'inquiéter si ses principes s'accordoient avec ses actions. Sanadon en a fait un bon épicurien et un habile courtisan.

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Il n'a pas tenu à l'abbé Galiani de le faire passer pour un homme sans cœur, sans mœurs et sans principes, et, ce qui est plus étrange, il lui en a su gré. Poinsinet de Sivry au contraire a donné une édition de ses poésies tout exprès pour lui établir une réputation de chasteté et de bravoure. Voltaire enfin, avec sa légèreté et son assurance ordinaires, l'a traité de parasite discret et d'adroit esclave; il lui a reproché ce qui, dans ses écrits, peut blesser les mœurs, et cela après avoir lui-même écrit sa Pucelle, et tout en flattant la dernière favorite de l'avant-dernier de nos rois. Notre poète est cependant jugé d'une manière plus équitable par Algarotti, dont l'abbé Arnaud a traduit librement l'ouvrage ; mais ce n'est guère qu'en Allemagne qu'Horace a été parfaitement connu. Lessing est, je crois, le premier qui ait entrepris son apologie; l'ingénieux Wieland l'a achevée dans son Commentaire sur les Épîtres et les Satires, et M. Wetzel a profité des lumières de tous deux. Avec leurs secours, avec celui d'Horace lui-même, on pourroit aujourd'hui écrire. une Vie de ce grand poète également pleine de vérité et d'intérêt ; mais elle figureroit plus convenablement à la tête de ses OEuvres complettes, ou du moins de ses Épîtres et de ses Satires, qui sont ceux de ses ouvrages où il se fait connoître le mieux. J'ai craint d'ailleurs de trop grossir ce volume, et j'ai pensé que je suppléerois en quelque manière à ce travail en imprimant ici une traduction de la Vie attribuée

* Paris, 1777, 2 vol. in-8.

à Suétone, revue sur quatre Mss. Ceux qui la liront avec attention et en se dépouillant des préjugés qu'ils ont pu concevoir contre notre poète, seront trèsdisposés à reconnoître qu'il ne fut ni un bas parasite ni un vil flatteur, mais qu'au contraire, placé dans une position difficile et vivant dans un temps non moins difficile, il put se conduire avec autant de noblesse que de prudence, et fit preuve à la fois d'un esprit sage et d'un caractère élevé.

A la suite de cette Vie, accompagnée de quelques notes, j'en donne une autre fort courte, dont j'ai parlé plus haut, et que j'ai transcrite du Ms. V. Elle est inédite, et contient quelques faits nouveaux qui pourront faire plaisir aux curieux.

J'AI tâché de donner à mes lecteurs une idée des peines que j'ai prises pour rendre mon ouvrage digne de leur être offert. Il me reste à réclamer leur indulgence pour ses imperfections. La tâche que je me suis imposée étoit peut-être au dessus de mes forces, mais du moins je n'ai rien négligé pour la remplir. Les avis que je pourrai recevoir seront mis à profit lorsque je publierai le second volume, ce qui aura lieu au plus tard dans un an. La composition en est déjà très-avancée, et mon désir de sonder le goût du public n'est pas la raison la moins puissante qui m'ait déterminé à faire paroître celui-ci séparément. J'ose me flatter que l'on ne se défiera pas de la sincérité de cette annonce; la masse des travaux préliminaires que j'ai dû exécuter en même temps

pour les cinq livres des Odes suffirait seule pour la garantir.

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P. S. Pendant que cet ouvrage étoit sous presse, trois traducteurs ont publié leurs travaux sur Horace. Le premier a donné toutes les Odes et l'Art poétique; le second, trente Odes choisies; et le troisième, toutes les Odes, comme le premier. Il ne m'appartient pas d'apprécier leur mérite; mais je dois prévenir que cette dernière tra— duction n'est pas sans quelques légères ressemblances avec la mienue, et je dois même les indiquer. Le premier vers de l'Ode 19 du Livre I (Mater sæva cupidinum), est rendu dans les deux traductions par celui-ci : Des amours la mère cruelle. Ce passage de l'Ode 10 du Livre II.... Feriuntque summos fulmina montes, a produit, dans les deux ouvrages, un autre vers identique : C'est la cime des monts que frappe le tonnerre. Dans l'Ode 7 du Livre I, Per omnes te Deus oro, est traduit d'un côté, Au nom des Dieux, je t'en supplie, et, de l'autre, Par tous les Dieux, je t'en supplie. Tu ne quæsieris scire de l'Ode 11 du même livre est rendu ici par Garde-toi de vouloir connoître, et là par Cesse donc de vouloir connoître. Daus l'Ode 13, les deux traductions ont emprunté à Racine ces mots : je rougis, je pális, et se sont rencontrées dans un ou deux autres traits. Dans la quinzième, on trouvera six rimes qui nous sont communes, et deux hémistiches de la vingt-neuvième nous sont également communs ; l'Ode 7 du Livre II offre deux vers presque entièrement semblables, et l'on pourra bien découvrir encore un ou deux hémistiches et autant de rimes qui se répètent dans les deux traductions. Mais on sait trop bien que de pareilles rencontres sont inévitables; et il y a d'ailleurs trop de différence entre les deux ouvrages, pour qu'on voye autre chose, dans de pareilles ressemblances, que l'effet presque nécessaire de l'identité de notre original.

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