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le foulagea, mais ne le guérit pas. Les Médecins jugerent que l'air de Tartarie lui feroit meilleur que celui de la Chine: dernier remede qu'ils confeillent aux malades de langueur, dont quelques-uns fe trouvent bien. Le pere Dolzé changea d'air, & ne s'en trouva pas mieux. Il fit paroître une patience héroïque durant le cours de fa maladie, & ne garda jamais le lit, toujours s'occupant de la priere ou s'employant aux exercices de la charité. Et c'eft ainfi qu'il a confommé une vie pleine de vertus & de bon

nes œuvres.

LETTRE

DU PERE BOUVET.

En l'année 1706.

DIEU continue de répandre ses béné

dictions fur la nouvelle confrairie de la charité; que nous avons érigée à Peking, fous le titre du faint Sacrement. Je ne doute point que vous n'approuviez le plan de cette inftitution, dont la fin principale eft d'étendre de plus en plus le Royaume de Jefus-Chrift dans ces

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Le Pape nous ayant accordé tous les pouvoirs néceffaires avec des Indulgen ces confidérables pour les vivans & pour les morts, en faveur de tous les confreres, nous ouvrîmes notre premiere affemblée par une meffe folemnelle, à la fin de laquelle le Pere Gerbillon fit un difcours fort touchant.

Pour faire eftimer davantage le bonheur de ceux qui font aggrégés dans cette confrairie, on a jugé, qu'il n'étoit pas à propos d'y admettre indifféremment tous ceux qui fe préfenteroient. Ainfi nous avons fait entendre aux Chinois, que cette grace ne feroit accordée qu'à ceux, qui joindroient à une vie exemplaire, un zèle ardent pour le falut des ames, & qui auroient affez de loifir pour vacquer aux diverfes actions de charité qui y font recommandées.

On s'eft donc contenté d'abord d'y recevoir feulement vingt-fix des Chrétiens les plus fervens vingt-fix autres leur ont été affociés, pour les aider dans leurs fonctions, & pour fe difpofer à être reçus dans le corps de la confrairie, quand ils auront donné des preuves de leur piété & de leur zele.

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Afin de n'omettre aucune des actions de charité, qui font ici les plus nécef

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faires, & pour fe conformer en mêmetemps aux pieufes intentions du Souverain Pontife, on a cru devoir partager cette confrairie en quatre claffes différentes, felon les quatre fortes de perfonnes qui ont le plus de befoin de secours; & on a choifi un Patron pour chaque claffe. ·

La premiere, eft de ceux qui doivent s'employer auprès des fideles adultes. Leur Patron eft faint Ignace. Ils font chargés d'inftruire les Néophytes, foit par eux-mêmes, foit par le moyen des Catéchiftes; de ramener dans la voie du falut, ceux qui s'en feroient écartés, ou par lâcheté, ou par quelque déréglement de vie; enfin de veiller fur les Chrétiens à qui Dieu donne des enfans, pour s'affurer qu'ils ne manquent point à leur procurer de bonne heure la grace du baptême.

Dans la feconde, font ceux qui doivent veiller à l'inftruction des enfans adultes des Chrétiens, & les conduire tous les dimanches à l'Eglife pour y être inftruits des devoirs du Chriftianisme. Et comme on expofe tous les jours un nombre incroyable d'enfans dans cette grande ville, qu'on laiffe mourir impitoyablement dans les rues,

nos Freres Bernard Rhodes, & Pierre Frapperie, qui, par le moyen des mêmes remedes qu'ils diftribuent, ont eu occafion de baptifer deux enfans moribonds de la famille Impériale. L'un étoit petitfils de l'Empereur par fon troifięme fils, & l'autre fa petite fille par un petit Roi Tartare. L'un & l'autre font maintenant au Ciel.

Nous avons perdu vers les frontieres de Tartarie le Pere Charles Dolzé, homme d'efprit, d'un excellent naturel, & d'une piété rare. Pour fe faire à la fatigue des Miffions auxquelles il fe fentoit destiné, il en avoit entrepris plufieurs en différentes villes de France, où il avoit fait beaucoup de fruit. Dès qu'il mit le pied dans la Chine, fa santé s'affoiblit peu à peu, & le travail de Miffionnaire joint à l'étude de la langue & des caracteres du pays, où il s'étoit rendu très-habile malgré les difficultés qu'y trouvent les étrangers, lui caufa une hydropifie, dont il avoit déja eu quelques attaques dans fa jeuneffe. Son mal fe déclara à Peking. On lui donna de nos remedes d'Europe: l'Empereur même qui le confidéroit, lui en envoya de fon palais, & ordonna à fes médecins de le vifiter. Tout cela

le foulagea, mais ne le guérit pas. Les Médecins jugerent que l'air de Tartarie lui feroit meilleur que celui de la Chine: dernier remede qu'ils confeillent aux malades de langueur, dont quelques-uns fe trouvent bien. Le pere Dolzé changea d'air, & ne s'en trouva pas mieux. Il fit paroître une patience héroïque durant le cours de fa maladie, & ne garda jamais le lit, toujours s'occupant de la priere ou s'employant aux exercices de la charité. Et c'eft ainfi qu'il a confommé une vie pleine de vertus & de bon

nes œuvres.

LETTRE

DU PERE BOUVET.

En l'année 1706.

DIEU continue de répandre ses béné

dictions fur la nouvelle confrairie de la charité; que nous avons érigée à Peking, fous le titre du faint Sacrement. Je ne doute point que vous n'approuviez le plan de cette inftitution, dont la fin principale eft d'étendre de plus en plus le Royaume de Jefus-Chrift dans ces

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