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dans un état, qui fit désespérer de fa vie. Comme elle s'apperçut la premiere que fa fin approchoit, elle demanda les derniers facremens, & elle reçut Notre Seigneur avec de grands fentimens de piété. Le lendemain elle envoya prier le Miffionnaire de lui apporter l'ExtrêmeOnction; mais quelque diligence qu'il fit, il apprit à fon arrivée qu'elle venoit d'expirer, tenant un cierge béni d'une main, & fon chapelet de l'autre, & invoquant les faints noms de Jefus & de Marie.

Quelque temps avant que de mourir, elle avoit appellé fon fils, & lui avoit recommandé deux chofes. La premiere, d'avoir foin qu'on ne mêlât rien de fuperftitieux dans l'appareil de fes obféques, & que le foin de cette cérémonie fût abandonné aux Chrétiens. La feconde, de fonger férieusement à renvoyer au plutôt fes concubines pour se difpofer à recevoir le baptême. Elle mourut affiftée de plufieurs fervens Chrétiens qui récitoient les prieres ordinaires pour fes moribons, & qui furent trèstouchés des actes de foi, d'efpérance & de charité qu'elle répéta fans ceffe jufqu'au dernier foupir. Ils recueillirent avec foin les trois dernieres paroles

qu'elle prononça; les voici. Sainte mere de Dieu, fecourez-moi : Jefus, mon Sauveur, pardonnez-moi : Mon Dieu, mon Jefus, fauvez-moi. En prononçant une quatrieme parole qu'on ne put entendre, elle s'endormit doucement dans le Seigneur.

LETTRE

DU PERE PARENNIN.

A Peking, en l'année 1710.

JE ne doute point que vous ne foyez touché du zèle qu'ont fait paroître cette année quelques-uns de nos Chrétiens pour la converfion de leurs compatriotes. Je me contenterai de vous en rapporter deux exemples: un des Néophytes que je baptifai dans l'une des quatre Miffions que j'ouvris avant que l'Empereur m'eût ordonné de le fuivre dans fes voyages, s'étoit établi à Yung-ping-fou, près du paffage de Leaotong. Là ce fervent Chrétien a fait la fonction de Miffionnaire avec un zèle admirable: il a affemblé quantité d'Idolâtres à qui il a annoncé les vérités chrétiennes avec tant de fuccès, que la

plupart ont demandé le baptême. Il eft venu auffi-tôt me chercher à Peking; mais comme j'étois allé au fud avec l'Empereur, le Pere de Tartre a pris ma place, & eft parti fur le champ pour Yung pingfou, où il a baptifé quatre-vingt adultes. Dès que j'ai été de retour, j'ai envoyé dans cette ville un Catéchifte, qui fortifiera ces nouveaux fideles dans la foi, & qui, comme je l'efpere, gagnera encore plufieurs Gentils à Jefus-Chrift.

Un autre Chrétien eft venu me donner avis qu'il avoit fait connoître l'excellence de notre Religion à plufieurs foldats Chinois qui demeurent vers le paf fage de la grande muraille, & que ces bonnes gens touchés de fes difcours, ne foupiroient qu'après la grace du baptême. Je fis partir auffi-tôt un Catéchifte afin de les aller inftruire, & pour n'avoir plus moi-même qu'à les baptifer, lorfque je pafferois par cet endroit-là à la fuite de l'Empereur.

Le jour que l'Empereur devoit paffer la muraille, je pris les devants dès le point du jour ; je trouvai en effet quarante de ces foldats bien inftruits & très-fermes dans la foi, qui me conjurerent avec larmes de les admettre au nombre des Chrétiens. Je les baptifai tous, & ne les

quittai que le foir pour aller rejoindre l'Empereur; mais je leur laiffai le Catéchifte, avec plufieurs livres fur la Religion, que j'avois apportés.

Un mois après, ces nouveaux fideles me députerent un d'entr'eux à Ge-ho-ell, où j'étois alors, pour m'avertir qu'un de leurs Mandarins avoit pris la réfolution de les faire tous renoncer à la loi fainte qu'ils avoient embraffée ; que fes careffes & fes menaces ayant été inutiles, il en étoit venu à des traitemens très-inhumains; qu'il pouvoit impunément les meurtrir de coups, puifqu'il étoit leur Capitaine; mais que quand on devroit les faire expirer dans les plus cruels tourmens, ils étoient tous réfolus de perdre la vie plutôt que la foi. « Ce ne font point » les mauvais traitemens que nous crai»gnons, m'ajoutoient-ils dans la lettre

qu'ils m'écrivoient; mais ce qui nous » fait une peine que nous ne pouvons » vous exprimer, c'eft que nos compa» gnons, encore infideles, ne veulent >> plus entendre nos exhortations, de » peur d'être traités comme nous le » fommes. Nous vous conjurons donc » de parler au fils du Ma-li-tou, notre » Général, afin qu'il adouciffe cet ennemi déclaré de notre fainte Religion »,

J'allai les revoir à mon retour tous fe confefferent avec une ferveur digne des plus anciens Chrétiens; je leur fis une longue exhortation, à la fin de laquelle ils me préfenterent vingt de leurs compagnons, qui étoient bien inftruits, & que je baptifai. Ils me prierent enfuite d'établir parmi eux une Confrérie, & de mettre à la tête ceux que je jugerois les plus capables de les inftruire, & de veilfer fur leur conduite. Ils avoient déja écrit chacun leurs fuffrages dans de petits billets cachetés féparément. J'ouvris ces billets, & je trouvai que leur choix étoit fort fage, car ils nommoient les trois plus fervents, qui étoient les mieux inftruits, & qui avoient le plus de loifir pour vaquer à cette bonne oeuvre. Je confirmai leur choix, & comme ils font fort refferrés dans la petite maison où ils s'affemblent ils me propoferent d'en acheter une autre, où ils puffent tenir plus commodément leurs affemblées. Je leur donnai pour cela cinquante taels; ils fourniront le refte, & j'efpere que dans peu de temps il y aura, là une Chrétienté nombreufe.

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Pendant environ trois mois que nous demeurâmes à Ge-ho-ell, je raffemblai les Chrétiens de différentes provinces, qui

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