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<«<llion! Ilion! une femme étrangère,
Un juge criminel et né pour son malheur,

L'ont, tous deux, réduit en poussière !
Du jour fatal où, perfide et trompeur,
Laomédon frustra les dieux de leur salaire,
Au courroux de Minerve, à ma juste fureur,
Pergame appartint tout entière,

Pergame, avec son peuple et son roi sans honneur.
De la Spartiate adultère,

Déjà l'infâme ravisseur

N'étale plus son luxe et sa parure;

Contre les Grecs et leur bouillante ardeur,

De Priam la race parjure

N'a plus d'Hector pour défenseur,

Et la guerre n'est plus, cette guerre funeste
Qu'entretint si longtemps la discorde céleste.
C'en est assez à Mars je veux sacrifier

Mes ressentiments et ma haine;

Je lui rends ce fils, ce guerrier

Que m'avait fait haïr une mère troyenne.
Que l'Olympe brillant s'ouvre donc devant lui,
Qu'il vienne y chercher l'ambroisie,

Et dans le sein des dieux prendre place aujourd'hui.
Je le permets; pourvu qu'entre Rome et l'Asie

S'étende et gronde une mer en furie.

Dum longus inter sæviat Ilion

Romamque pontus, qualibet exsules
In parte regnanto beati :

Dum Priami Paridisque busto

Insultet armentum, et catulos feræ

Celent inultæ, stet Capitolium

Fulgens, triumphatisque possit

Roma ferox dare jura Medis;

Horrenda late nomen in ultimas

Extendat oras, qua medius liquor

Secernit Europen ab Afro,

Qua tumidus rigat arva Nilus;

Aurum irrepertum, et sic melius situm

Quum terra celat, spernere fortior

Quam cogere humanos in usus,

Omne sacrum rapiente dextra.

Quicumque mundo terminus obstitit,

Hunc tangat armis, visere gestiens

Qua parte debacchentur ignes,

Qua nebulæ pluviique rores.

Que par le sort les Troyens exilés

Règnent heureux dans une autre patrie,

Pourvu que sous les pas des troupeaux de Phrygie, De Priam, de Pâris les tombeaux soient foulés,

Et que des bois l'hôte sauvage

Y cache impunément ses petits sous l'ombrage.
Je consens qu'à ce prix le Capitole altier

Reste debout; que son peuple guerrier

Dicte aux Mèdes vaincus les lois de la victoire;
Que de son nom la terreur et la gloire
S'étende aux rivages lointains,

Des colonnes d'Hercule à ces champs africains,

Où le Nil promène son onde,

Sur le sol altéré qu'il arrose et féconde;
Qu'il sache mépriser cet or

Que la terre en ses flancs recèle,

Et qu'auraient dû les dieux y mieux cacher encor,
Plutôt que, de sa main profane et criminelle,
L'asservir aux besoins de la race mortelle;

Que, si l'on méconnaît ses droits,

Fût-ce aux bornes du monde, il y porte la guerre,
Glorieux de vaincre à la fois

Aux bords où le soleil darde à plomb sa lumière,

Comme aux lieux que l'hiver engourdit sous ses lois.

Mais cette noble destinée

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Non hæc jocosa conveniunt lyræ : Quo, Musa, tendis? desine pervicax

Referre sermones deorum, et

Magna modis tenuare parvis.

Que ma bonté promet aux descendants d'Enée,

J'y mets un prix que jamais trop pieux,
Trop fiers de leurs succès, leur inutile zèle
Ne cherche à relever les murs de leurs aïeux;

Renaissant sous le poids d'un présage odieux,
Ilion reverrait sa fortune nouvelle

Céder encore aux bras victorieux

Que je dirigerais contre elle,

Moi, l'épouse et la sœur du souverain des dieux. Quand Apollon trois fois ceindrait Pergame D'un mur d'airain, trois fois mon peuple l'abattrait, Trois fois captive, chaque femme

Sur son époux, sur ses fils pleurerait.

Mais où vas-tu, muse frivole?

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Un luth badin sied mal à des sujets si grands;

Cesse aux discours des dieux de mêler tes accents, Et n'abaisse pas dans tes chants

La majesté de leur parole.

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