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de fuif. Leur fynagogue a quelque rap port à nos églifes d'Europe; elle eft partagée en trois nefs, celle du milieu eft occupée par la table des parfums, la chaire de Moife, & le Van-fai-pai ou le tableau de l'Empereur, avec les tabernacles dont j'ai parlé, où ils gardent les. treize exemplaires du Chin-kim ou du Pentateuque de Moïfe. Ces tabernacles font faits en maniere d'arche, & cettenef du milieu eft comme le choeur de la fynagogue; les deux autres font deftinées: à prier & à adorer Dieu. On va tout autour de la fynagogue par le dedans.

Comme il y a eu autrefois, & qu'ik y a encore aujourd'hui parmi eux des bacheliers & des Kien-fens, qui eft un degré différent de celui de bachelier, je pris la liberté de leur demander s'ils honoroient Confucius : ils me répondirent tous, & même leur chef, qu'ils l'honoroient de la même maniere que les autres lettrés gentils de la Chine l'honorent, & qu'ils affiftoient avec eux aux cérémonies folemnelles qui fe font dans les falles de leurs grands hommes. Ils m'ajouterent qu'au printemps & à l'automne ils rendoient à leurs ancêtres les honneurs qu'on a coutume de leur rendre à la Chine, dans la falle qui eft auprès de la

fynagogue; qu'à la vérité ils ne leur prélentoient pas des viandes de cochon, mais d'autres animaux; que dans les cérémonies ordinaires ils fe contentoient de préfenter des porcelaines pleines de mets & de confitures, ce qu'ils accompagnoient de parfums & de profondes révérences ou profternemens. Je leur demandai encore, fi dans leurs maisons ou dans la falle de leurs morts ils avoient des tablettes en l'honneur de leurs ancêtres. Ils me répondirent qu'ils ne fe fervoient ni de tablettes, ni d'images, mais feulement de quelques caffolettes. Il faut cependant en excepter leurs Mandarins, pour lefquels feuls on met dans le Tfutam ou la falle des ancêtres, une tablette où leur nom & le degré de leur mandarinat font marqués.

Pour ce qui regarde les noms dont ils fe fervent pour exprimer la cause premiere, je vous en ai déja parlé, & vous le verrez encore plus diftinctement dans leurs infcriptions que fai fait copier, & que je vous envoyé. J'efpere que vous en tirerez de bonnes lumieres. A l'égard de leur Bible, je l'emprunterai; car je les vois affez difpofés à me la prêter, & je la ferai aussi

chofe, je vous prie, mon Révérend Pere, de me le faire fçavoir. Je me recommande à vos faints Sacrifices, & aux prieres de tous nos Peres, & je fuis trèsrefpectueufement, &c.

P. S. Je vous prie de remarquer, mon Révérend Pere, que ces Juifs dans leurs infcriptions, appellent leur Loi la Loi d'Ifraël, Yfelals-kiao. Ils me dirent que leurs ancêtres venoient d'un Royaume d'occident, nommé le Royaume de Juda, que Jofué conquit après être forti de l'Egypte, & avoir paffé la mer rouge & le défert; que le nombre des Juifs qui fortirent d'Egypte étoit de foixante Vans; c'est-à-dire, de fix cens mille hommes.

Ils me parlerent des Livres des Juges, de David, de Salomon, d'Ezéchiel, qui ranima les offemens fecs & arides; de Jonas, qui fut trois jours dans le ventre. de la baleine, &c. d'où l'on peut voir qu'outre le Pentateuque de Moïfe, ils ont plufieurs autres Livres de l'Ecriture fainte.

Ils m'affurerent que leur alphabet avoit vingt-fept lettres; mais que dans l'ufage ordinaire, ils ne fe fervoient que de vingt-deux. Ce qui s'accorde avec ce que

dit S. Jérôme, que les Hébreux ont vingtdeux lettres, dont cinq font doubles. Je leur demandai comment ils appelloient leur Loi en Chinois; ils me répondirent qu'ils l'appelloient Tiao-kin-kiao, pour fignifier qu'ils s'abftiennent de fang, & qu'ils coupent les nerfs & les veines des animaux qu'ils tuent, afin que tout le fang s'écoule plus aifément.

Les Gentils leur donnerent d'abord ce nom, qu'ils reçurent volontiers, pour fe diftinguer des Mahométans, qu'ils appellent Tee-mo-kiao. Ils nomment leur Loi Kou-kiao, l'ancienne Loi; Tien-kiao, la Loi de Dieu, ou la Loi d'Ifraël. Ils n'allument point de feu, & ne font rien cuire le famedi; mais ils préparent dès le vendredi tout ce qui leur eft néceffaire pour ce jour-là. Lorfqu'ils lifent la Bible dans leurs Synagogues, ils fe couvrent le vifage avec un voile tranfparent, en mémoire de Moïfe, qui defcendit de la montagne le vifage couvert, & qui publia ainfi le Décalogue & la Loi de Dieu à fon peuple.

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J'ai oublié de dire qu'outre la Bible ces Juifs Chinois ont encore d'autres Livres Hébreux faits par les anciens Rabbins; que ces Livres, qu'ils appel

font pleins d'extravagances, contiennent leurs Rituels, & les cérémonies dont ils fe fervent encore aujourd'hui. Ils me parlerent du Paradis & de l'Enfer d'une maniere peu fenfée. Il y a bien de l'apparence qu'ils ont tiré du Talmud ce qu'ils en difent.

Je leur parlai du Meffie, promis dans les Ecritures. Ils furent fort furpris de ce que je leur en dis ; & fur ce que

leur appris qu'il s'appelloit Jefus, ils me répondirent qu'on faifoit mention en leur Bible d'un faint homme nommé Jefus, qui étoit fils de Sirach; mais qu'ils ne connoiffoient point le Jefus dont je voulois leur parler.

Voilà, mon Révérend Pere, ce que j'ai appris de ces Juifs Chinois. Ce qu'il y a de certain, & fur quoi vous pouvez compter; c'eft, 1°. que ces Juifs adorent le Créateur du ciel & de la terre, & qu'ils l'appellent Tien, Cham-ti, Cham-tien, &c. comme il paroît évidemment par leurs anciens Pai-fam & Pai-piens, ou infcriptions.

2°. Qu'il eft conftant que leurs Lettrés rendent à Confucius les honneurs que les autres Chinois Gentils ont coutume de lui rendre dans la falle de ce Philosophe,' comme j'ai déja dit,

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