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pendent de la Capitale de l'Ifle. Ces trois gouvernemens font, Tai-vuanhien. Fong-kan-hien, & Tchu-lo-hien. Chacun a fes Officiers particuliers qui dépendent immédiatement du Gouverneur général de l'Ifle, & celui-ci, de même que toute l'Ifle, eft foumis au Viceroi de la province de Foukien dont Tai-ouan ou Formofe fait partie.

La capitale qu'on appelle Tai-ouanfou eft fort peuplée, d'un grand abord & d'un grand commerce. Elle peut fe fe comparer à la plupart des meilleurs villes & des plus peuplées de la Chine. On y trouve tout ce qu'on peut fouhaiter foit de ce que l'Ifle même fournit, comme le riz, le fucre, le fucre candi, le tabac, le fel, la viande de cerf boucannée qui eft fort eftimée des Chinois; des fruits de toute efpece; des toiles de différente forte; des laines de coton, de chanvre, de l'écorce de certains arbres & de certaines plantes qui reffemblent affez à l'ortie; quantité d'herbes médicinales, dont la plupart font inconnues en Europe: foit de ce qu'on y apporte d'ailleurs; comme toiles de la Chine & des Indes, foieries, vernis porcelaines, différens ouvrages d'Europe, &c. Il y

a

à

a peu de mûriers dans l'Ifle, & par conféquent peu de foieries du pays & peu de manufactures; mais le gain confidérable de ceux qui ont commencé y faire leur commerce, donnera peutêtre lieu à y en établir dans la fuite. S'il étoit libre aux Chinois de paffer dans l'Ile de Formofe pour y fixer leur demeure, je ne doute pas que plufieurs familles ne s'y fuffent déja tranfportées: mais pour y paffer on a befoin de paffeports des Mandarins de la Chine, & ces paffeports fe vendent bien cher, encore avec cela faut-il donner des cautions. Ce n'est pas tout lorfqu'on arrive dans l'ifle, il faut encore donner de l'argent au Mandarin qui eft trèsattentif à examiner ceux qui entrent ou qui fortent. Si on n'offre rien ou peu de chofe, l'on doit s'attendre à être renvoyé, nonobftant le meilleur paffeport. Cet excès de précaution vient fans doute de l'avidité naturelle qu'ont les Chinois d'amaffer de l'argent. Néanmoins il faut avouer qu'il eft d'une bonne politique d'empêcher toutes fortes de perfonnes de paffer à Formofe, fur tout les Tartares étant maîtres de la Chine. Formofe eft un lieu très-important, & fi un Chinois s'en emparoit,

il pourroit exciter de grands troubles dans l'Empire. Auffi les Tartares y tiennent-ils une garnifon de dix milles hommes commandés par un Tfong-ping ou Lieutenant général, par deux Fou-tfiang ou Maréchaux de camp, & par plufieurs officiers fubalternes, qu'on a foin de changer tous les 3 ans, & même plus fouvent fi quelque raifon y oblige. Pendant que nous y étions on changea une brigade de 400 hommes, dont le principal officier fut caffé, pour avoir infulté un Mandarin de lettres qu'ils prétendoient ne leur pas faire juftice fur la mort du frere d'un de leurs camarades, qui avoit été tué peu de jours

auparavant,

Les rues de la capitale font prefque toutes tirées au cordeau, & toutes couvertes pendant fept à huit mois de l'année, pour fe défendre des ardeurs du foleil: elles, ne font larges que de 30 à 40 pieds, mais longues de près d'une lieue en certains endroits. Elles font prefque toutes bordées de maifons marchandes & de boutiques ornées de foieries de porcelaines de vernis, & d'autres marchandifes admirablement bien rangées, en quoi les Chinois excellent. Ces rues paroiffent des galleries charmantes, & il y au

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roit plaifir de fe promener, fi la foule des paffans étoit moins grande, & fi les rues étoient mieux pavées. Les maifons font couvertes de paille, & ne font bâties la plupart que de terre & de bambou. Les tentes dont les rues font couvertes ne laiffant voir que les boutiques, en ôtent le défagrément. La feule maifon que les Hollandois y ont élevée lorfqu'ils en étoient les maîtres, eft de quelque prix. C'eft un grand corps logis à trois étages, défendu par un rampart de quatre demi-baftions: précaution néceffaire pour les Européens dans ces pays éloignés, où l'on trouve rarement de l'équité & de la bonne foi, & où la fraude & l'injustice tiennent fouvent lieu de mérite. Cette maifon a vue fur le port, & pourroit dans le befoin difputer un débarquement.

mettent

Tai-ouan-fou n'a ni fortifications ni murailles les Tartares ne point leurs forces & ne renferment pas leur courage dans l'enceinte d'un rempart ils aiment à fe battre à cheval en rafe campagne. Le port eft affez bon à l'abri de tout vent, mais l'entrée en devient tous les jours plus difficile. Autrefois on pouvoit y entrer par deux endroits, l'un appellé Ta-kiang où les plus

gros vaiffeaux flottoient fans peine, & l'autre appellé Loulh-men, dont le fond eft de roche & n'a que 9 à 10 pieds dans les plus hautes marées, Le premier paffage eft aujourd'hui impraticable: il y a de certains endroits où l'on ne trouve pas cinq pieds d'eau; le plus qu'il y en ait va jufqu'à 7 à 8 pieds, & il fe comble tous les jours par les fables que la mer y charrie. C'est par ce Ta-kiang que les vaiffeaux Hollandois entroient autrefois dans le port; & pour en défendre l'entrée aux vaiffeaux étrangers, ils avoient fait à la pointe de l'ifle qui eft aufud de Ta-kiang, une citadelle qui feroit excellente fi elle n'étoit pas bâtie fur le fable; mais qui étoit très-propre à fe défendre des ennemis qu'ils avoient le plus à craindre; fçavoir, des Chinois & des Japonois. Je joints ici le plan que j'en ai tiré. Elle eft à 2 minutes à l'ouest de Tai-quan-fou, & domine tout le port où les vaiffeaux au-deffus de 200 tonneaux peuvent entrer.

La partie de Formofe qui eft foumife aux Chinois, eft compofée de deux pations différentes : des Chinois, & des naturels du pays. Les premiers attirés par l'avidité du gain y font venus des diverfes provinces de la Chine

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