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» lui que j'adore le véritable Seigneur »eft un pur Efprit, rien ne lui eft ca» ché, il voit tout, il connoît tout; » cette doctrine eft aifée à comprendre, » cependant bien peu la connoiffent. » Pour moi j'ai eu le bonheur d'ap» prendre cette doctrine & de la croire; c'eft pourquoi je vous déclare qu'au »jourd'hui je fortirai de mon palais, » revêtu de mes habits de cérémonie, » pour remercier de fes bienfaits le » Maître fouverain de toutes chofes. » Un de mes officiers monté à cheval, »portera devant moi le tableau du faint » chiffre du Seigneur. (c'eft-à-dire le » nom de Jefus) Je fais fçavoir mes vo»lontés par ce préfent écrit, afin que » l'on s'y conforme. Daté de la qua→ » trieme année du regne de l'Empereur » Tfum-tchim, le 10 du 5 mois.

Il y a lieu de croire que cet édit, qui eft d'un grand Mandarin, fervira à confirmer notre Tao dans les fentimens favorables qu'il paroît avoir pour notre fainte religion, & pour ceux qui l'embraffent.

Je ne puis finir cette lettre fans vous faire part de quelque chofe d'affez fingulier, touchant la maniere dont deux enfans ont reçu cette année le baptême.

Deux Chrétiens de Kim te tchim traver foient une chaîne de montagnes ; ils rencontrerent fur le chemin un homme tout éploré, qui tenoit entre fes bras un petit enfant qui fe mouroit, & le portoit à un temple d'idoles temple d'idoles pour y demander fa guérifon. Un de ces deux Chrétiens qui étoit Médecin, considéra attentivement l'enfant, & jugea qu'il n'avoit plus que quelques heures à vivre; il confola le pere le mieux qu'il put, & l'entretint du bonheur qu'il pouvoit procurer à fon fils, s'il confentoit qu'on lui adminiftrât le baptême. Le pere preffé par les exhortations du Néophyte, donna fon confentement: la difficulté fut de trouver de l'eau; on étoit dans un pays aride, & fort éloigné des endroits où l'on eût pu en aller querir. Lorfqu'ils s'y attendoient le moins, ils virent paffer un homme chargé de deux fceaux d'eau, & l'enfant fut baptifé fur l'heure. Celui qui leur avoit fervi de l'eau, difparut un inftant après, fans qu'on pût avoir connoiffance ni d'où il venoit, ni à quel deffein il portoit de l'eau dans un lieu auffi defert que l'étoit celui-là. Nos Chrétiens trouvent en cela du prodige: pour moi je me contente d'admirer la providence de Dieu fur fes Elus.

Cette même Providence ne m'a paru gueres moins admirable à l'égard d'un autre enfant. Il vint au monde à feize mois; ce fait eft hors de doute. Sa mere, après que le terme ordinaire de fa groffeffe fut expiré, reffentoit de temps en temps les douleurs de l'enfantement, fans pouvoir fe délivrer de fon fruit. Moi-même étant à Kim te tchim je ne voulus jamais permettre qu'au milieu de fon dixieme mois on la tranfportât en chaife dans le lieu où les Chrétiens étoient affemblés; j'allai la confeffer & la communier dans fa maison. Des Médecins peu habiles vouloient ufer de remedes violens, s'imaginant qu'elle portoit dans fon fein une maffe informe, ou un enfant mort, ou même quelque monftre. Mais Dieu touché fans doute de la vertu du pere & de la mere, ne permit pas que ce confeil prévalût. Vers la fin du feizieme mois notre Chrétienne accoucha d'un fils plein de vie que je baptifai. Il me parut avoir à fix mois toute la force qu'ont les enfans ordinaires à un an. Cette heureufe naiffance a contribué à la converfion de plufieurs Infideles, qui lui infultoient auparavant fur fon malheur, & qui l'attribuoient à

la religion chrétienne qu'elle avoit embraffée depuis peu de temps.

Permettez-moi, en finiffant cette lettre, d'ajouter ce que le Pere Contencin m'écrit de Peking: c'étoit au mois de février que je reçus fa lettre, dans laquelle il me mandoit que depuis quelques mois on comptoit dans notre églife onze cens baptêmes; & que depuis l'année 1700, on en comptoit près de cinquante mille dans les trois églifes de Peking. Le même Pere alla vifiter vers ce temps-là nos Miffions du nord près de la grande muraille, où il conféra le baptême à foixante-dix perfonnes. Huit Chrétiens, dont fix font chefs de famille, vinrent le trouver de dix lieues au-delà pour participer aux faints Myfteres. Quoiqu'ils foient Chinois, ils font comme naturalifés parmi les Tfao ta tfe; c'est une forte de Tartares parmi lesquels ils vivent. Le falut d'une infinité de Peuples dépend de la converfion de la Chine: c'eft pour les perfonnes qui aiment véritablement Jefus-Chrift, & qui defirent le faire aimer de toutes les Nations, un grand motif d'aider les Miffionnaires, foit par des prieres. f rventes, foit par les autres fecours qu'ils peuvent leur procurer. Je fuis avec

bien du refpect en l'union de vos faints facrifices, &c.

LETTRE

Du Pere Jacquemin, Miffionnaire de la Compagnie de Jefus, au Pere Procureur des Miffions des Indes & de la Chine.

De l'Ifle de Tfong-ming, dans la province de Nanking, le 1er feptembre 1712.

MON RÉVÉREND PERE,

La paix de Notre Seigneur.

L'ifle de Tfong-ming d'où j'ai l'honneur de vous écrire, & qui eft le lieu de ma Miffion, n'eft pas fort éloignée du continent de la Province de Nanking, elle n'en eft féparée à l'oueft que par un bras de mer, qui n'a pas plus de cinq ou fix lieues. Elle eft fituée fous le 33 degré de latitude nord.

Ceux que j'ai confultés fur fon origine, affurent qu'elle s'eft formée peu à peu des terres que le Kiang, grand fleuve qui paffe à Nanking, a entraîné de diverses

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