Obrázky na stránke
PDF
ePub

vrent toute la montagne. Si le Maistre ne veut point la vendre, quelque prix qu'il luy offre, il fait confommer pendant la nuit tout le bled, qui est encore en herbes, par • Par fes bœufs, & par fes chevaux, qui affamés depuis long-temps, devorent tout; de forte que l'on croiroit que la faux du moiffonneur y a paffé. On ne fçauroit croire combien il y en a, qui fe plaignent de cette injuftice, & qui font contraints de vendre leurs patrimoines. Que n'en dit on pas tous les jours? Y a t-il une reputation plus honteufe que celle-là? Je me moque de la trompete, de la renom. mée, dit un avare. J'ayme mieux une feüille de chou, que toutes les loüanges de mon voifinage. Que m'importe-t-il, qu'il me loüe, fi je ne receüillois précisément que le peu de bled, qui m'eft neceffaire pour vivre?

Quy: Vous avés raison. Vous vous mettrés à couvert des chagrins, des maladies, de la vicilleffe, de la mort; & les deftins vous accorderont une longue fuite d'heureuses annécs, fi vous poffedés autant de terres, que le peuple Romain en avoit fous le Regne de Tatius Roy des Sabins.

Autrefois ceux qui avoient vieilly dans les Armées, qui avoient combatu contre Carthage, qui avoient fûtenu les efforts de Pyrrhus, aprés avoir effuyé tant de perils, avoient pour toute récompenfe deux arpents

Et melior vicina feges. mercaris & hanc, &
Arbusta, & denfa montem qui canet oliva.
Quorum fi pretio dominus non vincitur ullo,
Note boves macri, laffoque famelica collo
Armenta ad virides hujus mittuntur ariftas.
Nec prius inde domum, quam tota navalia favos
In ventres abeant, ut credas falcibus ačtum.
Dicere vix poffis quam multi talia plorent,
Et quot venales injuria fecerit agros.

Sed qui fermones? que fœda buccina fama? Quid nocet hac inquit, tunicam mihi malo lupini;

Quam fi me toto landet vicinia раза
Exigui ruris pauciffima farra fecantem:
Scilicet & morbis, & debilitate carebis,

Et luctum, & curam effugies, & tempora vite
Longa tibi poft hac fato meliore dabuntur:
Si tantum culti folus poffederis agri,
Quantum fub Tatio populus Romanus arabat.
Mox etiam fractis atate ac Punica paffis
Pralia, vel Pyrrhum immanem, glad ofque Mo.

loffos,

Tandem pro multis vix jugera bina dabantur
Vulneribus. Merces ea fanguinis, atque laboris
Nullis vifa unquam meritis minor, aut ingrata
Curta fides patria. faturabat glebula talis
Patrem ipfum, turbamque cafa, qua fœtajace-
bat

Uxor, & infantes ludebant quatuor, unus
Vernula,tres domini: fed magnis fratribus horum
A fcrobe vel fulco redeuntibus, altera cœna
Amplior, &grandes fumabant pultibus olla.
Nunc modus hic agri noftro non fufficit horto.
Inde fere fcelerum caufe, nec plura venena
Miscuit, aut ferro graffatur fæpius ullum
Humana mentis vitium, quam feva cupido
Indomiti fenfus. nam dives qui fieri vult,
Et cito vult fieri. fed quæ reverentia legum?
Quis metus, aut pudor cft unquam properan

tis avari ?

Fivite contenti cafulis, & collibus iftis

O pueri! Marfus dicebat, & Hernicus olim,
Feftinufque fenex ? panem quaramus aratres,

de terre. Ils en estoient contents, & ils n'accufoient point d'ingratitude leur patrie. Ces deux, ou trois mottes de terre nourriffoient le pere, & toute la troupe de la cabane, où la mere eftoit groffe, où il y avoit quatre enfants, trois de fes fils, & un petit Efclave. Lorfque leurs freres plus agés qu'eux retournoient ou de la charruë, ou des vignes, on leur faifoit un autre fouper plus grand, & on mettoit des marmites fur le feu, pour leur faire de la boüillie. Auiourd'huy un feul jardin occupe une bien plus grande eftenduë de terre. De-là naiffent prefque tous les crimes. Non, il n'y a point dans le cœur des hommes un vice plus pernicieux, & qui ayt eu de plus funeftes effets, foit par le poison, fait par le fer, le fer, que le defir furieux d'un grand revenu. Car celuy, qui veut devenir riche, veut auffi le devenir promptement, & dans l'ardeur, qui le preffe, il n'y a point de loix qu'il ne méprife, il n'y a point de crainte qui le retienne, il n'y a point de crime, dont il ayt honte.

Mes enfans, difoit autrefois un Marfe, un Hernicien, un Veftin; gagnons, en cultivant la terre, autant de pain qu'il nous faut pour vivre. Nous en ferons loüés de nos Dieux, par le fecours defquels ayant receu l'agreable prefent du bled, nous avons eu du dégoût du gland, qui eftoit autrefois noftre nourriture. Pendant que nous n'aurons point de honte de

porter de gros fouliers dans l'hyver, & de nous couvrir de la fourrure des peaux de nos brebis, pour nous garentir du froid, nous ne penferons point à violer nos loix. Mais ces étoffes étrangeres, qui nous ont efté inconnuës jufques à prefent, introduiroient parmi nous le crime, fi nous ne nous contentions ce que nous avons.

pas

de

Voilà les leçons, que ces anciens donnoient à leurs enfans: mais prefentement un pere, qui ne fçait ce que c'est que le fommeil, vient éveiller fon fils, & le fait lever à minuit dans l'hiver mefme. Debout, crie-t-il, debout. Prens tes livres, écris, travaille. Il faut entreprendre quelque caufe; étudie bien les loix de nos Anciens. Où, fitu veux fuivre les Armes, dreffe une Requefte pour obtenir au plûtoft un employ. Que Lelius te croye un bon foldat, en voyant ta tefte mal peignée, tes narines pleines de poil, & tes grandes mou ftaches. Sois violent, cruel, inexorable. Renverfe les cabanes des Maures, les châteaux des Anglois, n'épargne perfonne, afin qu'en ta vieilleffe tu jouiffes des richeff:s, que l'aigle Romaine t'aura fait gagner. Si la guerre ne te plait pas, fi le fon des trompetes te fait peur, il faut eftre Marchand, & vendre la moitié plus, que tu n'auras achepté. N'ayés point de dégoût de la marchandise qu'il faut garder au de-là du Tybre, à caufe de l'odeur

« PredošláPokračovať »