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La Chrétienté de Hien, (1) me dit-il, eft , graces à Dieu, dans un très-bon état. On ne peut avoir plus d'ardeur pour entendre parler des chofes de Dieu, plus d'eftime pour la qualité de Chrétien, plus de tendreffe pour le Sauveur du monde, plus de délicateffe de confcience pour s'abftenir des plus légeres. fautes. Je me fuis attaché principalement à leur expliquer les rapports que Jefus Christ a avec nous, le fond du mystere de l'incarnation & les conféquences que nous devons en tirer. Depuis quel que-temps, je leur ai fait fix entretiens fur ce Myftere, & chaque entretien duroit au moins trois heures ; mais je n'ai rien dit à ces dames nouvellement Chrétiennes, qu'elles n'aient conçu, qu'elles n'aient goûté, qu'elles n'aient répété plufieurs fois le jour, & dont elles n'aient profité pour la pratique. Je l'ai connu à certains mots qui leur échappoient, tantôt à l'une, tantôt à l'autre quand quelque point de l'inftruction les avoit frappé, tels que font ceux-ci par exemple, c'eft quelque chofe de grand que d'être Chrétien. Des Chrétiens qui fe méprifent, ont grand tort; leur eftime doit

(1) Palais du Mandarin.

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aller jufqu'au refpect. Un Chrétien qui n'aime Dieu qu'à demi, eft un monftre. Comment des Chrétiens peuvent-ils ne fe pas aimer! Que les Infideles ne fçavent-ils notre fainte Religion, il n'y en auroit pas un qui ne l'embraffát!

Il y a peu de jours qu'à la fin d'un de ces entretiens, la mere du Mandarin fe leva, & adreffant la parole à toute l'affemblée: ce que je conclus de tout ceci dit-elle, c'eft qu'il n'y a qu'une feule chofe qui doive nous être chere & précieuse, fçavoir la grace fanctifiante; qu'on ne doit rien obmettre pour l'obtenir, quand on ne l'a pas encore; pour la conferver quand on l'a obtenue, & pour la recouvrer quand on a eu le malheur de la perdre. Enfuite,jettant des regards pleins de tendreffe fur huit petits enfans Chrétiens, qui étoient préfens, elle les baifa tous l'un après l'autre, refpectant en eux la grace d'adoption qu'ils avoient reçue à leur baptême.

Peu après, la veuve du fils aîné du Mandarin, conduifant au pied d'un oratoire fa fille unique, âgée d'environ quatre ans, j'entendis qu'elle lui disoit ces paroles: « Je t'aime, Dieu le fçait, » ma chere enfant ; eh! comment ne te » pas aimer, puifque tu es le feul gage que ton pere, en mourant, en mourant, m'ait laiffé

La Chrétienté de Hien, (1) me dit-il, eft graces à Dieu, dans un très-bon état. On ne peut avoir plus d'ardeur pour entendre parler des chofes de Dieu, plus d'eftime pour la qualité de Chrétien, plus de tendreffe pour le Sauveur du monde, plus de délicateffe de confcience pour s'abftenir des plus légeres fautes. Je me fuis attaché principalement à leur expliquer les rapports que JefusChrist a avec nous, le fond du mystere de l'incarnation, & les conféquences que nous devons en tirer. Depuis quel que-temps, je leur ai fait fix entretiens fur ce Myftere, & chaque entretien duroit au moins trois heures ; mais je n'ai rien dit à ces dames nouvellement Chrétiennes, qu'elles n'aient conçu, qu'elles n'aient goûté, qu'elles n'aient répété plufieurs fois le jour, & dont elles n'aient profité pour la pratique. Je l'ai connu à certains mots qui leur échappoient, tantôt à l'une, tantôt à l'autre quand quelque point de l'instruction les avoit frappé, tels que font ceux-ci par exemple, c'eft quelque chofe de grand que d'être Chrétien. Des Chrétiens qui se méprifent, ont grand tort; leur eftime doit

(1) Palais du Mandarin.

aller jufqu'au refpect. Un Chrétien qui n'aime Dieu qu'à demi, eft un monftre. Comment des Chrétiens peuvent-ils ne fe pas aimer! Que les Infideles ne fçavent-ils notre fainte Religion, il n'y en auroit pas un qui ne L'embrasfát!

Il y a peu de jours qu'à la fin d'un de ces entretiens, la mere du Mandarin fe leva, & adreffant la parole à toute l'affemblée : ce que je conclus de tout ceci dit-elle, c'eft qu'il n'y a qu'une feule chofe qui doive nous être chere & précieufe, fçavoir la grace fanctifiante; qu'on ne doit rien obmettre pour l'obtenir, quand on ne l'a pas encore; pour la conferver quand on l'a obtenue, & pour la recouvrer quand on a eu le malheur de la perdre. Enfuite,jettant des regards pleins de tendreffe fur huit petits enfans Chrétiens, qui étoient préfens, elle les baifa tous l'un après l'autre, refpectant en eux la grace d'adoption qu'ils avoient reçue à leur baptême.

Peu après, la veuve du fils aîné du Mandarin, conduifant au pied d'un oratoire fa fille unique, âgée d'environ quatre ans, j'entendis qu'elle lui difoit ces paroles: « Je t'aime, Dieu le fçait, » ma chere enfant; eh! comment ne te » pas aimer, puifque tu es le feul gage que ton pere, en mourant, m'ait laiffé

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» de fa tendreffe! Cependant, fi je » croyois que tu dûs jamais abandonner » Jesus-Chrift, ou perdre l'innocence de » ton baptême, je prierois le Seigneur » de te retirer au plutôt de ce monde. » Oui, (répéta-t-elle trois ou quatre » fois, regardant une image de Notre » Seigneur, & croyant n'être point en» tendue,) oui, mon Dieu, elle est à vous; vous pouvez la reprendre; bien loin de la pleurer, je vous remercierai » de la grace que vous lui aurez faite ». Autant que je pus juger, par le ton dont elle prononçoit ces dernieres paroles elle verfoit des larmes. C'est par ce dernier trait que le Pere de Chavagnac finit fa lettre.

Le P. de Mailla, qui a eu cette année trois rudes perfécutions à fouffrir, m'a raconté une fainte faillie d'un enfant de huit à neuf ans, qui m'a paru admirable; je crois que vous ferez furpris, comme moi, de voir une foi fi vive dans un âge fi tendre. Il venoit de perdre deux de fes freres qui étoient morts de la petite vérole, lorfqu'il en fut lui-même dangereufement attaqué à fon tour. Sa mere s'échappa jufqu'à dire, dans un mouvement d'impatience: Hé quoi! fausil donc perdre tous nos enfans, faute d'e

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