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Tai- ouan-fou, Fong- kan hien Tchu-lo-hien ne font habités que par des Chinois il n'y a des naturels du pays que ceux qui leur fervent de domeftiques, ou pour mieux dire, d'esclaves. Outre ces trois villes, les Chinois ont encore plufieurs villages, mais ils n'ont aucun fort confidérable, à la réserve de Ngan-ping-tching. Ce fort eft au pied du chateau de Zelande, car c'eft le nom que les Hollandois donnerent à la citadelle dont j'ai parlé ci-deffus. Il y a bien à Ngan-ping-tching environ quatre à cinq cens familles. On y voit une garnifon de deux mille hommes commandés par un Fou-tfiang, ou Marechal de camp.

Le gouvernement & les moeurs des Chinois à Formose, ne différent en rien des mœurs & du gouvernement de la Chine. Ainfi je ne m'arrêterai qu'à vous faire connoître quel eft le génie & l'efpece de gouvernement des naturels de 'Ifle.

Les peuples de Formofe qui fe font foumis aux Chinois, font partagés en 45 bourgades ou habitations qu'on appelle Ché 36 dans la partie du nord, & 9 dans celle du fud. Les bourgades du nord font affez peuplées, & les mai

fons à peu de chofe, près, font comme celles des Chinois. Celles du midi ne font qu'un amas de cabanes de terre & de bambou couvertes de paille, élevées fur une efpece d'eftrade haute de 3 à 4 pieds, bâties en forme d'un entonnoir renversé de 15, 20, 30, jufqu'à 40 pieds de diametre: quelques-unes font divifées par cloifons. Ils n'ont dans ces huttes ni chaife, ni banc, ni table, ni lit, ni aucun meuble. Au milieu eft une efpece de cheminée ou de fourneau élevé de terre de deux pieds & davantage, fur lequel ils font leur cuisine. Ils fe nourriffent d'ordinaire de riz, de menus grains, & de gibier. Ils prennent le gibier à la courfe ou avec leurs armes. Ils courent d'une viteffe furprenante: J'ai été furpris moi-même de les voir courir plus vite que ne font les chevaux, lorfqu'ils courent à bride abbatue. Cette vîteffe à la course vient difent les Chinois, de ce que jusqu'à l'âge de 14 à 15 ans ils fe ferrent extrêmement les genoux & les reins. Ils ont pour armes une efpece de javelot qu'ils lancent à la diftance de 70 à 80 pas avec la derniere jufteffe : & quoique rien ne foit plus fimple que leur arc & leurs fleches, ils ne laiffent pas de tuer un faifan en volant, auffi fûrement

qu'on le fait en Europe avec le fufil. Ils font très-mal-propres dans leurs repas ils n'ont ni plats, ni affiettes, ni écuelles, ni cuilliers, ni fourchettes, ni batonnets. Ce qu'ils ont préparé pour leur repas fe met fimplement fur un ais debois ou fur une natte; & ils fe fervent de leurs doigts pour manger, à peu près comme les finges. Ils mangent la chair demi-crue, & pour peu qu'elles foit préfentée au feu elle leur paroît excellente. Pour lit, ils fe contentent de cueillir les feuilles fraîches d'un certain arbre dont je ne fçai pas le nom, & qui est fort commun dans le pays; ils les étendent fur la terre ou fur le plancher de leurs cabanes, & c'est-là qu'ils prennent leur fommeil. Ils n'ont pour tout habit qu'une fimple toile, dont ils fe couvrent depuis la ceinture jufqu'aux genoux & croiriez-vous que l'orgueil fi enraciné dans le cœur de l'homme, trouve le moyen de fe nourrir & de s'entretenir avec une pareille pauvreté ? Croiriezvous même qu'il leur en coûte davantage qu'aux peuples les plus polis, & qui fe piquent le plus de luxe & de magnificence? Ceux-ci empruntent le poil des animaux & la foie des vers qu'ils brodent d'or ou d'argent: ceux-là fe fer

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