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Je fçays bien qu'il y en a qui ne feroient pas de mon fentiment. Combien de fois la mesme estoile a t-elle produit des Jumeaux, qui n'ont pas neanmoins les mefmes inclinations? L'un ne penfera pas à celebrer la Fefte de fa Naiffance. Il reftera feul dans fa maifon, où il ne mangera qu'un peu de legumes, qu'il trem pera dans une mauvaise fauce, qu'il a achetée toute faite; & ce fera beaucoup pour luy, s'il l'affaifonne d'un peu de poivre, qu'il ménage comme une chose fort rare.

L'autre mangera en peu de temps tout fon bien, & en faira grand chere.

Pour moy, je me serviray de mes richesses. Je ne les épargneray point. Ce n'eft pas que je veille faire fervir à mes affranchis les turbots, & les poiffons les plus rares. Je n'affe&terois pas mefme d'avoir le goût fin & délicat, & de bien difcerner les differentes fortes de grives. Chacun doit vivre, felon le bien dont il joüit, puifque vous avés un revenu certain, & que la moiffon remplit tous les ans vos greniers, vivés. en à voftre ayfe. Que craignés -vous? Pendant que vous dépensés celle-là, il vous en croift une autre fur la

terre.

Vous me répondés peut eftre, qu'il en faut conferver, pour s'acquitter des devoirs, qui font quelquefois indifpenfables. Un ami fait un naufrage. Son vaiffeau trouve un éceuil &

fe brife. Il perd tout fon bien dans la mer. A peine peut il échaper luy mefme. Il eft expofé fur le rivage, avec le trifte débris de fon navire. Les Dieux peints fur la poupe font étendus le long de la Cofte, & les plongeons les autres oyleaux de mer volent autour de ce débris, & les vagues le diffipent tantoft d'un cofté, tantoft d'un autre.

Il eft vray, que cer Ami eft dans un eftat digne de pitié. Mais fçavés vous que pour le fecourir, pour l'empefcher d'eftre réduit à la trifte neceffité de porter par tout le tableau de fon naufrage, il ne faut pas mefme épargner fon fond.

Mais que diroient mes heritiers, fi je le diminuois. Ils auroient droit de negliger mes funerailles. Ils enfermeroient mes cendres dans une urne, fans fe mettre en peine, fi les parfums, dont on les enbaumeroit ne fe roient point falfifiés par quelque mêlange. Quoy, diroient-ils, Pourquoy diminués vous voftre fond? A quoy penfés vous de ne conferver pas du moins voftre patrimoine? Beftius accufe les Philofophes d'eftre causes de ces liberalités. Il eft venu, dit il, avec le poivre & les palmes, je ne fçay quelle Philofophie nouvelle dans Rome, qui met le defordre par tout. Les plus pauvres ouvriers de la campagne veulent vivre délicatement: Ils ne font plus contents de l'huile, que l'on avoit

Negliget, iratus quod rem curtaverisjurna

Offa inodora dabit, seu spirent cinnama surdum, Seu cerofa peccent cafia, nefcire paratus.

Tune bona incolumis minuas & Sed Beftius urget

Doctores Grajos. Ita fit poftquam fapere urbi

Cum pipere & palmis venit nostrum hoc maris

expers

Fanifeca craffo vitiarunt unguine pultes.

Hac cinere ulterior metuas ?. at tu, meus heres. Quifquis eris, paulum à turba feductior audi. Obone num ignoras? missa eft à Cafare laurus Infignem ob cladem Germana pubis, & aris Frigidus excutitur cinis: acjam poftibus arma, Jam chlamydes regum, iam lutea gaufapa captis, Effedaque ingentefq; locat Cafonia Rhenos:

Diis igitur, genioq; ducis centum paria, ob res

Egregie geftas, induco, quis vetat?aude.
Va, nifi connives.Oleum, artocreafq; popello
Largior: an prohibes dic clare: Non adeo, in-

quis,

Exoffatus ager juxta eft. Age, fi mihi nulla
Jam reliqua ex amitis, patruelis nulla, proneptis
Nulla manet, patrui, fterilis matertera vixit,

Deque avia nihilum fupereft: accedo Bovillas,
Clivumque ad Virbi: prafto eft mihi Manius

heres.

Progenies terra. Quare ex me quis mihi quartus Sit pater: haud prompte, dicam tamen, adde e

tiam unum,

Unum etiam, terra est jam filius : & mihi ritu

Manius hic generis prope major avunculus extat›

Qui prior es, cur me in decurfu lampada pos

cas?

coûtume de leur donner, Il faut preparer leur manger avec un grand foin. Je vous admire de craindre ce que l'on dira de vous, quand vous ne ferés plus que cendre.

Pour vous, qui ferés mes heritiers, voicy ce que j'ay à vous dire. Retirons-nous un peu de la foule, pour parler ensemble. Mes chers amis? fçavés vous bien la grande nouvelle? Cefar a envoyé des Lettres au Senat, pour luy donner avis de la victoire qu'il a remportée, & de la deffaite des Allemans. On prepare tout pour en faire une réjoüissance publique. On ofte la cendre, qui eftoit reftée sur les Autels. On les apprefte, pour de nouveaux facrifices. Cæfonie loüe des Allemands, des Chars, des Cafaques, des Habits, des Fourrures, pour l'appareil du Triomphe. Pour moy, je pretens donner cent couples de Gladiateurs, à la gloire des Dieux, & de l'Empereur. Qui eft- ce qui s'y oppose? Voyons: Malheur à ceux, qui n'approuveroient pas mon dessein. De plus, ie donneray un Feftin à rout le peuple. Ne le voulés-vous pas ? Dites- le moy hardiment.

Nous ne vous difons pas cela.

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Que m'importe t il que vous difiés tout ce qu'il vous plaira J'ay une terre où il n'y a point de pierres. Quand ie n'aurois ni tantes, ni nieces, ni cousins, ni parents: je n'ay qu'à choifir des heritiers aux premiers Villages,

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