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Dieu de mon âme, de mon esprit et de mon corps, je t'adore en suppliant, ô mon Dieu et Seigneur; si mes jours sont déjà consommés et si le temps arrive où je dois sortir de ce monde, envoie, je te le demande, le grand Michel, le prince de tes anges. Et qu'il demeure avec moi afin que mon âme misérable sorte de ce corps débile sans souffrance, sans crainte et sans impatience, car un grand épouvantement et une violente tristesse s'emparent de tous les corps au jour de leur mort, qu'ils soient mâles ou femelles, bêtes des champs ou des bois, qu'ils rampent sur la terre ou qu'ils volent dans l'air. Toutes les créatures qui sont sous le ciel et dans lesquelles est l'esprit de vie, sont frappées d'horreur, d'une grande crainte et d'une répugnance extrême, lorsque leurs âmes sortent de leurs corps. Maintenant, ô mon Dieu et Seigneur, que ton saint ange prête son assistance à mon âme et à mon corps, jusqu'à ce que leur séparation se soit opérée. Et que la face de l'ange, désigné pour me garder depuis le jour où j'ai été formé, ne se détourne pas de moi. Mais qu'il soit mon compagnon jusqu'à ce qu'il m'ait conduit à toi. Que son visage soit pour moi plein d'allégresse et de bienveillance et qu'il m'accompagne en paix. Ne permets pas que les démons dont l'esprit est formidable, s'approchent de moi sur le chemin par lequel je dois aller jusqu'à ce que je parvienne heureusement à toi. Et ne permets pas que les gardiens du Paradis m'en interdisent l'entrée. Et dévoilant mes fautes, ne m'expose pas à l'opprobre, en face de ton tribunal redoutable. Que les lions ne se précipitent pas sur moi. Et que les flots de la mer de feu que

toute âme doit traverser ne submergent pas mon âme avant que je n'aie contemplé la gloire de ta divinité. O Dieu, juge très-équitable qui jugera les mortels dans la justice et qui traitera chacun selon ses œuvres, assiste-moi dans ta miséricorde et éclaire ma voie pour que je parvienne à toi. Car tu es la source abondante en tous biens et la gloire pour l'éternité. Ainsi soit-il !

CHAPITRE XIV.

Il arriva ensuite lorsquc Joseph revint chez lui, dans la ville de Nazareth que, saisi par la maladie, il fut retenu au lit. Et le temps était venu où il devait mourir, ainsi que c'est le destin de tous les hommes. Et il éprouvait une vive souffrance de cette maladie, et c'était la première dont il eût été atteint depuis le jour de sa naissance. Et c'est ainsi qu'il avait plu au Christ d'ordonner les choses relatives à Joseph. Il vécut quarante ans avant de contracter mariage. Sa femme passa avec lui quarante-neuf ans, et quand ils furent écoulés, elle mourut. Un an après sa mort, les prêtres confièrent à Joseph, ma mère, la bienheureuse Marie, afin qu'il la gardât jusqu'au temps des noces. Elle resta deux ans dans sa maison et la troisième année de son séjour chez Joseph, étant âgée de quinze ans, elle m'enfanta sur la terre par un mystère qu'aucune créature ne peut pénétrer ni comprendre, si ce n'est moi, mon père et l'Esprit-Saint, constituant avec moi une unique essence.

CHAPITRE XV.

L'âge de mon père, ce vieillard juste, arriva ainsi à

cent onze ans, mon père céleste l'ayant voulu. Et le jour auquel son âme se sépara de son corps, était le vingt-sixième jour du mois d'Abib. Il commença à perdre un or d'une splendeur éclatante, c'est-àdire, son intelligence à la science. Il prit du dégoût pour les aliments et la boisson, et il perdit toute son habileté dans l'art de charpentier. Et il arriva le vingtsixième jour du mois d'Abib que l'âme du vieillard Joseph le Juste fut inquiète pendant qu'il était en son lit. Car il ouvrit sa bouche, poussant des soupirs et il frappa ses mains l'une contre l'autre. Et il cria d'une voix élevée, parlant de cette manière :

CHAPITRE XVI.

Malheureux le jour auquel je suis né dans ce monde! Malheureux le ventre qui m'a porté ! Malheureuses les entrailles qui m'ont reçu! Malheureuses les mamelles qui m'ont allaité! Malheureux les pieds sur lesquels je me suis soutenu! Malheureuses les mains qui m'ont porté et m'ont élevé jusqu'à ce que j'eusse grandi; car j'ai été conçu dans l'iniquité et ma mère m'a engendré dans le péché. Malheur à ma langue et à mes lèvres car elles ont parlé et elles ont proféré des paroles de vanité, de reproche, de mensonge, d'ignorance, de dérision, d'instabilité et d'hypocrisie ! Malheur à mes yeux, car ils ont contemplé le scandale! Malheur à mes oreilles, car elles se délectaient aux discours des calomniateurs! Malheur à mes mains, car elles ont pris ce qui n'était point leur propriété! Malheur à mon ventre et à mes intestins, car ils ont voulu une nourri

ture dont l'usage leur était interdit! Malheur à mon gosier qui, semblable à du feu, consumait tout ce qu'il trouvait! Malheur à mes pieds qui ont souvent cheminé dans des voies déplaisantes à Dieu! Malheur à mon corps et malheur à mon âme rebelle à Dieu, son créateur! Que ferai-je lorsque j'arriverai à l'endroit où je dois paraître devant le juge de toute équité et lorsqu'il me reprochera les œuvres que j'ai accumulées dans ma jeunesse? Malheur à tout homme qui meurt dans ses péchés! Cette heure terrible qui a déjà frappé mon père Jacques, lorsque son âme s'envola de son corps, la voici! elle est proche. Oh! qu'aujourd'hui je suis misérable et digne de compassion. Mais Dieu seul est le directeur de mon âme et de mon corps; qu'il en agisse avec eux selon son bon vouloir.

CHAPITRE XVII.

Ce furent les paroles que prononça Joseph, ce juste vieillard. Et moi, entrant et m'approchant de lui, je trouvai son âme véhémentement troublée, car il était livré à une grande angoisse. Et je lui dis : « Salut, Joseph, mon père, homme juste; comment est tą santé ? » Et il me répondit : « Je te salue maiutes fois, ô mon fils chéri! La douleur et la crainte de la mort m'ont déjà entouré; mais, aussitôt que j'ai entendu ta voix, mon âme a connu le repos. O Jésus de Nazareth, Jésus mon consolateur, Jésus le libérateur de mon âme, Jésus mon protecteur! Jésus, ô nom très-doux dans ma bouche et pour ceux qui l'aiment! QEil qui vois et oreille qui entends, exauce

moi. Moi, ton serviteur, je te vénère aujourd'hui en toute humilité, et je répands mes larmes devant toi. Tu es mon Dieu, tu es mon Seigneur, ainsi que l'ange me l'a annoncé bien souvent, et surtout en ce jour que mon âme flottait agitée en de mauvaises pensées, à cause de la pure et bénie Marie qui avait conçu, et que je songeais à renvoyer en secret. Et tandis que je méditais ce projet, voici que, par un mystère admirable, les anges du Seigneur m'apparurent pendant mon sommeil, me disant: 0 Joseph, fils de David, ne crains point de prendre Marie pour ta fiancée, et ne t'afflige pas de ce qu'elle a conçu, et ne profère pas à cet égard des paroles répréhensibles, car elle est enceinte par l'opération de l'Esprit Saint, et elle engendrera un fils qui portera le nom de Jésus, et c'est lui qui rachètera les péchés de son peuple. Ne me reprends donc pas de ma faute, Seigneur, car j'ignorais les mystères de ta nativité. Je me souviens, Seigneur, du jour lorsqu'un enfant périt de la morsure d'un serpent. Ses parents voulaient te livrer à Hérode, disant que tu l'avais fait mourir. Mais tu le ressuscitas d'entre les morts, et tu le leur rendis. Alors, m'approchant de toi, et te prenant la main, je te dis: « Mon fils, prends garde à toi. » Mais tu me répondis : « N'es-tu pas mon père selon la chair? je t'enseignerai qui je suis. » Et maintenant, ô mon Seigneur et mon Dieu, ne t'irrite pas contre moi, et ne me condamne pas à cause de cette heure. Je suis ton esclave et le fils de ta servante. Toi, tu es mon Seigneur, mon Dieu et mon Sauveur, et très-certainement le fils de Dieu.

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