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mais ce qu'ils peuvent eft fort peu de chofe; comme ils font la plupart foldats, ils n'ont pour tout bien que leur paye, qui eft affez modique. J'allai voir une maifon qui eft affez propre à ce deffein: elle coûtera 5 à 600 taels, qui ne font pas aifés à trouver. Nous ferons ce que nous pourrons avec le fecours de la Providence.

pour

Ces nouveaux Fideles font remplis de piété. Comme ils font plus maîtres de leur temps que les gens de commerce, ils ne manquent pas d'aller tous les jours à l'églife, où les chefs les inftruifent. Ils récitent foir & matin la priere au for des inftrumens: ils en ont acheté plus de cinquante écus, & ont appris à en jouer à de jeunes chrétiens. Ils ont pareillement acheté un lieu pour leur fépulture, & les ornemens néceffaires pour enterrer les morts avec décence.. Comme je ne puis vifiter cette chrétienté qu'en paffant, il n'y a alors qu'une partie des chrétiens qui fe confeffent & qui communient. Le Pere Contancin y va de temps en temps pour fuppléer à ce que je n'ai pu faire: il doit y aller au premier jour. Quand j'étois à Geho-ell, ceux qui y venoient pour quelque affai

qu'il eft allé recevoir la récompenfe de fes longs travaux & de fa fainte vie. Il étoit doux, modefte, humble, patient, fidele obfervateur de nos regles, affable, toujours prêt à obliger, infatigable dans le travail & dans le foin qu'il prenoit des pauvres. Enfin, pendant feize ans que j'ai vécu avec lui, je n'ai jamais vu perfonne qui ne m'ait fait fon éloge.

A mon retour de Tartarie j'ai lu dans le dixieme volume des Lettres édifiantes & curieufes un extrait d'une de mes lettres, dans laquelle je parlois d'une Miffion naiffante que j'avois formée à Coupekeu au paffage de la grande muraille. J'ajouterai ici que depuis ce temps-là Dieu y a donné fa bénédiction: ce n'eft plus une Miffion commencée, c'est une Miffion établie, & où l'on trouve beaucoup de ferveur. L'églife que j'avois fait bâtir eft maintenant trop petite: elle ne peut pas même avec la cour contenir la moitié des hommes. En paffant par-là le mois dernier, j'en baptifai encore plus de trente. Ces bonnes gens me propoferent d'abandonner cette églife aux femmes pour y tenir leurs affemblées & d'en bâtir une autre beaucoup plus grande pour les hommes. Ils offrirent même d'y contribuer felon leurs forces;

mais ce qu'ils peuvent eft fort peu de chofe; comme ils font la plupart foldats, ils n'ont pour tout bien que leur paye, qui eft affez modique. J'allai voir une maison qui eft affez propre à ce deffein: elle coûtera 5 à 600 taels, qui ne font pas aifés à trouver. Nous ferons ce que nous pourrons avec le fecours de la Providence.

Ces nouveaux Fideles font remplis de piété. Comme ils font plus maîtres de leur temps que les gens de commerce, ils ne manquent pas d'aller tous les jours à l'églife, où les chefs les inftruisent. Ils récitent foir & matin la priere au for des inftrumens: ils en ont acheté pour plus de cinquante écus, & ont appris à en jouer à de jeunes chrétiens. Ils ont pareillement acheté un lieu pour leur fépulture, & les ornemens néceffaires pour enterrer les morts avec décence.. Comme je ne puis vifiter cette chrétienté qu'en paffant, il n'y a alors qu'une partie des chrétiens qui fe confeffent & qui communient. Le Pere Contancin y va de temps en temps pour fuppléer à ce que je n'ai pu faire: il doit y aller au premier jour. Quand j'étois à Geho- ell, ceux qui y venoient pour quelque affai

Mandarins, ne manquoient pas de venir me trouver pour participer aux Sacremens. Plufieurs y venoient à leurs dépens, fans y avoir d'autre affaire que celle de s'acquitter de ce devoir : c'étoit pour eux un voyage de trente lieues. Je ne fçais fi l'on trouveroit le même empreffement dans les anciens Fidèles de l'Europe. Je recommande cette Miffion aux prieres & à la charité de ceux qui ont du zele pour aggrandir le Royaume de Jefus-Chrift parmi les idolâtres, & fuis, &c.

LETTRE

Du Pere d'Entrecolles, Miffionnaire de la Compagnie de Jefus, au Pere de Broiffia, de la même Compagnie.

A Jao-tcheou, le 10 Mai 1715.

MON RÉVÉREND PERE,

La Paix de Notre Seigneur."

Il eft jufte que je vous rende compte de la Miffion de King-te-tching, puifqu'elle doit ce qu'elle eft à votre illuftre famille. Elle a été fondée, & elle eft entretenue des libéralités de M. le Marquis de Broiffia votre frere: c'eft l'ouvrage du feu Pere de Broiffia, qui l'a conduite plufieurs années avec un zele vraiment apoftolique. Sa mémoire eft toujours chere à nos Néophytes, qui ont grand fujet de le regretter, puifqu'il s'en faut bien que j'aie les qualités néceffaires pour remplacer un fi fervent Miffionnaire.

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