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jourd'hui pour nous en féliciter; nous » préparons quelques curiofités d'Eu rope, pour leur en faire des préfens, avant que de leur rendre la vifite. » On a peine à concevoir que le Ly» pou, qui nous a toujours été infini»ment oppofé, foit devenu fi favorable » dans cette occafion: on s'attendoit » bien que l'édit accordé par l'Empe

reur la trente- unieme année de fon » regne, empêcheroit ce Tribunal de » profcrire la Religion Chrétienne » mais on avoit tout lieu de craindre » que, conformément à la requête du » Cenfeur, il ne mît des clauses tout-à» fait contraires à la publication de » l'Evangile; qu'il ne défendît, par exem »ple, aux femmes de venir à l'églife, » aux Chrétiens de mettre fur la porte » de leurs maisons le faint nom de Jefus » ou l'image de la croix, d'avoir des > images de notre Seigneur & de la très» fainte Vierge dans leurs appartemens, » &c. Une réforme de cette nature eût » ruiné le Chriftianifme. La délibération » du Ly-pou fut envoyée en Chine aux » Colaos (1), qui l'approuverent & la

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» traduifirent en Tartare, pour l'en» voyer à Sa Majesté ».

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La lettre du Pere Parennin finit par ces mots confolans: «Le Tchi impérial » eft venu, il eft tel que nous le fou» haitons; Dieu en foit à jamais béni. » Ces réponses du Ly-pou & de l'Empe»reur vont être publiques dans toutes » les gazettes, & rien ne fera plus hono» rable à la Religion ».

Dans une autre lettre du 28 il me parloit ainfi: «< L'Empereur eft de retour, » & nous eûmes l'honneur de le remer»cier avant hier; il ne nous dit mot, » mais avant hier il nous envoya le » Tchao, le Tchang, & les deux Quang » (ce font quatre Mandarins) qui > nous ayant fait mettre à genoux, nous » donnerent les avis fuivans: Vous êtes

milliers dans cet Empire, qui fuivez » la loi Chrétienne, il y en a parmi » vous de fages, & d'autres qui ne le » font pas; foyez fur vos gardes pour » ne point donner prise à vos ennemis ». Nous leur répondîmes, que nous étions infiniment obligés à l'Empereur des bontés dont il nous honoroit, que Sat Majefté vouloit notre bien, & que nous ne fiffions point de faute, que nous étions réfolus de redoubler nos pré

cautions pour ne donner aucun fujet de plainte.

C'eft-là tout ce que j'ai appris de la Cour, touchant le commencement, le progrès, & la fin de l'accufation faite par le Cenfeur de l'Empire. Comme le maître des Poftes eft Chrétien, il n'a pas manqué de faire imprimer dans les gazettes la requête du Cenfeur Fan fur les digues, & les réprimandes qui lui ont été faites de la part de l'Empereur; mais il n'a rien dit de celle que ce Cenfeur a présentée contre le Chriftianifme. Il n'y a que dans la province de Cham-fi, où eft le Pere du Tartre, que les gazettes en parloient dans un grand détail. Des Officiers du Mandarin firent plus; ils répandirent des copies de cette requête ; & pour jetter la confternation parmi les fideles, ils y ajouterent de leur façon une réponse de l'Empereur, qui profcrivoit la Religion Chrétienne de fes Etats. Cet écrit fut porté au Pere du Tartre, qui m'en écrivit dans les termes fuivans.

« J'ai quelque foupçon que cette ré»ponse impériale eft fuppofée; ce n'eft » pas la premiere fois que les infideles » auroient employé un femblable arti

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» entre les mains de Dieu, & graces à fa miféricorde, je n'en fuis pas plus ému. » On ne nous accufe, dans la requête » du Cenfeur, que d'avoir prêché Jefus» Chrift, & Jefus Chrift crucifié ; que » nous avons entrepris de le faire adorer » dans fes.images, au grand mépris de » la doctrine de l'Empire: fi nous fouf» frons nous aurons le bonheur de >> fouffrir pour des articles de notre fois » J'ai fait mettre en gros caractere, » dans l'églife, l'écrit Chinois que le » Pere Adam-Schall, à ce qu'on dit, » adreffa autrefois à l'Empereur même, » pour l'inftruire du myftere de l'In» carnation & de la maternité de la » fainte Vierge; ce font les deux prin »cipaux articles de l'accufation du » Cenfeur, & nous devons confeffer » hautement que ce font auffi les deux » principaux articles de notre foi. Mes » Chrétiens font tout difpofés à fouf» frir les plus cruels tourmens pour

une pareille caufe. Quoique. l'édit » de l'Empereur, vrai ou fuppofé, me » foit venu immédiatement du Tribu»nal d'un grand Mandarin; on n'agit »point encore en conféquence, & » c'eft ce qui me le rend fufpect, à » moins que ce ne foit un de ces écrits

» avant-coureurs, lefquels précedent » l'authentique de l'Empereur, qui doit » émaner par la voie des Tribunaux de » Peking ».

Le Pere du Tartre m'écrivit le jour fuivant une feconde lettre en ces termes;

l'Auteur de ce faux édit Impérial, » fçachant que j'inftruifois les Miffion »naires de Péking de tout ce qui fe paf» foit, eft venu me découvrir fa fu» percherie, & me prier de n'en point >> parler ».

Je ne vous cite ces divers extraits de lettres, que pour vous faire connoître ce que contenoit la Requête du Cen feur. J'ajouterai quelques particularités à l'idée générale qu'en vient de donner le Pere du Tartre.

«Les Européens, dit ce Cenfeur, » débitent dans l'Empire une doctrine fauffe & dangereufe: ils enfeignent » que le Seigneur du Ciel eft né en » Judée au temps que Han-gai-ti re» gnoit à la Chine; qu'il a pris le plus » pur fang d'une fille fainte & vierge » nommée Ma-li-ya; qu'il en a formé » un corps humain, qu'il lui a donné » l'ame d'un homme, qu'il s'appelle » Jefus ; qu'ayant vécu trente-trois ans,

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