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ODE XVI.

A GROSPHUS.

C'est le repos que demandent aux dieux Les nautonniers, jouet de l'élément perfide, Quand, voilant de Phœbé le disque lumineux, Des nuages épais ne laissent à leurs yeux

Briller nulle étoile pour guide;

Dans les combats ardent et furieux,

C'est le repos que le Thrace désire, Et, paré du carquois dont il est orgueilleux, C'est encor le repos auquel le Mède aspire. Le repos! cher Grosphus, ce précieux trésor Que ne peuvent payer ni la pourpre ni l'or. La richesse en effet, les faisceaux consulaires, Des cœurs tumultueux, des esprits inquiets, Ont-ils jamais calmé les secrètes misères, Et chassé les peines amères

Qui volent autour des palais?

Heureux qui vit à peu de frais,

Dont la table frugale offre aux yeux satisfaits

Quid brevi fortes jaculamur ævo
Multa? quid terras alio calentes

Sole mutamus? patriæ quis exsul
Se quoque fugit?

Scandit æratas vitiosa naves

Cura, nec turmas equitum relinquit,

Ocior cervis, et agente nimbos
Ocior Euro.

Lætus in præsens animus, quod ultra est,

Oderit curare, et amara lento

Temperet risu: nihil est ab omni

Parte beatum.

Abstulit clarum cita mors Achillem;
Longa Tithonum minuit senectus;
Et mihi forsan, tibi quod negarit,
Porriget hora.

Te greges centum Siculæque circum
Mugiunt vaccæ; tibi tollit hinnitum
Apta quadrigis equa; te bis Afro

Murice tinctæ

Les simples meubles de ses pères !

Le sordide intérêt, la crainte, les chimères,

Rien ne trouble la paix de ses heureux sommeils; Pourquoi donc tant de soins pour des jours éphémères, Et pourquoi chercher d'autres terres

Que réchauffent d'autres soleils?

En fuyant son pays, peut-on se fuir soi-même ?
Le noir chagrin monte sur la trirème ;

Plus léger que les cerfs, plus prompt que l'Eurus même,
Qui chasse devant lui les nuages flottants,

Il nous suit au milieu des escadrons mouvants.
Heureux dans le présent, bornons là notre envie,
Sans nul souci de l'avenir,

Et qu'un peu de gaîté vienne au moins adoucir
Les amertumes de la vie.

Nul bonheur n'est parfait. La mort a promptement
D'Achille interrompu la carrière brillante,

Tandis que Tithon vit, traînant

Une vieillesse obscure et lente.

Ce qu'à tes vœux le temps refusera,
Le temps peut-être aux miens l'accordera.

C'est pour toi, cher Grosphus, qu'aux champs de la Sicile

Mugissent des troupeaux nombreux;

C'est pour toi

que hennit la cavale docile,

Digne du cirque et de ses nobles jeux ; C'est encore pour toi que la pourpre africaine

Vestiunt lanæ mihi parva rura, et

:

Spiritum Graiæ tenuem Camoenæ

Parca non mendax dedit, et malignum

Spernere vulgus.

A de tes vêtements deux fois rougi la laine : Pour moi, je n'ai reçu des faveurs du destin

Qu'un peu de terre, un peu du feu divin Que la muse des Grecs déroba la première, Et du mépris pour l'injuste vulgaire.

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