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leurs on a pratiqué dans l'épaiffeur du mur un escalier par lequel on monte à tous les étages, & de là fur de belles galeries de marbre, ornées de grilles de fer doré qui embelliffent les faillies dont la tour eft environnée. On voit au coin de chaque galerie de petites cloches fufpendues qui, agitées par le vent, rendent un fon affez agréable.

Le même jour 13 d'Août après midi, nous arrivâmes à la vue de la rade, marchant majestueusement au milieu des vaiffeaux de toutes les nations, & au bruit de leurs canons qui nous faluoient en paffant. A cinq heures nous mouillâmes à Vampou, comme j'ai dit au commencement de cette Lettre.

Quoiqu'à vous dire vrai, le vaiffeau ne foit pas un féjour fort agréable par lui-même comme il eft aifé de fe l'imaginer, le temps ne m'y a pas duré. J'avois pour compagnon de voyage un Prêtre des Miffions Etrangeres, jeune homme plein de piété & de zèle, connoiffant les voies de Dieu, retiré & recueilli, dur à luimême aimable quand il croyoit devoir l'être, & toujours édifiant. Son exemple m'a beaucoup fervi.

Les premiers objets que je vis le 13 d'Août, en arrivant à Vampou, furent les peres Collas & Beguin; au premier coup de canon ils s'étoient jettés dans une barque pour venir au-devant de moi. Ils m'apprirent que notre Pere Supérieur étoit à Canton, & qu'il

ne

ne manqueroit pas de venir quand il me fçauroit arrivé. Quoique Vampou soit éloigné de Canton d'environ trois bonnes lieues, il y étoit le lendemain de bon matin. Je l'embraffai de tout mon cœur, comme un ancien Miffionnaire qui travailloit depuis trente ans, avec un zèle infatigable, à la converfion des Infidèles. Nos Officiers, bien étonnés, fe retirerent dans la chambre du Confeil; & là, chacun examinoit fa confcience avec inquiétude, pour fçavoir fi, pendant la traversée, on n'auroit pas dit contre les Jéfuites des chofes qui auroient pu me faire peine; & quelques moments après, il y en eut deux qui vinrent me faire des excuses. J'appris enfuite, du 2.9¢ Rec. 2.9€

I

Pere le Febvre, que le Pere Lamiral, ayant voulu pénétrer dans les terres, il y a dix ou onze mois, avoit été pris à une demi-lieue de Canton, & que pour le racheter il en avoit coûté plus de vingt mille livres; il me raconta auffi que lui-même ayant tenté,

au

. commencement de cette année 1767, de pénétrer dans les terres pour y faire du bien en attendant le retour des vaiffeaux François, il avoit été découvert, & qu'il n'avoit échappé à la fureur des Infidèles que par une espèce de miracle. Il me confirma encore tout ce qu'on m'avoit dit de la guerre allumée entre l'Empereur & la province de Yunnan, & de l'emprifonnement des peres Francif

cains, à qui fous nos yeux on fait aujourd'hui le procès avec toute la rigueur poffible. Nous ne pouvions arriver dans de plus triftes circonftances, auffi dès que nos amis nous fçurent arrivés à Vampou, ils jetterent les hauts cris; il n'étoit queftion de rien moins que de nous renvoyer d'où nous venions. Le pere le Febvre laiffoit dire. Cependant, pour donner quelque chofe aux circonftances, il nous laiffa fur notre vaiffeau, nous recommandant de ne point nous montrer aux Chinois qui étoient chargés d'y porter des vivres; mais, malgré toutes nos précautions, le 15 d'Août, je fus reconnu deux fois avant dix heures du matin. Un vieux

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